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Survie Midi Pyrénées
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Bienvenue en Françafrique ! “Un aller simple pour Maoré”

21 Février 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Débats, films et conférences

Lundi 23 Février 2009



"UN ALLER SIMPLE POUR MAORÉ"
Bienvenue en françafrique

Projection unique suivie d'une rencontre avec la réalisatrice Agnès Fouilleux et  avec David  Rohi, salarié de la CIMADE au centre de rétention de Cornebarrieu,
(ventes des places dès le samedi 14 février aux tarifs habituels du cinéma).

Débat animé par Survie 31

Ciné débat en compagnie

de la réalisatrice Agnès Fouilleux


Véritable brûlot, “Un aller simple pour Maoré” (Mayotte) raconte comment la France a mis la main sur l'archipel des Comores. Une enquête exceptionnelle qui éclaire le destin de gens plongés dans la misère par des stratégies géopolitiques peu reluisantes. La réalisatrice, Agnès Fouilleux, raconte.


Mayotte possède des plages de rêve. Leur seul défaut : des cadavres viennent régulièrement s’y échouer. Depuis 1994 et l’instauration par le gouvernement Balladur de visas pour les ressortissants comoriens – au mépris des résolutions de l’ONU, on estime entre 4 000 et 5 000 le nombre de migrants disparus en mer en tentant de rejoindre Maoré. Ceux qui y sont arrivés se sont installés dans cette possession française, où ils représentent un tiers de la population. Exploités mais indispensables à l’économie de l’île, ils sont les victimes d’une histoire qui exhale les pires relents de la Françafrique.




Manipulations électorales, barbouzeries, violation des résolutions de l’ONU, répression aveugle, mépris des populations… Au-delà du quotidien des Comoriens, le film d’Agnès Fouilleux révèle de sombres histoires bien connues des îliens mais soigneusement passées sous silence en Métropole. « Je m’intéresse à des problèmes qui ne sont pas tellement à la mode, euphémise la réalisatrice. J’ai été sensibilisée à la situation de Mayotte par des amis et des parents qui y ont vécu. Les chaînes auxquelles j’ai proposé mon projet étaient intéressées mais elles me demandaient de gommer les aspects politiques et de me concentrer sur l’aspect humain de la migration. J’ai refusé. »

Agnès Fouilleux doit donc se débrouiller par ses propres moyens… « Le CNC m’a également refusé ses aides. C’est très difficile, en France, de financer des films d’investigation, d’être soutenu dans un travail de fond qui demande beaucoup de temps sans certitude de résultats. » Elle mettra plus de deux ans à réaliser Un aller simple pour Maoré, tout en travaillant pour le magazine de la montagne de France 3, Chroniques d’en haut.

Même si le tournage est déjà loin, le film reste furieusement d’actualité. « Les heurts sont fréquents entre Maorais et Comoriens, même si les uns ne peuvent pas se passer des autres. Et les secrétaires d’Etat à l’Outre-Mer continuent à défiler, promettant plus d’hommes et de nouvelles vedettes pour faire la chasse aux Anjouanais et intercepter les(barques de clandestins). Allant jusqu’à la remise en cause du droit du sol, comme François Baroin. »

Film courageux, film brûlot, Un aller simple pour Maoré évite pourtant le militantisme grâce à la qualité de son travail d’enquête. « Je suis allée voir tout le monde, du préfet au clandestin. Je n’accuse personne en particulier, je constate seulement que la seule politique mise en œuvre, quels que soient les gouvernements, c’est la répression. Il me semble que ce n’est pas la bonne solution. Je suis choquée de ne jamais entendre parler de coopération régionale, alors que c’est la France qui a créé la situation désastreuse de Mayotte et des Comores. »

