Un défilé problématique
L'association Survie milite pour une refonte de la politique étrangère de la France en Afrique.
Le "Dossier noir" de l'armée française en Afrique
entretien de Dénètem Touam Bona avec Raphaël Granvaud
" Que fait l'armée française en Afrique ? (1) ", c'est le titre du dernier " Dossier noir " de l'association Survie paru aux éditions Agone. Un dossier on ne peut plus actuel en cette année de commémoration du cinquantenaire des indépendances africaines. Rencontre avec son auteur, Raphaël Granvaud, qui revient sur certaines questions abordées dans ce dossier.
La troisième partie de votre livre s'intitule "la réhabilitation du colonial", j'ai ressenti un vrai malaise à sa lecture. Je ne savais pas que l'armée française, du moins les forces
spéciales opérant en Afrique, étaient travaillées à ce point par la nostalgie du colonialisme. Je me demande s'il ne faut pas voir dans la forte implication militaire française en Afrique,
au-delà des enjeux économiques et géopolitiques, une manifestation de puissance. Comme si la France n'avait toujours pas digéré les indépendances africaines, comme si elle ne pouvait renoncer à
être une "plus grande France" (formule qui désignait l'empire français)…
Les hommes politiques le revendiquent très clairement, qu'il s'agisse de Mitterrand, de Chirac ou de Sarkozy, on retrouve toujours dans leurs discours l'idée que
"la France doit garder son rang dans le monde". On sent bien que c'est l'argument qui légitime le maintien de cette présence militaire en Afrique. Bien sûr cette présence offre de nombreux
avantages : elle conditionne, dans une large mesure, la possibilité d'entretenir des situations de monopole économique dans certains pays et de surveiller des ressources
stratégiques.
D'ailleurs certains régimes africains comme ceux du Tchad ou de la Centrafrique ne tiennent que par la force des armes, que par le soutien de l'armée française.
Depuis les indépendances, le prétexte majeur du maintien de la présence militaire française c'est de défendre les pays africains, avec lesquels on a passé des
accords militaires, contre des agressions extérieures. Dans les faits, il n'y a quasiment jamais eu d'agressions extérieures, l'armée française n'a servi qu'à gérer les problèmes internes à des
régimes confrontés à des rébellions armées ou à des mouvements populaires.
Le plus souvent, les armées des Etats africains postcoloniaux se comportent vis-à-vis de leurs propres populations comme des armées d'occupation. Leurs forces armées sont conçues
avant tout pour répondre au péril de l' "ennemi intérieur" et non à celui d'une agression extérieure. Vos analyses montrent clairement la responsabilité de la France dans cet état de
choses.
Absolument, ça faisait partie du kit théorique doctrinal qui a été inculqué aux officiers africains formés dans les écoles militaires françaises. Il faut rappeler
qu'au moment des indépendances, les armées africaines sont créées de toute pièce : elles constituent alors une sorte de prolongement de l'armée coloniale française. Les armées africaines sont des
filiales de l'armée française, elles sont structurées sur le même modèle, formées à partir de la même idéologie : la doctrine militaire de la "guerre révolutionnaire", de la "contre-insurrection"
qui veut que le rôle principal de l'armée soit le "contrôle de la population". Mais pour les armées africaines, il ne s'agit pas du contrôle d'une population étrangère comme dans le cas de
l'armée française en Algérie. La mission des militaires africains est de contrôler leurs propres populations, mais avec les mêmes méthodes que l'armée française a employées dans ses guerres
coloniales. C'est ce qui s'est passé au Cameroun, au moment de l'indépendance, dans la guerre sanglante menée contre les maquis de l'UPC (Union des Populations Camerounaises). Dans le cas du
Rwanda, le chercheur Gabriel Périès a retrouvé des mémoires d'officiers rwandais, formés en France dans les années 80-90, dans lesquels on retrouve cette obsession de lutter contre l'ennemi
intérieur, de mettre en œuvre des tactiques contre-insurrectionnelles. Menée à son terme, la logique du " contrôle de la population " conduit au génocide…
En dressant la généalogie de la guerre contre-insurrectionnelle, votre livre souligne les continuités et similitudes qui existent entre guerres coloniales d'Indochine et d'Algérie et
guerres postcoloniales du Cameroun (une guerre occultée) et du Rwanda.
