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Survie Midi Pyrénées
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Radio Françafrique n° 23 : Afrique 2010, 50 ans d'indépendance volée? Campus FM 94FM Toulouse Samedi 17 Avril 2010 13h

8 Avril 2010 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Documents audios et vidéos

Samedi  17 Avril, à 13H00,  Campus FM (94FM)


Radio Françafrique n°23

Spécial  Afrique 2010,

50 ans d'indépendance volée?

Drapeaux africains


2010 : Libérons-nous de 50 ans de Françafrique!

Ce mois ci, l'émission françafrique n° 23, l’émission radio de l’association SURVIE sur la Françafrique, cette relation particulière de la France avec ses anciennes colonies, revient sur sur le  cinquantenaire des indépendances africaines et principalement sur la mise en place du système françafricain à l'aube des années 1960... avec Fausto Giudice, Journaliste écrivain, et Boubacar Sagna, historien.

 


Site de  Campus FM

Pour écouter l'émission en ligne: http://www.afriradio.net/auteur51.html 

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Appel Citoyen France-Rwanda : Faire toute la lumière sur les "erreurs"

8 Avril 2010 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

Appel Citoyen
France-Rwanda :
Faire toute la lumière sur les "erreurs"
 



Le jeudi 25 février dernier le président Nicolas Sarkozy s’est rendu au Rwanda. C’était la première visite d’un chef de l’Etat français depuis 1994, date du génocide des Tutsis et du massacre des Hutus qui s’y opposèrent.

À l’occasion de cette visite le Président de la République a évoqué de « graves erreurs d’appréciations », des « erreurs politiques » et une certaine « forme d’aveuglement » en parlant de la politique de la France au Rwanda entre 1990 et 1994.

Depuis 1994, ces « erreurs » ont commencé à être décrites et analysées par la Mission d’Information Parlementaire Française de 1998 et précisées par des organisations internationales, des chercheurs, des historiens, des associations de droits de l’homme… Ces travaux font apparaître que les responsabilités françaises vont au-delà de simples erreurs. Il est indispensable de les préciser et d'en comprendre les causes.

Que s’est-il réellement passé ? De quelle nature juridique ces faits doivent-ils être qualifiés ? S'agit-il de fautes ? Y a-t-il eu des crimes ? Comment les autorités politiques et militaires françaises ont-elles pu soutenir, par des conseils militaires, la fourniture d'armes, et l'engagement direct de troupes, un régime qui avait fait du racisme anti-tutsi un point central de son identité et de son action ? Comment ces mêmes autorités, très bien informées par les coopérants militaires restés sur place après le 6 avril 1994 du démarrage du génocide, ont-elles pu appuyer au sein du Conseil de sécurité la diminution des effectifs militaires des Nations Unies et s'opposer à l'utilisation du mot génocide pendant des semaines ? Comment ont-elles pu continuer à organiser la fourniture d'armes au gouvernement génocidaire ?

Il est essentiel d’apporter des réponses claires à ces questions et de préciser la responsabilité de ces autorités, pour les victimes du génocide, et pour nous tous, qui ne voulons pas qu’une telle tragédie se reproduise. Ce travail de compréhension doit nous conduire à revoir le fonctionnement de nos institutions politiques : l’enjeu est de développer le contrôle de la politique étrangère par nos députés ainsi que le droit de regard et d'interpellation des citoyens, en vue d'obtenir une nouvelle orientation de la politique de la France en Afrique fondée sur le respect de la dignité de tout homme.

Au cours de ce printemps où vont se succéder la 16ème commémoration du génocide le 7 avril, puis le sommet réunissant les chefs d'Etats africains et français à Nice du 30 mai au 1er juin, il est essentiel pour notre pays de faire un nouveau pas en avant dans la compréhension du rôle qu’a joué la France au Rwanda à cette époque.

Pour cela :

- Nous demandons à tous les partis politiques de notre pays de prendre une position publique sur la nécessité de faire ce travail historique et de s'engager en faveur d’une recherche de vérité et de justice.

- Nous demandons aux députés et au gouvernement de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour faire la lumière sur le rôle joué par la France avant, pendant et après le génocide. Comme première étape nous demandons l'ouverture des archives et la levée du secret défense sur tout ce qui se rapporte à l’action de la France au Rwanda depuis 1975.

- Nous demandons aux autorités politiques et judiciaires de notre pays de tout mettre en oeuvre afin que les procédures judiciaires concernant des présumés auteurs ou complices de génocide soient conduites rapidement.

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Vous pouvez trouver plus d'informations sur l'origine de cette démarche sur :
http://appel-citoyen-france-rwanda.over-blog.org/

Pour signer l'appel en ligne cliquez-ici

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16ème commémoration du Génocide des Tutsi du Rwanda à Toulouse.

6 Avril 2010 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Manifestations, commemorations

Mercredi 7 avril 2010 à 17h30

16ème commémoration du Génocide des Tutsi du Rwanda


 Rassemblement Place du Capitole
pour marquer cette date correspondant au début des massacres.

Commémoration 2009

Jeudi 8 avril 2010 à 20h30

Soirée Cinéma autour du Film "Lignes de front"
de Jean Christophe KLOTZ. 
En présence du réalisateur .


Premier film de fiction du documentariste Jean-Christophe Klotz, Lignes de front (qui sort mercredi prochain) revient sur le génocide rwandais du printemps 1994. Faisant écho à son propre reportage Rwanda : la vie en sursis, diffusé sur France 2 en mai 1994, et à son documentaire Kigali, des images contre un massacre (2006), le réalisateur suit les pas d'Antoine Rives (Jalil Lespert), journaliste français qui part au Rwanda pour filmer Clément (Cyril Gueï, vu l'an passé dans L'Autre), étudiant rwandais d'origine hutue, dont la fiancée tutsie a disparu. Pour Antoine, c'est le début d'une traversée de l'horreur...