Il s’en est fallu de peu pour que cet éclairage indispensable sur les basses-œuvres géopolitiques de notre République ne demeure invisible sur nos écrans. Repéré au Festival du film insulaire, qui se tient chaque été sur l’île de Groix, Un aller simple pour Maoré a finalement été acheté par France Ô. Un choix éditorial fort de la part de la chaîne. Et même si elle n’a pas l’audience de ses grandes sœurs de France Télévisions, on peut espérer que cette fenêtre de diffusion en appelle d’autres. Le film devrait d’ailleurs être projeté dans le réseau Utopia d’ici quelques mois. kwasas
Samuel Gontier (Télérama)
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Soirée "La rébellion Touarègue Au Niger"

15 Février 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Débats, films et conférences

Jeudi 19 février à 20H15  au Caméléon
19, rue du Pont St Pierre, quartier St Cyprien à Toulouse.

 


Image 

Le Caméléon, café associatif du MAAADS, a ouvert ses portes en juillet 2007.


Rencontre autour de la rebellion touareg
au Niger et de l'exposition: AREVA ne fera pas la loi au Niger.

 


Diffusion de la conférence d'Issouf Ag MAHA à la librairie Terra Nova en mai 2008, suivie d'une rencontre avec Survie 31 et TV bruits pour comprendre et développer la situation politique du Niger et présenter l'exposition"Areva ne fera pas la loi au Niger"

 

Afin d'illustrer le sujet, une exposition sur "Areva au Niger" est organisée en février au Caméléon par le Réseau Sortir Du Nucléaire.

 


Depuis février 2007, le nord du Niger est le théâtre de graves affrontements opposant le Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ) au pouvoir central.  L’état d’urgence a été décrété en août 2007 dans la région d’Agadez et sans cesse reconduit donnant ainsi les pleins pouvoirs à l’armée : exécutions sommaires ciblées, arrestations arbitraires, destruction des moyens de subsistance des nomades, populations déplacées, ONG interdites, et, radio et presse muselées sur l’ensemble du Niger.


Issouf MAHA nous interpelle aussi sur les conditions dans lesquelles la France, par le biais de la société nucléaire Areva, exploite leur terre depuis 40 ans pour y retirer l’uranium. Un dossier chaud puisqu’il s’agit de la politique énergétique de la France et de ses ventes à travers le monde d’EPR.


Aujourd’hui environ 150 concessions pour exploité l’uranium ont été vendues à différents pays, sur une superficie qui représente deux fois l’Aquitaine. Pollution (radioactive) et destruction, d’une économie, de toute une culture dans cette région du Nord Niger. Une bonne partie des centrales nucléaires françaises est alimentée par l’uranium du Niger.

Issoug ag Maha est auteur du livre "Touareg du XXIe siècle", paru aux éditions Grandvaux.


Pour voir le film avec le lecteur flash, 31’16’’ :


Page issue de:http://tvbruits.org/spip.php?article977

Pour en savoir plus :

Le site du MNJ

Collectif Tchinaghen

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Emission Françafrique n°13: le Cameroun

10 Février 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Documents audios et vidéos

Samedi 14 février à 13H00

sur Campus FM (94FM)
émission "Françafrique" n°13
Le Cameroun dans la Françafrique :
la continuité du passé ?


Le Cameroun dans la Françafrique : la continuité du passé ? Quelles sont les faits françafricains marquants l’Histoire de ce pays ? Quelles évolutions y-a-t-il eu depuis l’indépendance en 1960 ? Et aujourd’hui, quel avenir ?

Nous reviendrons à travers le documentaire de Gaëlle Le Roy « Cameroun, Autopsie d’une indépendance » diffusé dans le cadre du festival Bobines Sociales ce samedi 30 janvier http://www.bobines-sociales.org/ sur les massacres de l’armée française pendant les périodes de pré et post-indépendance. Cette tragédie, peu connue, toucha la population des Bamilékés et les membres du parti politique de l’UPC, dont le leader Ruben Um Nyobe, jugés « peu maniable » par l’Elysée. Ils ont subi de véritables pogroms et chasses à l’Homme organisés et soutenus par les autorités françaises.