Je n'ai fait que rapporter des travaux qui existent sur le sujet. Officiellement, depuis la fin de la guerre d'Algérie, ces théories contre-insurrectionnelles sont
remisées et des méthodes comme la torture ou la guerre psychologique proscrites. Dans les faits, il y a eu une première vague d'exportation des tactiques anti-subversives françaises à destination
des dictatures sud-américaines : des gens comme le général Aussaresse (connu pour ses révélations sur l'usage systématique de la torture en Algérie) ont pu ainsi continuer à transmettre leur
" savoir-faire "… Puis ce savoir-faire anti-insurrectionnel a été recyclé en Afrique francophone pour gérer les indépendances et la période post-indépendance. Moi, ce que j'ai essayé de
montrer, c'est que cette tradition de la "guerre révolutionnaire" se poursuit aujourd'hui, de façon plus subtile. Quand on lit les publications militaires contemporaines, on retrouve des
références à des gens comme Trinquier (théoricien principal de la "guerre contre-insurrectionnelle"), mais aussi des références aux techniques de conquête coloniale de Liautey ou de Gallieni
(guerres coloniales de "pacification" fin 19ème - début 20ème siècle) ; des stratèges qui reviennent au goût du jour quand il s'agit de penser des situations de conflit comme celles de
l'Afghanistan ou de la Côte d'ivoire.
Sur le plan des savoir-faire et des discours, l'armée française entretient donc un rapport intime avec son histoire coloniale. Y a-t-il une spécificité de l'armée française de ce
point de vue là ?
Les militaires français considèrent qu'il y a une tradition culturelle française plus forte que celle des anglo-saxons sur le plan du contact avec les populations.
L'armée française prétend détenir un vrai savoir-faire lui permettant de mieux se faire accepter en tant qu'armée d'occupation. C'est la question du "contrôle des populations". Pour les
militaires français, il ne faut pas faire comme les Américains qui arrivent, militairement par la force, et qui ensuite se barricadent. L'armée française se flatte d'être capable d'agir de
manière psychologique, en menant des opérations "civilo-militaires" pour faire accepter auprès des populations civiles la présence des militaires. Toujours avec cette idée, qui remonte à
l'Indochine, qu'on va pouvoir séparer dans la population le bon grain de l'ivraie, et couper les rébellions de leurs bases populaires.
L'armée française a-t-elle recours à des savoirs de type ethnologique dans son approche des populations des pays occupés ?
Quand on gratte un peu, on retombe toujours sur une espèce de prêt à penser, directement issu de la période coloniale. Les forces spéciales françaises sont sensées,
en plus d'un savoir-faire proprement militaire, posséder un savoir culturel, ethnologique qui les rendrait plus à même d'opérer dans certaines zones géographiques du monde, en particulier en
Afrique. Ces savoirs "culturalistes" reposent sur des conceptions complètement dépassées d'un point de vue universitaire. Quand on lit des interventions d'officiers dans des colloques, on trouve
des choses absolument ahurissantes comme : "la présence de l'armée française est nécessaire parce que les Africains ont du mal à se projeter dans l'avenir". Les mêmes clichés éculés qui
émaillaient le discours de Dakar de Sarkozy : ce vieux fond colonial qui prétend être une connaissance permettant une intervention sur des populations.
Revenons sur le cas du Cameroun, le premier pays africain, en 1960, à accéder à l'indépendance (le 1er janvier). Du milieu des années 50 au début des années 70, il s'est produit une
véritable guerre dans ce pays : des dizaines de milliers de morts, plus de 100 000 selon certaines sources. Cette guerre menée contre l'UPC par un régime à la solde de la France relève-t-elle,
elle aussi, de la guerre "anti-insurrectionnelle" ?
Le chercheur Gabriel Périès a montré récemment comment les dispositifs mis en place en Algérie ont été décalqués au Cameroun à la même époque (2). Le quadrillage
des territoires, la torture à grande échelle, la déportation des populations, la politique de la terre brûlée, tout ce qui se faisait en Algérie a été repris tel quel au Cameroun. Il faut
signaler sur le sujet l'excellent documentaire "Autopsie d'une indépendance" (3) dans lequel on peut entendre Mesmer déclarer à propos des bombardements des villages au napalm que "ce n'est pas
important". Ce sont des choses qui, ces dernières années, commencent à remonter à la surface.
Cela remet donc complètement en question le mythe d'une "décolonisation douce"…
La " décolonisation en douceur " reste la version officielle si l'on se réfère aux programmes scolaires en histoire au collège ou au lycée. Un des enjeux
de l'étude de la décolonisation c'est de montrer qu'il y a eu, d'un côté, une décolonisation violente, celle de l'Algérie et, de l'autre, une décolonisation qualifiée de pacifique, de "douce".
Les cas du Cameroun et de Madagascar suffisent à montrer que c'est un mythe complet : le mythe des indépendances en douceur préparées par Deferre et de Gaulle après la conférence de Brazzaville
en 46. Dans les faits, tout ce qui a été concédé par la France l'a été contre le gré de la métropole, souvent après des tentatives désespérées de reprise en main violentes. Cela s'est accompagné
d'un processus d'élimination des mouvements indépendantistes et de leurs leaders, mais aussi de la promotion d'hommes politiques à la dévotion des intérêts français. Dans l'après-guerre, il y a
eu une émergence de mouvements indépendantistes, autonomistes, progressistes, révolutionnaires, un vent d'espoir irrésistible : il y avait des idéologies variées qui mobilisaient les populations,
et ces mouvements ont été étouffés, brisés, parfois, comme dans le cas du Cameroun, complètement éradiqués. Il y a donc eu une longue période où les populations africaines ont été orphelines d'un
certain nombre de mouvements et de leaders. Ça commence à renaître maintenant avec les mouvements sociaux africains et les contre-sommets où la question de la domination néocoloniale est au
centre des préoccupations de la société civile ; qu'il s'agisse de la présence française ou de systèmes plus mondialisés comme la dette et les politiques imposées par le FMI et la Banque
Mondiale.