Basé sur l'expérience traumatisante de Jean-Christophe Klotz, Lignes de front traite de l'impuissance du témoin face au génocide et de l'incapacité des médias à susciter une indignation capable d'entraîner une action politique. Le sujet est ambitieux et le film décrit bien l'atmosphère de chaos et d'abomination qui ont caractérisé ce massacre de masse. Evitant la surenchère, la mise en scène rend habilement compte de la proximité spatiale et temporelle du génocide rwandais.


Pourtant, l'approche cinématographique manque de force et d'acuité. Lignes de front se contente ainsi de dérouler sagement des situations prévisibles, à l'image de l'évolution du personnage d'Antoine, passant au fil du récit de la naïveté la plus absolue à l'indignation la plus farouche.
De même, la responsabilité écrasante de la France dans le génocide est évoquée, mais l'analyse reste parcellaire, le film restant rivé au point de vue d'Antoine.


Au final, Lignes de front a le mérite de revenir sans emphase sur une des pages les plus tragiques de l'Histoire récente, affirmant coûte que coûte sa croyance dans les pouvoirs de l'image.

- Bande-annonce :



Cette soirée est organisée en collaboration entre l'association des jeunes rwandais rescapés, le Mémoral de la Shoah et le cinéma ABC.


Le cinéma ABC est situé au 13 rue St Bernard/31000 TOULOUSE

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Communiqué : 16 ans de refus par l’Etat français de reconnaître le rôle du pouvoir politique et militaire français dans le génocide des Tutsi

6 Avril 2010 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

Communiqué de Survie, le 7 avril 2010


16 ans de refus par l’Etat français de reconnaître le rôle du pouvoir politique et militaire français dans le génocide des Tutsi

 

 

16 ans après le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994, et un peu plus de 11 ans après la Mission d’information parlementaire de 1998[1], l’essentiel de ce que l’on sait aujourd’hui du soutien que des dirigeants politiques et militaires français de l’époque ont apporté aux génocidaires – avant, pendant, puis après le génocide – l’est grâce au travail de quelques chercheurs, associations et citoyens. L’Etat français, quant à lui, utilise le déni et le secret défense, et espère avec le temps enterrer la vérité et la justice. Comme pour le rôle du régime de Vichy dans la déportation des Juifs, nié pendant 50 ans. Comme pour le rôle de l’Etat français et de hauts gradés dans l’institutionnalisation de la torture en Algérie.


Il est clair aujourd’hui que la France a soutenu politiquement et diplomatiquement les génocidaires, qu’elle leur a fourni armes et entraînement militaire, qu’elle les a laissé se financer, qu’elle les a aidé à échapper la justice (cf. annexe). Aucun présumé génocidaire présent sur le sol français n’a encore été jugé.


16 ans après, il reste de nombreuses zones d’ombre afin de comprendre comment un tel soutien a pu avoir lieu. Aucun homme politique français n’a eu à rendre de comptes. Aucune conséquence n’a été tirée quand au fonctionnement de nos institutions, alors même qu’il a permis au pouvoir de soutenir ceux qui commettaient un génocide. Quand au récent rapprochement entre la France et le Rwanda, il s’apparente à un donnant-donnant indigne : une amnésie voulue et une auto-amnistie réciproque concernant d’une part les crimes commis par le Front patriotique rwandais (FPR au pouvoir) au Rwanda et en République démocratique du Congo (RDC), et d’autre part le rôle de la France pendant le génocide.


Pour rappel, d’un point de vue juridique, «  [u]n accusé est complice de génocide s’il a sciemment et volontairement aidé ou assisté ou provoqué une ou d’autres personnes à commettre le génocide, sachant que cette ou ces personnes commettaient le génocide, même si l’accusé n’avait pas lui-même l’intention spécifique de détruire en tout ou en partie le groupe national, ethnique, racial ou religieux, visé comme tel »[2].


L’association Survie rappelle qu’une instruction est en cours au Tribunal aux armées de Paris (TAP), suite à une plainte contre X pour des faits qu’auraient commis des militaires français contre des Rwandais : personnes jetées intentionnellement depuis des hélicoptères, viols, maltraitances, génocidaires non désarmés qui continuaient leur œuvre. Or le gouvernement a refusé de lever le secret défense sur une partie des documents dont la déclassification a été demandée par l’instruction. Que contiennent-ils de si compromettant ? En quoi la défense nationale serait-elle en danger du fait du contenu de documents vieux de 16 ans ?


Par ailleurs, de nouveaux éléments viennent d’apparaître, notamment suite au travail du journaliste Jean-François Dupaquier dans la revue XXI ou celui de Serge Farnel, repris dans le Wall Street Journal : selon de nombreux témoignages concordants, des militaires français auraient  été présents mi-mai 1994, soit un mois avant l’opération Turquoise, et auraient aidé à débusquer les Tutsi qui se cachaient.


L’association Survie demande à l’exécutif et aux parlementaires français :

-la levée du secret défense concernant tous les éléments liés à l’action de la France au Rwanda et vis-à-vis des génocidaires, plus généralement,

-l’ouverture au public de l’ensemble des archives,

-la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire.