Nous parlerons avec notre invité Isopha, jeune Camerounais adhérent de Survie, des pillages des matières premières comme le bois par l’entreprise française Rougier, des validations d’élections douteuses par la France, comme celle du président actuel Paul Biya…

Où en est-on d’ailleurs actuellement avec lui et cette démocrature ? Comme nomme ce pays le réalisateur Jean-Marie Téno, qui présentera son film « Chef ! » également samedi 31 janvier au festival Bobines Sociales. Ce documentaire met en avant la responsabilité des chefs, petits et grands dans la paupérisation quotidienne de ce pays.

Nous reviendrons avec notre deuxième invité, Manuel Domergue, journaliste, sur les arrestations et violences policières de mars 2008 qui ont secoué le pays, suite aux manifestations exprimant le mécontentement de la population face au projet du président Paul Biya de changer la constitution, afin de pouvoir se représenter pour un troisième mandat. Rappelons qu’il est à la tête du pouvoir depuis 27 ans…Et que ce projet a été voté !

cette émission est empruntée à "Paris Françafrique",l’émission hebdomadaire de Survie Paris sur Radio Fréquence Paris Plurielle.


 


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Tchad Ibni Oumar Mahamat Saleh est toujours porté disparu, 1 an après....

4 Février 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme (FIDH)
Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT-France)
Ligue des droits de l'Homme (LDH)
Ligue tchadienne des droits del'Homme (LTDH)
Survie
Agir Ensemble pour les droits de l'Homme



Communiqué

Tchad

Ibni Oumar Mahamat Saleh est toujours porté disparu, 1 an après....



Paris, Ndjamena, 3 février 2009 - Nos organisations regrettent qu'un an après les faits, les autorités tchadiennes n’aient apporté aucune réponse quant au sort de l'opposant M. Ibni Mahamat Saleh, enlevé par les forces armées le 3 février 2008, et n’aient toujours pas engagé d’enquêtes et de poursuites à l’encontre des agents de l’Etat responsables de cette disparition forcée et de ceux qui se sont rendus responsables des  violations graves des droits de l’Homme à l'occasion de la tentative de coup d'Etat de février 2008.

La Commission d'enquête mis en place pour faire la lumière sur les événements de février 2008 avait clairement établie la responsabilité de la garde présidentielle dans cette disparition forcée. Pourtant, à ce jour aucune  réponse n'a été apportée quant au lieu de détention et au sort réservé à M. Ibni Mahamat Saleh.

Plus largement, nos organisations demeurent préoccupées par la situation d'impunité qui prévaut au Tchad pour les auteurs de violations des droits de l'Homme en dépit des conclusions de la  Commission d'enquête sur les événements de février 2008. Celle-ci avait pourtant établie que la majorité des exactions et des graves violations des droits de l'Homme perpétrées lors de l'offensive et surtout après le retrait des forces rebelles étaient le fait d'action de représailles par l’Armée nationale tchadienne (ANT) et recommandait, entre autre, la poursuite des enquêtes et le jugement des responsables.

Nos organisations expriment leurs plus vives inquiétudes quant à l'absence de volonté des autorités tchadiennes de donner suite aux conclusions de la Commission. En effet, elles déplorent la mise en place d'un Comité de suivi composé exclusivement de ministres, sans observateurs internationaux et sans participation de la société civile. Ce comité n'offre aucune garantie quant à la prise en compte des droits des victimes, la mise en œuvre des responsabilités en matière de violation des droits de l'Homme et aux éclaircissements sur le sort d’Ibni Mahamat Saleh.

L'attitude des autorités tchadiennes explique en grande partie le blocage des pourparlers politiques entre les différents acteurs politiques et politco-militaires et favorise les risques de nouvelles attaques contre le régime d'Idriss Deby Itno avec leur lot de violations des droits de l'Homme et du droit international humanitaire.