Revenons à l'armée française. Dans votre livre vous mentionnez un "détail" qui fait froid dans le dos : les troupes de marine sont toujours surnommées la
"Coloniale"…
Les questions de tradition et d'identité sont des questions extrêmement fortes, en particulier dans les forces spéciales, dans cette composante de l'armée française
issue de l'armée coloniale. Les troupes de marine sont extrêmement fières de leur passé colonial, elles en revendiquent l'esprit et les méthodes. Les prises d'armes comme les éditoriaux de leur
revue L'Ancre d'or continuent à se clôturer sur ces mots " Et, au nom de Dieu, vive la Coloniale ! "
Et j'imagine qu'on retrouve souvent ces troupes de marine dans les opérations françaises menées en terre africaine.
Elles composent en effet la majeure partie des forces spéciales auxquelles on fait appel lors des opérations sensibles : des opérations "coups de poing", des
opérations à forte teneur en renseignement. On les retrouve également dans les opérations européennes (EUFOR). Lors de la première d'entre elles, en République Démocratique du Congo, en 2003, la
France s'était flattée d'avoir inculqué un certain nombre de méthodes à des forces militaires européennes, en particulier aux forces spéciales suédoises. Depuis on se demande quelles méthodes
puisque parmi ces forces suédoises, certains militaires s'étaient plaints auprès de leur hiérarchie d'avoir eu à subir la vision d'actes de torture pratiqués par des militaires français sur des
congolais. Ca a fait beaucoup de bruit en Suède, beaucoup moins en France…
Est-ce qu'il y a un contrôle du Parlement français sur les opérations militaires menées en Afrique ?
Théoriquement, depuis la modification constitutionnelle opérée à l'été 2008, il y a un droit de regard du parlement sur les opérations extérieures, mais un droit
extrêmement limité. Les députés ont le droit d'être informé d'une opération extérieure dans les 3 jours après son déclenchement, ils restent donc mis devant le fait accompli. Le parlement ne
possède un pouvoir de contrôle que sur les opérations lourdes de plus de 4 mois (qui ne représentent qu'une petite partie des opérations militaires) dont il peut refuser le renouvellement. Il n'y
a aucun contrôle par contre sur les opérations secret-défense spéciales et les opérations clandestines de la DGSE.
Le Tchad et la République Centrafricaine (RCA) représentent certainement aujourd'hui l'exemple le plus caricatural de l'ingérence militaire française dans certaines régions d'Afrique.
Vous consacrez d'ailleurs une place importante dans votre livre à ces deux terrains d'intervention.
En 2006, en RCA, la France a monté une opération du même type que Kolwezi (sauvetage du régime de Mobutu grâce à l'intervention des parachutistes français) :
l'armée française a largué des parachutistes pour reconquérir Birao, dans l'ignorance totale de la population française mais aussi des parlementaires. Cette opération a sauvé le régime du
président centrafricain Bozizé. Ce type d'opération reste aujourd'hui tout à fait possible. Plus récemment, lors de la dernière offensive sérieuse des rebelles sur la capitale tchadienne, il y a
eu une intervention officielle de l'armée française sous prétexte de sécuriser ses ressortissants. Cette opération a permis de sécuriser l'aéroport d'où ont pu décoller les mercenaires d'Idriss
Deby… D'après le journal La Croix, la "sécurisation" de l'aéroport de N'Djamena s'est accompagnée aussi d'une intervention militaire des forces spéciales françaises qui ont pris
directement part aux combats contre les rebelles : une opération clandestine qui n'est toujours pas reconnue par les autorités françaises...
Dans son dernier rapport sur la Centrafrique, Human Rights Watch est très critique par rapport aux dernières interventions de l'armée française en RCA.
Dans le rapport qu'elle a publié en 2007, l'ONG a pointé un certain nombre de choses : elle a détaillé la politique de terre brûlée menée par l'armée centrafricaine
à l'égard des populations du Nord, des populations accusées de soutenir les mouvements rebelles. Là aussi, on retrouve les techniques coloniales françaises : il s'agit de terroriser les
populations afin de priver de leur soutien les mouvements rebelles. Les exactions les plus graves ont été commises dans le sillage direct des interventions militaires françaises. Après la reprise
de Birao par l'armée française, cette ville a été ravagée par les forces centrafricaines. A l'époque, dans les journaux, les militaires français ont fait peser la responsabilité des destructions
sur les rebelles. On sait depuis qu'il s'agissait d'une tentative de dissimulation qui relève de la complicité de crime de guerre. Il y a également dans le rapport de HRW des photos qui
interrogent : on voit des officiers français à proximité directe de l'OCRB (Office Central de Répression du Banditisme), une sorte de milice qui se livre à des exécutions sommaires.