De nombreux présumés génocidaires continuent de vivre sur le sol français. De nombreuses instructions sont en cours, la première plainte remontant à 1995, sans qu’aucun de ces présumés génocidaires n’ait encore été jugé. Aussi, l’association Survie demande à l’exécutif et aux parlementaires français :


- de permettre aux instances judiciaires de faire avancer le plus rapidement possible le dossier des présumés génocidaires,

- faire en sorte que ce soit l’Etat français qui s’investisse enfin dans la recherche de présumés génocidaires, alors que pour le moment tout ce travail n’est réalisé que par des associations,

- de répondre aux sollicitations de l’ONU pour l’identification des soutiens aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR)[3] et d’empêcher que cette organisation puisse communiquer ou œuvrer depuis la France


Survie demande enfin que le pouvoir politique français tire les leçons de ce qui s'est passé et réalise les changements qui s'imposent dans le fonctionnement de nos institutions. Le rapport des députés (qui date de 1998) et leurs principales recommandations ne sont toujours pas mises en application, notamment la plus importante : l’instauration d’un véritable contrôle parlementaire sur la politique étrangère de la France, tout particulièrement sur le plan militaire. Le refuser reviendrait pour le président de la République, le gouvernement et les députés à considérer que les « graves erreurs d’appréciations » et les « erreurs politiques » commises – pour n'en rester qu'à ce qui a été reconnu officiellement par Nicolas Sarkozy à Kigali en février dernier – n'ont finalement pas d'importance... Il y a un devoir de changer le fonctionnement des institutions.

 

Lire aussi l’article de Survie paru dans Politis le 11 février 2010

Signer l’Appel Citoyen France-Rwanda : Faire toute la lumière sur les "erreurs"



[1] Cette Mission avait commencé à soulever le voile sur le rôle de la France pendant le génocide mais n’a pas pu faire le travail qu’aurait pu réaliser une Commission d’enquête parlementaire qui dispose de plus de pouvoir d’investigation.

[2] Définition du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), qui s’applique en droit français en vertu de la loi d’adaptation de mai 1996 qui donne compétence aux tribunaux français pour appliquer les statuts du TPIR.

[3] Forces extrémistes hutu regroupant de nombreux génocidaires et présentes dans l’est de la RDC.

-- 
Stéphanie Dubois de Prisque
Chargée de communication
stephanie.duboisdeprisque@survie.org

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Cinquantenaire des indépendances africaines L’empire contre-attaque (revue de presse)

3 Avril 2010 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

Vendredi 2 Avril 2010, revue de presse:

 

Cinquantenaire des indépendances africaines

L’empire contre-attaque

(Nouvel observateur)

 

Le 1er avril a marqué le début des commémorations du "cinquantenaire des indépendances africaines", organisé par Jacques Toubon à l'initiative de Nicolas Sarkozy. Problème : aucun Africain n'était présent à la tribune. Le récit de Christophe Boltanski.

Jacques Toubon et Nicolas Sarkozy (AFP)
Jacques Toubon et Nicolas Sarkozy (AFP)

Cherchez l’erreur. "Cinquantenaire des indépendances africaines", proclame le logo. Sur l’écran, s’étale une carte du continent noir constellée de petits points jaunes : une étoile pour chacune des quatorze anciennes colonies de la France. Assis aux côtés d’un collaborateur, d’un conseiller de l’Elysée et d’un diplomate du quai d’Orsay, l’ex-garde des Sceaux, Jacques Toubon, vient annoncer solennellement, en ce 1er avril, le début des "commémorations" marquant la fin de l’"empire" français au sud du Sahara. A son invitation, quelques ambassadeurs des pays concernés sont bien présents dans la salle. Mais à la tribune, point d’Africains. Aucune figure de la société civile ou de représentants officiels. Pourquoi faire ? "Je parle moi, en tant que secrétaire général du Cinquantenaire du point de vue qui est celui de notre gouvernement", se défend Jacques Toubon. Une absence qui traduit toute l’ambiguïté de cette initiative voulue par le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, mais diversement appréciée par les parties intéressés. "S’agit-il d’une réconciliation entre l’ancienne puissance coloniale et ses ex-pays colonisés ou l’occasion de célébrer l’empire colonial perdu ?", finira par demander un journaliste africain.


Sur le même sujet

 

Des oubliés ?

 
Pendant les deux heures de sa conférence tenue, au centre d’accueil de la presse étrangère (CAPE), à Paris, Jacques Toubon parle longuement de "l’hommage aux soldats qui combattaient dans les rangs de la France (…) appelés abusivement 'tirailleurs sénégalais'", de Savorgnan de Brazza et de son "exploration du (fleuve) Congo" qualifié d"événement considérable dans l’Histoire de l’humanité", du "manifeste de la France libre" proclamé à Brazzaville ou encore de la remontée triomphale de la "colonne Leclerc". Tous ça fleure bon l’exposition coloniale. Des Africains, ceux qui ne servaient pas "l’Empire", ceux qui peuplaient les rives du Congo, avant l’arrivée des "explorateurs", ceux qui n’ont jamais entendu parler de Savorgnan de Brazza et encore moins du "général Leclerc", il n’en est guère question.


Un lapsus embarrassant

 
Aux journalistes qui l’interrogent sur la "Françafrique", le "bilan mitigé" des accessions à l’indépendance ou les "griefs" des ex-colonisés envers la métropole, Jacques Toubon s’abrite derrière les travaux à venir des historiens. "C’est justement l’objectif de ce cinquantenaire, dit-il, qu’on n’ignore plus l’Afrique et son histoire". Et puis, il y a ce formidable lapsus. Evoquant la coopération militaire entre la France et ses anciennes possessions, Jacques Toubon cite les nombreux "accords de défiance, euh, de défense qui viennent déjà d’être profondément modifiés". Encore, sans doute, un passé qui passe mal.