Nos organisations demandent instamment aux autorités tchadiennes de :
  • Donner des explications sur le sort et la disparition forcée d’Ibni Mahamat Saleh ;
  • Reconnaître publiquement leurs responsabilités dans les violations graves des droits de l’Homme perpétrées en février 2008 ;
  • Modifier le mandat et la composition du Comité de suivi afin de veiller à la mise en œuvre effective des recommandations de la Commission et d’y intégrer des organisations de la société civile nationales et indépendantes, des membres de la Commission d’enquête et des observateurs internationaux ;
  • Mettre pleinement en œuvre les recommandations de la Commission, en particulier :
  • Engager des poursuites contre les responsables de ces exactions ;
  • Mettre en place un mécanisme d’indemnisation et de réparation des dommages subis par les victimes ;
  • Ouvrir un réel dialogue avec l'ensemble des acteurs politiques tchadiens et la société civile ;

Nos organisations appellent la France, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et l’Union européenne (UE) - observateurs auprès de la Commission d’enquête, qui dans une déclaration publique  avaient regretté que « la manifestation de la vérité n’a pu être faite sur certaines affaires, en particulier sur le cas emblématique de la disparition de l’opposant politique Ibni Oumar Mahamat Saleh » et réaffirmé « leur attachement profond à ce que toute la lumière soit faite sur ces faits graves », à :
  • Recommander aux autorités tchadiennes la modification de la composition et du mandat du Comité de suivi ;
  • Soutenir un dialogue politique permettant l'accès à toutes les parties ;
  • Soutenir la poursuite des enquêtes et le jugement équitable des responsables de violations des droits de l'Homme.

Contacts presse :
  • FIDH : Karine Appy / Gaël Grilhot : +33 (0) 1 43 55 14 12 / 90 19 – 06 48 10 26 64 46
  • ACAT-France : Clément Boursin : +33 (0) 1 40 40 02 11
  • Agir-ensemble : Véronique Rouault : +33 (0)4 37 10 10 11
  • LDH : Pavlina Novotny : +33 (0)1 56 55 51 07 / 8
  • Survie : Alexandra Phaëton : +33(0)1 44 61 03 25
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COMORES. Projet de loi sur la départementalisation de Mayotte

3 Février 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

Mardi, 3 février 2009

COMORES. Projet de loi sur la départementalisation de Mayotte.
Positionnement de Survie

Le 29 mars 2009, le projet de loi sur la départementalisation de Mayotte sera soumis à consultation auprès des Mahorais(es). Ce statut de Département d’Outre-mer (DOM) renforcera « l’ancrage définitif » de Mayotte dans la France.


Or, aux yeux de la communauté internationale et au regard des résolutions de l’ONU, ce projet de référendum et cet « ancrage » français restent illégaux.


Il faudra d’ailleurs que les chancelleries de l’UE expliquent comment elles pourront reconnaître Mayotte comme Région ultra-périphérique (RUP) de l’Europe, où s’appliquerait dès lors le régime commun (cf. encadré), alors que ces Etats ont votés presque toutes ces vingt résolutions reconnaissant Mayotte comme comorienne, et condamnant fermement la France depuis 1975.


Le statut européen de Mayotte

Actuellement, Mayotte est un PTOM pour l’UE, PTOM définis dans l’Article 299 du traité d’Amsterdam : « 3. Les pays et territoires d’outre-mer dont la liste figure à l’annexe II du présent traité font l’objet du régime spécial d’association défini dans la quatrième partie de ce traité. » En devenant une Région ultrapériphérique (RUP), le régime commun s’appliquerait, sauf dérogation. L’Article 299 du traité d’Amsterdam établi les RUP : « 2. Les dispositions du présent traité sont applicables aux départements français d’outre-mer, aux Açores, à Madère et aux îles Canaries. » Les 4 DOM français ne sont pas énumérés, contrairement aux trois autres territoires. Cela suggère- t-il une automaticité d’entrée dans la catégorie RUP d’un nouveau DOM ? Ce serait aberrant concernant Mayotte, vu que presque tous les autres États européens ont voté les résolutions de l’ONU contre la France sur Mayotte.