Vu la nature de ses interventions en Afrique, la France est-elle vraiment en mesure de commémorer le cinquantenaire des "indépendances" africaines ?
On sent qu'il y a un gros malaise au niveau de la commémoration de ce cinquantenaire. Ce malaise n'est pas étranger au fait que toutes les interventions orales de
Nicolas Sarkozy sur la question de l'Afrique affirment une volonté de rupture avec les pratiques de ses prédécesseurs. Mais en dehors des discours, de rupture on n'en voit pas : c'est toujours le
règne des pressions diverses, des émissaires occultes, des accords secrets, des opérations clandestines. On va avoir en guise de célébration des choses assez caricaturales : un défilé du 14
juillet où, sous couvert de rendre hommage aux tirailleurs africains, on va inviter des armées comme celles du Cameroun ou du Congo connues pour leurs exactions envers les populations. La
véritable décolonisation et la célébration de cette décolonisation restent à faire...
1. Que fait l'armée française en Afrique ? Editions Agone, oct. 2009.
2. cf. Une guerre noire, enquête sur les origines du génocide rwandais (1959-1994), Gabriel Périès et David Servenay, Editions La Découverte, 2007.
3. Cameroun, Autopsie d'une indépendance, réalisation Gaëlle Le Roy et Valérie Osouf, durée 52', production : France 5 / Program
33, 2007.
Quelques références :
En Centrafrique, stratégie française et enjeux régionaux
http://www.monde-diplomatique.fr/2008/02/MUNIE/15569
État d'anarchie (rapport Human Rights Watch sur la RCA)
Rébellions et exactions contre la population civile
http://www.hrw.org/fr/reports/2007/09/13/tat-d-anarchie
Cameroun : retour sur une décolonisation sanglante
http://www.afriscope.fr/spip.php?article182
Où est le "centre" de l'Afrique ?
http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=7250
Marchés militaires et économie de la prédation, des pays du lac Tchad et du Soudan occidental au Golfe de Guinée. http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=4394
Cinquante ans de décolonisation africaine
http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=9139
Mardi 27 avril 2010
Radio France internationale : En temps qu’historien quel bilan faites vous de ce demi siècle d’indépendance au Togo ?
Coumi Toulabor : En fait c’est 30 ans de dictature et 20 ans de recherche d’une démocratisation que les Togolais n’arrivent pas à trouver vraiment, et il y a un terme qu’on
utilise souvent c’est «démocrature». Je pense que dans le cadre togolais, le terme convient parfaitement : c'est-à-dire une apparence de démocratie mais le régime fonctionne, en lui-même,
comme un régime autoritaire.
Même si Eyadema est décédé depuis février 2005, son fils a pris la succession. D’ailleurs, c’est très très significatif aussi que son fils prenne la succession. Mais son fils, malgré tout ce
qu’on dit - à savoir qu’il fait des réformes au niveau de la justice, de l’armée etc...- le commun des mortels ne voit absolument pas les résultats de ces réformes. Sur le plan économique ce
n’est pas glorieux non plus. Et là, le Togo se situe vraiment parmi les derniers de la classe, des pays africains.
RFI : Le fait marquant des premières années d’indépendance, c’est en 1963, l’assassinat du président Sylvanus Olympio par un commando où figurait le sergent Eyadema, pourquoi cet
assassinat ?
C.T. : Ecoutez, on lui reprochait une dérive déjà dictatoriale parce qu’il aurait mis en prison ses propres alliés…
RFI : Sylvanus Olympio avait bâillonné son opposition, c’est ça ?
C.T. : Il avait bâillonné son opposition. Déjà en 1961, on assistait à une dérive vers un monopartisme et puis bon, il était farouchement anti-français. Pour lui,
l’indépendance signifiait donner un contenu vraiment réel à cette indépendance en créant sa propre monnaie et donc tout ceci ne plaisait pas vraiment à l’ancienne puissance coloniale. Si bien que
derrière ce coup d’État, cet assassinat, on savait qu’il y avait la main de Jacques Foccart à l’époque, avec qui Olympio avait eu pas mal de conflits..
RFI : L'année 2005, c’est l’année de la mort de Gnassingbé Eyadema, puis l’élection très contestée de son fils Faure Gnassingbé. Suit une répression sanglante, 500 morts selon l’ONU.
Est ce qu’il n’y a pas eu tout de même depuis 2005, une ouverture démocratique ?