Christophe Boltanski
Source:http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20100401.OBS1763/l-empire-contre-attaque.html 


France-Afrique: Drôle de fête (JDD)
Jacques Toubon Afrique
En charge de la Cité de l'Immigration, Jacques Toubon s'est vu confier une autre lourde tâche, piloter la célébration du cinquantenaire des indépendances africaines. (Maxppp)

Lors d’une conférence de presse à Paris jeudi, Jacques Toubon, intronisé par Nicolas Sarkozy "secrétaire général du cinquantenaire des indépendances africaines", a lancé les festivités, qui auront comme point d’orgue la tenue d’un sommet France-Afrique fin mai à Nice. Objectif, selon l’ancien Garde des Sceaux, "assumer, expliciter et rénover la relation" entre la France et l’Afrique. Mais dans salle, les interrogations sur la signification de ces célébrations dans l’Hexagone fusent. Et les réponses, elles, sont plutôt évasives.

Il aura donc fallu attendre le 1er avril pour voir officiellement annoncées les célébrations du cinquantenaire des indépendances africaines en France. Un communiqué publié fin juin 2009 par l’Elysée informait pourtant du lancement d’une initiative "2010-Année de l’Afrique". Mais au fil des mois - et des complications diplomatico-budgétaires - cette année de l’Afrique en France s’est peu à peu transformée en simple célébration du cinquantenaire des indépendances de 14 pays subsahariens*. Soit.

Nommé par Nicolas Sarkozy "secrétaire général du cinquantenaire des indépendances africaines", Jacques Toubon a donc lancé le coup d’envoi des festivités jeudi matin, lors d’une conférence de presse organisée au Cape (Centre d’accueil de la presse étrangère), à Paris. Et pour commencer, l’ancien garde des Sceaux, que l’on disait en mal de budget dans son tout nouveau secrétariat, a tenu à donner des chiffres: 250 projets sont en gestation pour une enveloppe globale de 16,3 millions d’euros, gérée par les différentes administrations qui participent aux événements (Ministère des Affaires étrangères, Agence française pour le développement, Cultures France, etc). "On ne va pas demander de l’argent aux pays africains, c’est le contraire", a-t-il tenu à préciser, évoquant, le soutien de Paris "à un certain nombre d’initiatives" en Afrique, par le biais de la coopération française.

Un défilé problématique


Point d’orgue des festivités, l’organisation d’un sommet France-Afrique - avec seulement 14 pays africains, donc - fin mai à Nice. Le 14-Juillet sera par ailleurs l’occasion de voir défiler sur les Champs-Elysées des contingents issus des anciennes colonies françaises. "Y compris les armées qui ont commis des massacres? ", s’interroge une journaliste allemande dans la salle. Jacques Toubon feint l’ignorance: "Quelles sont les armées qui ont massacré et qui massacrent? " La Guinée Conakry, par exemple, où des militaires sont accusés d’avoir tué plus de 150 civils et violé des dizaines de femmes en septembre dernier. Mais quelques minutes plus tard, à la faveur d’une question sur le nombre de chefs d’Etat africains qu’il a rencontrés jusqu’à présent, le secrétaire général rappelle que la Guinée a obtenu son indépendance en 1958 et qu’elle ne figure donc pas sur la liste des invités de ce cinquantenaire. Cinquante ans plus tard, la date est salutaire: Paris évite ainsi un malaise certain.
Quant à la Côte d’Ivoire - alors que le bombardement par l’armée ivoirienne de la base française de Bouaké en 2004 est un souvenir douloureux dans les rangs français - l’état actuel de ses relations avec Paris, sur fond d’incessant report électoral, fait que le problème ne se posera sûrement pas. "La Côte d’Ivoire entend célébrer le cinquantenaire seule, dans le cadre de sa politique nationale de refondation. Nous en prenons acte", a d’ailleurs rappelé Jacques Toubon, précisant toutefois qu’une invitation avait bien été envoyée au président Laurent Gbagbo et à ses troupes.
Reste donc l’éventualité de voir une armée putschiste défiler sur les Champs-Elysées: celle du Niger, où une junte a renversé Mamadou Tandja en février dernier. Un coup d’Etat toutefois relativement peu condamné, les récentes exigences du président déchu sur l'exploitation des mines d'uranium et sa dérive autoritaire étant devenues relativement gênantes. Pour faire bonne figure, on espère désormais côté français que les élections libres et transparentes promises par la junte seront organisées avant le fameux défilé. Jacques Toubon, lui, ne semble pas rentrer dans ce genre de considération. Pour lui, il ne faut voir dans ce défilé que "l’hommage des soldats d’aujourd’hui aux soldats d’hier [et] la reconnaissance de la France aux centaines de milliers de soldats qui, durant la première et la seconde guerre mondiale, ont tenu haut le flambeau de la liberté au sacrifice de leur vie".

"Les accords de défiance"

Ce défilé sera précédé la veille d’un "sommet familial " - en matière de relation franco-africaine, le paternalisme n’est jamais loin - qui réunira Nicolas Sarkozy et les quatorze chefs d’Etats concernés. A cette occasion, le chef de l’Etat devrait réaffirmer "la nouvelle approche française" dans ses relations avec l’Afrique, discours qu’il a déjà tenu lors de son voyage au Gabon fin février. Et c’est, selon Jacques Toubon, l’objectif même de ce cinquantenaire. Là où certains s’interrogent sur l’ironie de l’histoire qui conduit la France à célébrer la fin de son propre joug colonial, l’ancien ministre de la Culture et de la Francophonie y voit l’occasion, au contraire, d’"assumer, expliciter et rénover la relation" entre la France et l’Afrique, et ce, dans "la ligne du discours du Cap", prononcé par le président de la République en février 2008. Déplorant "une certaine ignorance en France et en Afrique de l’histoire de l’Afrique" et jugeant que "cela n’aide pas à clarifier les relations entre nos pays", le secrétaire général espère donc que les célébrations de ce cinquantenaire conduiront à "apporter plus de connaissance" des deux côtés de la Méditerranée.