Pour en savoir plus, télécharger le document de 4 pages ci-dessous, présentant le positionnement de Survie sur cette question :

Document PDF - 233.2 ko
4 pages Positionnement de Survie Comores / Mayotte
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TCHAD. La France reste alignée derrière Idriss Déby

2 Février 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

. lundi, 2 février 2009
TCHAD
La France reste alignée derrière Idriss Déby. Communiqué de Survie


En ce début de février 2009, anniversaire du soutien renouvelé de la France au régime dictatorial d’Idriss Déby en février 2008, il est grand temps que la France prenne les responsabilités qui sont les siennes pour une sortie de crise, qu’elle cesse de verrouiller la situation tchadienne par le statu quo et œuvre enfin au soutien d’un processus démocratique qui aujourd’hui est dans l’impasse.


Il y a un an, la France permettait au président tchadien de se maintenir au pouvoir en lui apportant le soutien diplomatique et militaire nécessaire lors d’une attaque menée contre N’Djaména par des rebelles. Faut-il rappeler les conditions d’accès au pouvoir d’Idriss Déby ? Auteur d’un coup d’Etat contre le président Hissène Habré en 1990, c’est avec la bénédiction de la France qu’Idriss Déby, ancien élève de l’Ecole militaire de Paris, a pris les rênes du pays, devenant président « élu » et « réélu » en 1996, 2001 et 2005, à la suite de fraudes électorales, le financement de candidatures fictives (faisant l’illusion de la concurrence électorale) et autre manipulation de la Constitution. La France, en apportant un soutien politique et militaire inconditionnel au régime illégitime, dictatorial et contesté d’Idriss Déby, a choisi le camp de la dictature en armant celle-ci contre l’opposition démocratique et la population en général qui vit dans la peur quotidienne d’une nouvelle attaque.



Faisant la sourde oreille à la demande d’un dialogue national inclusif, entre tous les acteurs de la vie politique tchadienne (opposition non armée et armée), dialogue réclamé par les opposants politiques et la société civile réunie au sein du « Comité d’Appel à la Paix et à la Réconciliation », et à la demande de mise en place d’un processus de paix soutenu par la communauté internationale, la France ruine les espoirs d’une sortie de crise. Comment le comprendre autrement lorsque l’on sait qu’en février 2008, la France a fourni au régime des renseignements sur les mouvements des rebelles et sur leurs communications, a permis l’acheminement d’armes et de munitions, ou encore s’est engagée militairement dans les combats ?


En apportant son soutien à Idriss Déby, la France a permis à celui-ci d’entamer une chasse aux opposants et aux dirigeants des organisations de la société civile, lançant également des actes d’intimidation contre des journalistes indépendants et des défenseurs des droits de l’Homme. Dans la confusion des évènements du début février 2008, des opposants politiques ont en effet été enlevés, séquestrés et pour l’un d’entre eux, Ibni Oumar Mahamat Saleh (porte-parole de la Coordination des partis pour la défense de la démocratie-CPDC), probablement assassiné puisqu’il est toujours porté disparu. Un an après cette disparition, l’opposition politique et la société civile désespèrent d’être entendues dans leur volonté de construction d’un processus démocratique véritable et d’un retour à l’Etat de Droit. C’est pourquoi Survie réitère sa double volonté : celle de voir les parlementaires français se saisir du dossier en créant une Commission d’enquête pour établir la vérité sur l’implication de la France dans le conflit tchadien, et celle de voir l’Union européenne se mobiliser pour mettre un terme à l’ingérence française.