C.T. : Oui, on peut parler d’une certaine ouverture parce que Faure [Gnassingbé] n’est pas le père, en ce sens que Faure ne maîtrise pas tout le dispositif sécuritaire et
policier de son père, si bien que, il était obligé d’ouvrir un peu le système. Mais devant cette apparente ouverture, c’est une sorte de « débroussage » de certains leaders de
l’opposition. Le prochain « débroussage» auquel on assistera, c’est peut-être celui de Gilchrist Olympio qui s’apprêterait à rentrer au gouvernement de Faure. Mais
c’est surtout une ouverture sous la pression des bailleurs de fonds, à savoir la réforme de la justice. Quand on analyse un peu ces réformes-là, ce sont des réformes superficielles qui ne
résolvent absolument pas les problèmes fondamentaux que pose le système Eyadema.
RFI : Est-ce que le régime n’a tout de même pas accepté la création d’une commission Vérité justice et réconciliation qui doit faire la lumière sur tous les crimes commis au Togo depuis
1958 ?
C.T. : En fait, les Togolais demandent des éclaircissements sur les massacres de 2005. Au-delà de cela, ce que moi je pense c’est que cette commission a été mise en place, difficilement d’ailleurs, mais jusqu’à présent.... elle n’a pas commencé à faire son travail. C’est pour satisfaire les injonctions de la communauté internationale que Faure [Gnassingbé] a mis cette commission sur pied, mais faire fonctionner cette commission c’est comme scier l’arbre sur lequel il est assis lui-même et ça c'est politiquement improductif.
RFI : Vous dites que du temps de Gnassingbé Eyadema, le régime était soutenu par la France, les choses n’ont-elles pas évolué, surtout depuis le départ de Jacques Chirac de l’Elysée
?
C.T. : Oui, tout à fait ! Les choses ont beaucoup évolué à ce niveau parce que Jacques Chirac était vraiment un soutien indécrottable du régime Eyadema. L'arrivée de [Nicolas] Sarkozy donne l’impression que les choses vont évoluer mais malheureusement, on se rend compte que M. Sarkozy fonctionne un peu comme Jacques Chirac. On a du mal à voir où se trouve la rupture d’autant qu'il vient de reconnaître les élections en 2010. On sait que ces élections n’ont pas été vraiment transparentes mais il les reconnaît parce qu'il est dans la continuité.
RFI : De fait, il a reconnu cette élection mais le message n’est pas particulièrement chaleureux puisque Nicolas Sarkozy souligne l’ampleur des efforts qu’il reste à accomplir en faveur
de l’enracinement de la démocratie dans toutes ses dimensions. N’est-ce pas, tout de même, le signe que Paris prend ses distances avec Lomé ?
C.T. : Oui, tout à fait, tout à fait. Mais vous savez ... c’est un langage diplomatique : on peut prendre ça dans tous les sens. Ce qu’on aurait souhaité, c’est
que Sarkozy frappe du poing sur la table et dise : Écoutez ça suffit ! Maintenant, la France ne va pas continuer à soutenir un régime autoritaire comme celui de Faure ou même
d’autres régimes comme le Tchad, la Centrafique, le Cameroun etc, etc. C’est cela qu’on aurait aimé entendre de Sarkozy !
_______________
Coumi Toulabor a écrit de nombreux articles et ouvrages sur le Togo et le Ghana, dont La politique par le bas en Afrique noire : contribution à une problématique de la démocratie, Paris,
Karthala, 2008.
Lundi 19 avril 11h:
Sur la radio "Campus fm Toulouse" (94Mhz)
"1994, Le génocide au Rwanda et la France"
Le 6 avril 1994 l'avion du président Habyarimana est abattu! Le génocide des Tutsi commence.100 jours! 1 million de morts!
Des documents d'archives (Jean Carbonare à A2, JFX Verschave, Alison Desforges, La Radio des Mille Collines,.....) et des extraits d'interviews de Vincent Munié et Géraud de La Pradelle par Survie pour mettre en évidence la propagande ethniste des gouvernants et l'évidente part de responsabilité de la France.
Samedi 17 Avril, à 13H00, Campus FM (94FM)
Radio Françafrique n°23
Spécial Afrique 2010,
50 ans d'indépendance volée?
Drapeaux africains
2010 : Libérons-nous de 50 ans de Françafrique!
Ce mois ci, l'émission françafrique n° 23, l’émission radio de l’association SURVIE sur la Françafrique, cette relation particulière de la France avec ses anciennes colonies, revient sur sur le cinquantenaire des indépendances africaines et principalement sur la mise en place du système françafricain à l'aube des années 1960... avec Fausto Giudice, Journaliste écrivain, et Boubacar Sagna, historien.
Pour écouter l'émission en ligne: http://www.afriradio.net/auteur51.html
Le jeudi 25 février dernier le président Nicolas Sarkozy s’est rendu au Rwanda. C’était la première visite
d’un chef de l’Etat français depuis 1994, date du génocide des Tutsis et du massacre des Hutus qui s’y opposèrent.