D’où la volonté de la France de mettre l’accent à cette occasion sur "la formation des jeunes, le développement rural et de l’agriculture vivrière, l’accueil des immigrés, les relations diplomatiques et militaires dont les accords de défiance (sic) viennent d’être profondément modifiés". Dans la salle, le lapsus de Jacques Toubon fait sourire. Mais les interrogations sur la signification des célébrations de ce cinquantenaire en France demeurent. "S’agit-il d’une réconciliation entre l’ancienne puissance coloniale et les anciens pays colonisés ou bien l’occasion de célébrer l’empire colonial perdu? ", s’interroge un journaliste africain. "S’agit-il pour la France de mettre un voile sur le passé colonial ou de faire son mea culpa? ", renchérit un autre. Le malaise est perceptible.

A ceux-là, Jacques Toubon répond invariablement qu’il s’agit simplement de rappeler une "histoire commune". "De cet héritage, il faut faire un capital pour l’avenir", ajoute-t-il, estimant qu’il n’est pas du ressort de son secrétariat de faire le bilan de cinquante ans d’indépendance. Le président de la Cité de l’immigration –un autre sujet tabou- renvoie d’ailleurs la balle aux historiens: "Je souhaite que les questions qui n’ont jusqu’ici pas été ouvertes par les historiens soient à l’ordre du jour de ces manifestations (…) afin qu’à la fin de l’année nous puissions répondre à cette question du bilan." Et d’insister: ce cinquantenaire doit être "un moment de mémoire et de renouvellement". Une aporie qui résume la difficulté d’être de la relation franco-africaine.

* Togo, Burkina Faso, Madagascar, Congo Brazzaville, Bénin, Cameroun, Niger, Côte d’Ivoire, Tchad, République centrafricaine, Gabon, Sénégal, Mali et Mauritanie


Marianne Enault - leJDD.fr
Vendredi 02 Avril 2010
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2010:Libérons-nous de 50 ans de Françafrique! ouverture site internet...

2 Avril 2010 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

18 Mars 2010

Dans le cadre de la campagne 2010:Libérons-nous de 50 ans de Françafrique! Survie lance son site:

 


Cette campagne a pour objectifs de rétablir certaines vérités sur les 50 ans d’« indépendance » et de relations franco-africaines, de dénoncer la perpétuation de la Françafrique, et de demander une réforme de la politique de la France en Afrique.Cette année 2010 est celle de la commémoration du cinquantenaire des indépendances pour les 14 pays africains issus de l’empire colonial français. Mais 50 ans après la proclamation de ces indépendances en droit, force est de constater que ces pays restent étroitement soumis à une dépendance de fait à l’égard de la France.

Vous trouverez sur le site des fiches pays et personnages françafricains, une revue de presse franco-africaine sur les 50 ans d'indépendances africaines et un agenda des activités de Survie en lien avec ce sujet.

Des thématiques sont abordées en détail, en voici les 7 premières:
Le site sera régulièrement alimenté tout au long de la campagne, également en réaction à la campagne officielle.

Pour plus d'informations: stephanie.duboisdeprisque@survie.org 01 44 61 03 25
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Elikia M’ Bokolo, historien, écrivain et journaliste congolais : « Si les Voltaïques ne s’étaient pas battus, il n’y aurait pas de Burkina Faso aujourd’hui »

1 Avril 2010 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

Interview réalisée par Mahamadi TIEGNA (camerlingue78@yahoo.fr), Sidwaya, 23/3/2010


Elikia M’ Bokolo, historien, écrivain et journaliste congolais : « Si les Voltaïques ne s’étaient pas battus, il n’y aurait pas de Burkina Faso aujourd’hui »


Il est connu pour être un justicier en ce qui concerne la mémoire du continent africain. Issue d’une famille indépendantiste, son parcours professionnel se confond avec celle d’une Afrique en proie à la lutte pour son émancipation, lui qui est devenu historien après avoir assisté à un discours de son compatriote Patrice Lumumba. Actuellement professeur à l’institut des sciences et techniques humaines à Paris, pour ne citer qu’une de ses multiples casquettes, Elikia M’Bokolo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est l’un des meilleurs spécialistes de l’histoire coloniale du continent. Présent à Bobo-Dioulasso dans le cadre du lancement du cinquantenaire du Burkina Faso, il aborde dans l’entretien qu’il a bien voulu nous accorder, quelques aspects des indépendances.
Sidwaya (S.) : Quels souvenirs l’historien spécialiste de l’Afrique que vous êtes, garde des années d’indépendance ?
Pr. Elikia M’Bokolo (P.E.B.) : A l’époque, j’avais 15 ans, j’étais en classe de 5e et je me rappelle précisément de ce qui s’est passé. Nous avions des positions anticolonialistes et donc, étions pour l’indépendance.
Je me souviens qu’il y avait un jeu radiophonique où on posait des questions sur la nationalité des habitants des pays africains nouvellement indépendants. Lorsqu’on a demandé à quelqu’un comment est-ce qu’on appelait les habitants de Madagascar, il n’avait pas la réponse. Nous étions contents de la savoir et de lui souffler à l’oreille : « Malgaches … Malgaches ».
En tant qu’étudiants, nous nous réjouissions de devenir après nos études, des magistrats, des médecins dans nos pays respectifs. Mais quelque chose s’est passé et dont on ne parle pas assez : juste avant les indépendances, la France, puissance coloniale, a signé des accords de coopération avec les Etats. Ces accords ont été faits au détriment des pays nouvellement indépendants car ils ont été signés entre un Etat souverain la France et des Etats africains qui ne l’étaient pas encore.
Au départ du colon, une élite parasitaire s’est constituée pour perpétuer en réalité, les intérêts de l’ancienne puissance coloniale. Au Congo- Brazzaville par exemple, où le pétrole coulait à flot, j’ai vu des gens envoyer leurs vêtements par avion à Paris au pressing. S. : Est-ce que cette situation suffisait à expliquer les problèmes que bon nombre de pays africains ont connus par la suite ?
P.E.B. : On avait créé entre 1960 et 1963, des blocs d’Etats. Il y avait un climat tout à fait exceptionnel. Pour les deux Congo par exemple, on traversait le fleuve d’un côté à l’autre sans visa. Aujourd’hui, il faut un visa. Quand je vois comment des amis sénégalais, dahoméens ou voltaïques ont vécu en Côte d’Ivoire dans les années 60 et 63, on sentait que c’était possible.
En ce moment-là, les plus avancés, c’est-à-dire Kwamé N’Krumah mais aussi Senghor, ont proposé d’aller un peu plus avant vers l’unité en se disant qu’ensemble, on est encore plus fort que chacun de son côté. Vous savez que ça n’a pas marché parce qu’en 1963, c’est le camp de Félix Houphouët-Boigny, des Gabonais, des Congo brazzavillois qui l’ont emporté. Dès ce moment-là, nous avons commencé à accumuler des échecs.
Il y a une chose dont on ne parle pas assez, mais qui est quand même significatif : un sommet extraordinaire de l’OUA a eu lieu en 1965 à Accra. Au cours de ce sommet, Kwamé N’Krumah et plusieurs chefs d’Etat africains ont protesté contre le fait que les Blancs de Rhodésie, aujourd’hui Zimbabwe, ont décidé de proclamer l’indépendance de la Rhodésie.
N’Krumah a dit que l’Angleterre qui était la puissance colonisatrice devrait régler ce problème, et que si dans 90 jours, le problème n’était pas réglé, les Etats africains allaient constituer une armée pour envahir la Rhodésie. Si nous avions fait cela, l’Afrique du Sud aurait été débarrassée de l’apartheid en ce moment-là. Mais à Accra, les Etats membres de l’OCAM (NDLR : Organisation commune africaine et malgache), donc les Etats francophones, ont boycotté le sommet. Du coup, les Etats dits progressistes se sont retrouvés seuls.
Ils étaient trois : le Ghana, la Tanzanie et la Zambie. L’armée africaine n’existait pas par conséquent. Dès lors, lorsque la guerre du Biafra nous est tombée dessus, nous n’étions pas capables de répondre. Idem pour les guerres du Congo, le génocide du Rwanda et les guerres actuelles. Ça c’est une faute commise par les Africains. Une autre faute l’a été, sur le plan de l’intégration africaine et elle nous poursuit jusqu’aujourd’hui.
A ce sujet, Kwamé N’krumah expliquait aux Africains ce qui n’allait pas. Lui-même avait une discipline personnelle très stricte. Une fois par semaine, il s’astreignait à faire un jeûne. Il disait ceci et je suis désolé de le dire aussi brutalement : « Vous autres dirigeants africains, vous mangez trop, vous buvez trop, vous dormez trop, vous avez trop souvent des relations avec de trop nombreuses femmes ». Il disait que ça ne va pas. Je crois qu’il a raison.
Si vous regardez à cette époque mise en scène par les cinéastes et les romanciers, les hommes d’Etat ne travaillaient pas : ils étaient tout le temps dans les avions, dans les cocktails…Mais je crois que c’est une chose qui commence à changer avec la génération actuelle composée de gens qui bossent. Nous avons des responsabilités politiques et psychologiques par rapport à la gestion des indépendances.
S. : On évoque aussi l’implication de la France dans la commémoration des indépendances africaines. Si implication il y a, quelle lecture en faites-vous ?
P.E.B. : Il y a bien une implication de la France et j’avoue que pour certains d’entre nous historiens, ça pose un problème. On ne sait pas exactement ce que la France veut. Parce ce qu’il y a 5 ans, c’était la droite qui était au pouvoir à l’Elysée, à Matignon et à l’Assemblée nationale en France.
Les députés de droite avaient voté une loi disant que la colonisation a été une chose positive et que dans les écoles, on doit enseigner ses effets positifs. Nous autres historiens noirs comme blancs, avions vigoureusement protesté contre cette affaire en disant que ce n’est pas une vérité établie et que ce qui compte, ce n’est pas l’opinion que les Français ont de la colonisation, mais ce que les Africains de l’époque ont pensé de la colonisation… Ils ont refusé la colonisation, et demandé l’indépendance. Du coup la question, c’est : Qu’est-ce que la France veut fêter aujourd’hui ? Est-ce qu’ils veulent fêter l’indépendance ? L’indépendance, c’est nous qui l’avons obtenue.
Ce n’est pas la France qui nous l’a donnée. Ce qui est encore plus curieux, c’est qu’ils veulent fêter l’indépendance à Paris, alors qu’on pourrait imaginer que des délégués français viennent célébrer l’indépendance en Afrique. Par exemple nous au Congo, avons obtenu que le roi des Belges vienne à Kinshasa.
Mais que des contingents militaires africains, des députés, des ministres aillent à Paris, ça fait quand même un peu bizarre ! C’est un peu comme en 1919, 1920 ou 1947, quand on invitait les tirailleurs sénégalais à Paris pour célébrer ! Donc je suis un peu perplexe. En plus, le 14- Juillet 2010 va tomber avant la commémoration des indépendances. D’une certaine manière, la France nous vole le bénéfice du cinquantenaire, car on va la fêter d’abord à Paris et ensuite, dans nos pays.
C’est quand même un petit problème qui est délicat. J’imagine que le moment venu, nous aurons les discours qui vont nous expliquer ce qui se passe. Beaucoup d’historiens français comme africains sont surpris par la manière dont les choses sont en train de se passer, d’autant plus que le président de la République qui va célébrer cette manifestation du 14 Juillet est le même qui a dit à Dakar que l’homme noir n’était pas dans l’histoire. Il y a une contradiction du côté de la France et je pense nous Africains n’avons pas exigé des clarifications avant d’accepter.
S . : Avez-vous un point de vue personnel sur ce sujet ?
P.E.B. : Mon point de vue personnel est que je n’irai pas à Paris pour la célébration de nos indépendances. D’ailleurs, je serai à Kinshasa et les choses seront claires.
S. : Le Burkina Faso, à l’instar d’autres pays du continent, s’apprête à célébrer en grande pompe, son cinquantenaire. D’aucuns disent qu’on devrait plutôt faire profil bas au regard du bilan des 50 ans passés. Qu’en dites-vous ?
P.E.B. : Je suis d’accord avec le gouvernement. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je suis honoré d’être là sur invitation du ministre de la Culture. On ne va pas fêter le bilan des indépendances. On va fêter ce qui s’est passé il y a 50 ans. Vous voyez que dans le programme qui a été adopté, c’est « cinquante ans : souvenir et espérance ». Nous allons fêter en nous souvenant, mais nous devons aussi construire l’espérance. Pour cela, ce qui va commencer demain (NDLR : 20 mars, date de lancement officiel des activités du cinquantenaire) va se poursuivre.
On sait qu’il y aura des analyses, secteur par secteur, de ce qui a marché, de ce qui ne l’a pas été, pourquoi ça n’a pas marché et qu’est-ce qu’on doit faire pour que les choses aillent de l’avant, d’une manière positive. Il faut bien voir que nos Etats sont très hétérogènes. Il y a des traditions, des historicités différentes, même si nous avons aussi des points en commun.
En Afrique de l’Ouest, vous avez la chance d’avoir la parenté à plaisanterie qui permet d’atténuer les conflits et les litiges sociaux. Nous devons célébrer les victoires que nous avons gagnées ensemble. Or au Burkina, c’est ensemble que le peuple a gagné l’indépendance. Que tous les ans, on fasse une petite fête, d’accord ! Mais 50 ans, c’est normal qu’on fasse quelque chose d’un peu plus important.
S : Quelle est votre appréciation, justement, du thème du cinquantenaire de l’indépendance du Burkina Faso : « 50 ans de construction d’une nation : souvenir et espérance » ?
P.E.B. : Le souvenir est très important. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes burkinabè ne connaissent pas leur histoire. Ils ne savent pas notamment que si les Voltaïques de l’époque ne s’étaient pas battus, il n’y aurait pas de Burkina Faso aujourd’hui. Les colonisateurs n’étaient pas des sentimentaux. A cette époque, les Noirs, ça comptait pour zéro.
Ce qui intéressait les Blancs, c’était la matière première et la force physique. Et comme au Burkina on disait que le peuple voltaïque, le peuple mossi est très fécond, ingénieux, industrieux, travailleur, et comme la Côte d’Ivoire, le Niger et le Soudan avaient besoin de main-d’œuvre, ils ont décidé purement et simplement de rayer la Haute-Volta de la carte. Le souvenir de l’indépendance, c’est le souvenir de ce qu’on a failli ne pas exister aujourd’hui.
S : Et que dire de l’autre aspect du thème, c’est-à-dire l’espérance ?