À l’occasion de cette visite le Président de la République a évoqué de « graves erreurs d’appréciations », des « erreurs politiques » et une certaine « forme d’aveuglement » en parlant de la
politique de la France au Rwanda entre 1990 et 1994.
Depuis 1994, ces « erreurs » ont commencé à être décrites et analysées par la Mission d’Information
Parlementaire Française de 1998 et précisées par des organisations internationales, des chercheurs, des historiens, des associations de droits de l’homme… Ces travaux font apparaître que les
responsabilités françaises vont au-delà de simples erreurs. Il est indispensable de les préciser et d'en comprendre les causes.
Que s’est-il réellement passé ? De quelle nature juridique ces faits doivent-ils être qualifiés ? S'agit-il de fautes ? Y a-t-il eu des crimes ? Comment les autorités politiques et militaires
françaises ont-elles pu soutenir, par des conseils militaires, la fourniture d'armes, et l'engagement direct de troupes, un régime qui avait fait du racisme anti-tutsi un point central de son
identité et de son action ? Comment ces mêmes autorités, très bien informées par les coopérants militaires restés sur place après le 6 avril 1994 du démarrage du génocide, ont-elles pu appuyer au
sein du Conseil de sécurité la diminution des effectifs militaires des Nations Unies et s'opposer à l'utilisation du mot génocide pendant des semaines ? Comment ont-elles pu continuer à organiser
la fourniture d'armes au gouvernement génocidaire ?
Il est essentiel d’apporter des réponses claires à ces questions et de préciser la responsabilité de ces
autorités, pour les victimes du génocide, et pour nous tous, qui ne voulons pas qu’une telle tragédie se reproduise. Ce travail de compréhension doit nous conduire à revoir le fonctionnement de
nos institutions politiques : l’enjeu est de développer le contrôle de la politique étrangère par nos députés ainsi que le droit de regard et d'interpellation des citoyens, en vue d'obtenir une
nouvelle orientation de la politique de la France en Afrique fondée sur le respect de la dignité de tout homme.
Au cours de ce printemps où vont se succéder la 16ème commémoration du génocide le 7 avril, puis le sommet réunissant les chefs d'Etats africains et français à Nice du 30 mai au 1er juin, il est
essentiel pour notre pays de faire un nouveau pas en avant dans la compréhension du rôle qu’a joué la France au Rwanda à cette époque.
Pour cela :
- Nous demandons à tous les partis politiques de notre pays de prendre une position publique sur la nécessité de faire ce travail historique et de s'engager en faveur d’une
recherche de vérité et de justice.
- Nous demandons aux députés et au gouvernement de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour faire la lumière sur le rôle joué par la France avant, pendant et après le génocide.
Comme première étape nous demandons l'ouverture des archives et la levée du secret défense sur tout ce qui se rapporte à l’action de la France au Rwanda depuis 1975.
- Nous demandons aux autorités politiques et judiciaires de notre pays de tout mettre en oeuvre afin que les procédures judiciaires concernant des présumés auteurs ou
complices de génocide soient conduites rapidement.
-------------
Vous pouvez trouver plus d'informations sur l'origine de cette démarche sur :
http://appel-citoyen-france-rwanda.over-blog.org/
Pour signer l'appel en ligne cliquez-ici
Mercredi 7 avril 2010 à 17h30
Premier film de fiction du documentariste Jean-Christophe Klotz, Lignes de front (qui sort mercredi prochain) revient sur le génocide rwandais du printemps 1994. Faisant écho à son propre reportage Rwanda : la vie en sursis, diffusé sur France 2 en mai 1994, et à son documentaire Kigali, des images contre un massacre (2006), le réalisateur suit les pas d'Antoine Rives (Jalil Lespert), journaliste français qui part au Rwanda pour filmer Clément (Cyril Gueï, vu l'an passé dans L'Autre), étudiant rwandais d'origine hutue, dont la fiancée tutsie a disparu. Pour Antoine, c'est le début d'une traversée de l'horreur...
Basé sur l'expérience traumatisante de Jean-Christophe Klotz, Lignes de front traite de l'impuissance du témoin face au génocide et de l'incapacité des médias à susciter une indignation capable d'entraîner une action politique. Le sujet est ambitieux et le film décrit bien l'atmosphère de chaos et d'abomination qui ont caractérisé ce massacre de masse. Evitant la surenchère, la mise en scène rend habilement compte de la proximité spatiale et temporelle du génocide rwandais.
Pourtant, l'approche cinématographique manque de force et d'acuité. Lignes de front se contente ainsi de dérouler sagement des situations prévisibles, à
l'image de l'évolution du personnage d'Antoine, passant au fil du récit de la naïveté la plus absolue à l'indignation la plus farouche.
De même, la responsabilité écrasante de la France dans le génocide est évoquée, mais l'analyse reste parcellaire, le film restant rivé au point de vue d'Antoine.