P.E.B. : L’espérance est une vertu comme on dit dans les religions révélées. Les vertus sont telles que quand vous en avez une, vous avez toutes les autres. Si vous avez l’espérance, ça veut dire que vous avez la foi, le courage, la volonté, l’honnêteté, l’intelligence. Donc espérer, ce n’est pas seulement être assis en rêvant d’un lendemain meilleur.
C’est de se demander ce que nous devons faire aujourd’hui pour que dans cinquante ans, nos enfants, nos petits enfants, en regardant derrière disent qu’ils ont bien avancé. Il y a là une sorte de volontarisme qui me semble très positif. Je crois que c’est important que ce soit dit dans le logo du cinquantenaire.
S : Au regard du bilan des cinquante ans passés, y a-t-il des raisons d’espérer ?
P.E.B. : Oui ! J’étais jeune étudiant dans les années 60. Je peux vous dire qu’il y avait plusieurs pays africains qui désespéraient, parce que les choses allaient mal. La Haute-Volta et le Dahomey sont deux de ces pays. On avait l’impression par exemple qu’en Haute-Volta, il y avait tout le temps des coups d’Etat. Quel untel ne s’entendait pas avec untel.
Qu’est-ce qui se passe ! L’une des choses qu’on a gagné, c’est l’unité de la nation qui est là. On aurait pu envisager qu’une partie du territoire proclame son autonomie, que l’autre aussi en fasse de même, et que ça éclate. En plus, le peuple n’arrête pas aujourd’hui de se battre pour vivre, parce qu’on ne veut pas être assis et attendre que les choses se passent.
C’est un peuple travailleur qu’on voit au Burkina et c’est reconnu par tous. Nous avons vu sur la route des femmes, des mères de famille pousser des bicyclettes avec des charges de bois énormes. C’est un peuple qui s’investit au quotidien économiquement mais aussi politiquement, en cherchant à arriver à un régime qui le satisfasse : une démocratie avec transparence des pouvoirs, responsabilité des gouvernants, élections libres.
Il y a une autre chose que les Burkinabè ne mesurent peut-être pas assez : la stabilité. Lorsque la guerre a commencé en Côte d’Ivoire, certains Ivoiriens ont applaudi au début. On leur a dit attention, on sait comment on met le doigt dans l’engrenage de la guerre civile, mais on ne sait pas comment on en sort. Si vous mettez la main dedans, vous en avez au moins pour dix ans : nous sommes dans les dix ans.
Or, le Burkina, cahin-caha, a préservé sa paix et de nos jours, si vous regardez sur la scène africaine, il y a un certain nombre de pays qui sont recherchés parce qu’ils ont la paix à l’intérieur et ont fini par savoir comment aider les autres à organiser la paix chez eux.
Il y avait le Gabon qui est devenu un grand pays de la médiation en Afrique centrale. En Afrique de l’Ouest, il y a le Burkina Faso. Et c’est très étonnant de voir que le rôle de médiateur du Burkina est plus important que celui du Sénégal, du Ghana ou même du Nigeria. Un pays qui a préservé son unité, dont les citoyens se battent au quotidien pour l’économie et qui a une visibilité internationale … ce n’est pas peu, mais beaucoup en 50 ans dans lesquels il y a évidemment des drames aussi.
S. : Vous avez eu à développer le thème de la création, de la dissolution et de la reconstitution du Burkina Faso au cours du premier panel. Que faut-il en retenir de plus important ?
P.E.B. : Il y a deux aspects. Le premier est une réponse au fameux discours de Dakar, un rappel de comment le colonisateur jonglait avec l’Afrique comme on joue au loto ou aux cartes, alors qu’il s’agissait de peuples entiers. Le deuxième point développé est relatif à un peuple voltaïque qui a su combattre les prélèvements forcés de la main- d’œuvre, des impôts. C’est cela qui a obligé le colonisateur à rétablir la Haute-Volta dans ses frontières et à faire en sorte que le Burkina Faso soit vivant aujourd’hui.
S. : Vous inscrivez-vous dans la logique des clivages entre afro-pessimistes et afro-optimistes au sujet du développement du continent ?
P.E.B. : Ces clivages ne sont pas très intelligents. L’afro-pessimisme par rapport à l’histoire d’un peuple n’a pas de sens. L’Afrique, c’était 500 millions d’habitants. Aujourd’hui, nous sommes plus d’un milliard.
Pensez-vous que si les Africains ne croyaient pas en leur avenir, ils auraient fait des enfants ? Si nous continuons à nous reproduire c’est que nous avons foi en l’avenir. La deuxième chose, c’est qu’en tant qu’historien, je dirais que l’histoire ce n’est pas seulement le passé. Le présent aussi, c’est de l’histoire. Dire également que je suis optimiste n’a pas de sens car un historien est optimiste par définition.
L’histoire, ce sont les peuples qui la produisent et l’histoire ne s’arrête jamais. L’Afrique de 2010 est en train de construire celle de 2011 qui construira celle de 2012… L’afro pessimisme, je pourrais le concevoir pour des intellectuels fatigués de l’Europe, l’Occidentant. J’ai du mal à le comprendre pour les intellectuels africains.
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Débat - mercredi 31 mars, 20h00: Israël, Françafrique : différents visages du colonialisme