Au final, Lignes de front a le mérite de revenir sans emphase sur une des pages les plus tragiques de l'Histoire récente, affirmant coûte que coûte sa croyance dans les pouvoirs de l'image.
- Bande-annonce :
Le cinéma ABC est situé au 13 rue St Bernard/31000 TOULOUSE
Communiqué de Survie, le 7 avril 2010
16 ans de refus par l’Etat français de reconnaître le rôle du pouvoir politique et militaire français dans le génocide des Tutsi
16 ans après le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994, et un peu plus de 11 ans après la Mission d’information parlementaire de 1998[1], l’essentiel de ce que l’on sait aujourd’hui du soutien que des dirigeants politiques et militaires français de l’époque ont apporté aux génocidaires – avant, pendant, puis après le génocide – l’est grâce au travail de quelques chercheurs, associations et citoyens. L’Etat français, quant à lui, utilise le déni et le secret défense, et espère avec le temps enterrer la vérité et la justice. Comme pour le rôle du régime de Vichy dans la déportation des Juifs, nié pendant 50 ans. Comme pour le rôle de l’Etat français et de hauts gradés dans l’institutionnalisation de la torture en Algérie.
Il est clair aujourd’hui que la France a soutenu politiquement et diplomatiquement les génocidaires, qu’elle leur a fourni armes et entraînement militaire, qu’elle les a laissé se financer, qu’elle les a aidé à échapper la justice (cf. annexe). Aucun présumé génocidaire présent sur le sol français n’a encore été jugé.
16 ans après, il reste de nombreuses zones d’ombre afin de comprendre comment un tel soutien a pu avoir lieu. Aucun homme politique français n’a eu à rendre de comptes. Aucune conséquence n’a été tirée quand au fonctionnement de nos institutions, alors même qu’il a permis au pouvoir de soutenir ceux qui commettaient un génocide. Quand au récent rapprochement entre la France et le Rwanda, il s’apparente à un donnant-donnant indigne : une amnésie voulue et une auto-amnistie réciproque concernant d’une part les crimes commis par le Front patriotique rwandais (FPR au pouvoir) au Rwanda et en République démocratique du Congo (RDC), et d’autre part le rôle de la France pendant le génocide.
Pour rappel, d’un point de vue juridique, « [u]n accusé est complice de génocide s’il a sciemment et volontairement aidé ou assisté ou provoqué une ou d’autres personnes à commettre le génocide, sachant que cette ou ces personnes commettaient le génocide, même si l’accusé n’avait pas lui-même l’intention spécifique de détruire en tout ou en partie le groupe national, ethnique, racial ou religieux, visé comme tel »[2].
L’association Survie rappelle qu’une instruction est en cours au Tribunal aux armées de Paris (TAP), suite à une plainte contre X pour des faits qu’auraient commis des militaires français contre des Rwandais : personnes jetées intentionnellement depuis des hélicoptères, viols, maltraitances, génocidaires non désarmés qui continuaient leur œuvre. Or le gouvernement a refusé de lever le secret défense sur une partie des documents dont la déclassification a été demandée par l’instruction. Que contiennent-ils de si compromettant ? En quoi la défense nationale serait-elle en danger du fait du contenu de documents vieux de 16 ans ?
Par ailleurs, de nouveaux éléments viennent d’apparaître, notamment suite au travail du journaliste Jean-François Dupaquier dans la revue XXI ou celui de Serge Farnel, repris dans le Wall Street Journal : selon de nombreux témoignages concordants, des militaires français auraient été présents mi-mai 1994, soit un mois avant l’opération Turquoise, et auraient aidé à débusquer les Tutsi qui se cachaient.
L’association Survie demande à l’exécutif et aux parlementaires français :
-la levée du secret défense concernant tous les éléments liés à l’action de la France au Rwanda et vis-à-vis des génocidaires, plus généralement,
-l’ouverture au public de l’ensemble des archives,
-la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire.
De nombreux présumés génocidaires continuent de vivre sur le sol français. De nombreuses instructions sont en cours, la première plainte remontant à 1995, sans qu’aucun de ces présumés génocidaires n’ait encore été jugé. Aussi, l’association Survie demande à l’exécutif et aux parlementaires français :
- de permettre aux instances judiciaires de faire avancer le plus rapidement possible le dossier des présumés génocidaires,
- faire en sorte que ce soit l’Etat français qui s’investisse enfin dans la recherche de présumés génocidaires, alors que pour le moment tout ce travail n’est réalisé que par des associations,
- de répondre aux sollicitations de l’ONU pour l’identification des soutiens aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR)[3] et d’empêcher que cette organisation puisse communiquer ou œuvrer depuis la France
Survie demande enfin que le pouvoir politique français tire les leçons de ce qui s'est passé et réalise les changements qui s'imposent dans le fonctionnement de nos institutions. Le rapport des députés (qui date de 1998) et leurs principales recommandations ne sont toujours pas mises en application, notamment la plus importante : l’instauration d’un véritable contrôle parlementaire sur la politique étrangère de la France, tout particulièrement sur le plan militaire. Le refuser reviendrait pour le président de la République, le gouvernement et les députés à considérer que les « graves erreurs d’appréciations » et les « erreurs politiques » commises – pour n'en rester qu'à ce qui a été reconnu officiellement par Nicolas Sarkozy à Kigali en février dernier – n'ont finalement pas d'importance... Il y a un devoir de changer le fonctionnement des institutions.