27 Mars 2010 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Festivals, concerts, théâtre,...


FESTIVAL FOUTEZ-LEUR LA PAIX! :  du 24 Mars au 8 Avril 2010. Retrouvez toutes les infos de en cliquant ici..
FOUTEZ-LEUR LA PAIX! : Festival contre la guerre à Toulouse du 24 Mars au 8 Avril 2010

Avec, entre autres:

Débat
 - mercredi 31 mars, 20h00

Israël, Françafrique : différents visages du colonialisme


Avec DENIS SIEFFERT (Rédacteur en chef Politis)
et RAPHEL GRANVAUD (Membre de Survie, auteur de "Que fait l’armée française en afrique ?")

 

Salle du Sénéchal, 17 rue de Rémusat, M° Capitole

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Françafrique n° 22 : Actualités françafricaines

13 Mars 2010 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Documents audios et vidéos

Samedi 13 mars 2010 à 13h00

rediffusée dimanche 4 avril à 9h


sur Campus FM (94FM)

émission "Françafrique" n°22

 

Bref retour sur l'actualité:

Niger, Rwanda, Togo, le 50aire des indépendances.


 

 

"A la veille du ciquantenaire des indépendances pour 14 pays africains, espoirs et craintes pour la démocratie en Afrique de l'Ouest- Le cas du Togo ": conférence-débat de Comi Toulabor, chercheur au CEAN (Centre d'Etudes de l'Afrique Noire) à Sciences-Po Bordeaux et membre de Survie, invité le 3 février à l'IEP Toulouse par le GERCA, So'Act et Survie MP. 

Musique extraite du morceau Baldamore du groupe toulousain Hadouk Trio et le rappeur toulousain du groupe "Eau Forte"Adé Libré accompagné par le chanteur Pape dans le morceau "Afrique".


Pour écouter l'émission en ligne: http://www.afriradio.net/auteur51.html 

 

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Concert du MAP (Ministère des Affaires Populaires)

11 Mars 2010 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Festivals, concerts, théâtre,...

Le Mercredi 17 Mars 2010 à 20h15

au REX (15 avenue Honoré Serres, Toulouse)

 

Concert du MAP (Ministère des Affaires Populaires)

Table de presse de Survie Midi Pyrénées

MAP est en tournée du 4 mars au 10 avril pour son album ’Les bronzés font de la résistance’.

Compilation Décolonisons!

 

Ensuite, les chanteurs continuent avec

- Le groupe Saltimbank avec HK et Jeoffrey

www.myspace.com/hksaltimbank

- Le groupe ZEP avec Saidou

www.zep-site.com


Dans le cadre du festival Foutez leur la paix!

Salle du CAP, Universit Paul Sabatier, Toulouse
CONCERT ANTIGUERRE
THE LOCOS[Nouvelle formation de pipi (Ska-P) - Madrid]
ZONE D'EXPRESSION POPULAIRE[Chanson/Rap - Lille]
TSF[Ska/Jazz/raggae - Toulouse]
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