Lire aussi l’article de Survie paru dans Politis le 11 février 2010
Signer l’Appel Citoyen France-Rwanda : Faire toute la lumière sur les "erreurs"
[1] Cette Mission avait commencé à soulever le voile sur le rôle de la France pendant le génocide mais n’a pas pu faire le travail qu’aurait pu réaliser une Commission d’enquête parlementaire qui dispose de plus de pouvoir d’investigation.
[2] Définition du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), qui s’applique en droit français en vertu de la loi d’adaptation de mai 1996 qui donne compétence aux tribunaux français pour appliquer les statuts du TPIR.
[3] Forces extrémistes hutu regroupant de nombreux génocidaires et présentes dans l’est de la RDC.
--
Stéphanie Dubois de Prisque
Chargée de communication
stephanie.duboisdeprisque@survie.org
Vendredi 2 Avril 2010, revue de presse:
Cinquantenaire des indépendances africaines
L’empire contre-attaque
(Nouvel observateur)
Le 1er avril a marqué le début des commémorations du "cinquantenaire des indépendances africaines", organisé par Jacques Toubon à l'initiative de Nicolas Sarkozy. Problème : aucun Africain n'était présent à la tribune. Le récit de Christophe Boltanski.
Cherchez l’erreur. "Cinquantenaire des indépendances africaines", proclame le logo. Sur l’écran, s’étale une carte du continent noir constellée de petits points jaunes : une étoile pour chacune des quatorze anciennes colonies de la France. Assis aux côtés d’un collaborateur, d’un conseiller de l’Elysée et d’un diplomate du quai d’Orsay, l’ex-garde des Sceaux, Jacques Toubon, vient annoncer solennellement, en ce 1er avril, le début des "commémorations" marquant la fin de l’"empire" français au sud du Sahara. A son invitation, quelques ambassadeurs des pays concernés sont bien présents dans la salle. Mais à la tribune, point d’Africains. Aucune figure de la société civile ou de représentants officiels. Pourquoi faire ? "Je parle moi, en tant que secrétaire général du Cinquantenaire du point de vue qui est celui de notre gouvernement", se défend Jacques Toubon. Une absence qui traduit toute l’ambiguïté de cette initiative voulue par le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, mais diversement appréciée par les parties intéressés. "S’agit-il d’une réconciliation entre l’ancienne puissance coloniale et ses ex-pays colonisés ou l’occasion de célébrer l’empire colonial perdu ?", finira par demander un journaliste africain.
Des oubliés ?
Pendant les deux heures de sa conférence tenue, au centre d’accueil de la presse étrangère (CAPE), à Paris, Jacques Toubon parle longuement de "l’hommage aux soldats qui combattaient dans les
rangs de la France (…) appelés abusivement 'tirailleurs sénégalais'", de Savorgnan de Brazza et de son "exploration du (fleuve) Congo" qualifié d"événement considérable dans l’Histoire de
l’humanité", du "manifeste de la France libre" proclamé à Brazzaville ou encore de la remontée triomphale de la "colonne Leclerc". Tous ça fleure bon l’exposition coloniale. Des Africains, ceux
qui ne servaient pas "l’Empire", ceux qui peuplaient les rives du Congo, avant l’arrivée des "explorateurs", ceux qui n’ont jamais entendu parler de Savorgnan de Brazza et encore moins du
"général Leclerc", il n’en est guère question.
Un lapsus embarrassant
Aux journalistes qui l’interrogent sur la "Françafrique", le "bilan mitigé" des accessions à l’indépendance ou les "griefs" des ex-colonisés envers la métropole, Jacques Toubon s’abrite derrière
les travaux à venir des historiens. "C’est justement l’objectif de ce cinquantenaire, dit-il, qu’on n’ignore plus l’Afrique et son histoire". Et puis, il y a ce formidable lapsus. Evoquant la
coopération militaire entre la France et ses anciennes possessions, Jacques Toubon cite les nombreux "accords de défiance, euh, de défense qui viennent déjà d’être profondément modifiés". Encore,
sans doute, un passé qui passe mal.
Christophe Boltanski
Source:http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20100401.OBS1763/l-empire-contre-attaque.html
Elikia M’ Bokolo, historien, écrivain et journaliste congolais : « Si les Voltaïques ne s’étaient pas battus, il n’y aurait pas de Burkina Faso aujourd’hui »