Archétype de la Françafrique, la relation entre la France et le Tchad est pleine de faux semblants, comme le simulacre de recherche de vérité sur les évènements dont nous célébrons aujourd’hui le triste anniversaire. La « Commission d’enquête sur les événements survenus en République du Tchad du 28 janvier au 8 février 2008 et leurs conséquences », créée à la demande du président français Nicolas Sarkozy pour apaiser les esprits (mais présidée par un proche de Déby) a rendu un rapport inabouti. Reconnaissant l’implication de l’Armée nationale tchadienne dans les disparitions et les violations de droits de l’Homme, ce rapport ne reconnaît pas celle de son chef, Idriss Déby, ce qui est inconcevable. La Françafrique poursuit ses abominables aventures.

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Les raisons de la colère contre le président de Madagascar

31 Janvier 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

31/01/2009 RUE 89
Tribune à Jean-Luc Raharimanana | Ecrivain |

Manifestation à Antananarivo de partisans du maire de la ville, Andry Rajoelina, le 28 janvier (Rasoanaivo Clarel Fanir/Reuters)


 


Suspendu aux nouvelles, voici qu’un ami résident aux Etats-Unis m’envoie un message: "Qu'est-ce qui se passe à Madagascar? Je croyais Marc Ravalomanana très populaire, et je ne comprends pas trop ce qui se passe." Cet étonnement résume parfaitement la situation, au moment où le maire de la capitale, Andry Rajoelina, se proclame nouveau dirigeant du pays.


Les médias avaient laissé Madagascar en 2002 à l’aube d’une ère nouvelle, démocrate bien évidemment, bien décidéà sortir la tête de sous l’eau du sous-développement. En 2002 donc, un peuple s’était levé pour renverser l’amiral sans flotte Didier Ratsiraka (vingt-trois ans au pouvoir en tout) et l’envoyer sans façon dans la banlieue misérable de Neuilly-sur-Seine.


L’histoire était belle, un petit laitier, pratiquement illettré, fils de pauvres paysans, avait bâti sa propre fabrique de yaourts, et, à force de travail et d’acharnement forgé un empire agroalimentaire, Tiko, avant de gagner, par les élections s’il vous plait, la Mairie d’Antananarivo, la "Ville des milles".


Un an après la mairie, il avait ravi la présidence de la République, et ce, grâce toujours à la force de sa volonté, à sa soif de réussite et de liberté. Il lui avait fallu pour cela entraîner tout le peuple malgache dans la révolte, contre des élections truquées et un deuxième tour joué d’avance en faveur de son adversaire, tenir des meetings contre la dictature, entretenir une révolution pacifique sur la place hautement symbolique du 13 mai, là où la première République néocoloniale était tombée en 1972, là où en 1991, Didier Ratsiraka était tombé pour la première fois avant de revenir en 1997.


Il lui avait fallu prendre les armes -une première dans l’histoire malgache-, pour conquérir complètement toute l’île. Le monde pensait qu’enfin, après tant de sang versé, 1947, 1972, 1991, Madagascar allait enfin connaître la paix et la prospérité. On ferma le ban.


L’île ne sera plus dorénavant qu’un dessin animé produit par Disney. "Madagascar 1". "Madagascar 2". Les enfants pensent même que les girafes, lions et autres hippopotames, personnages emblématiques du film, viennent de là, de cette île merveilleuse tenue par de joyeux macaques et lémuriens excentriques.

Même Amnesty International, très présent lors des troubles de 2002, la retirait des pays à observer prioritairement. Ravalomanana allait s’y engouffrer avec délectation.


Une justice aux ordres


Si les récentes images de pillages et d’émeutes ont surpris à l'étranger, il n’en va pas de même pour les Malgaches. Le feu couvait depuis la réélection de Ravalomanana en 2006, après une panne d’électricité bienvenue dans les locaux du ministère de l’Intérieur en plein décompte des voix…


Les émeutes étaient latentes, la situation était tendue: qui ne se souvient de la situation loufoque où un candidat à la présidentielle, Pierrot Rajaonarivelo, n’eut pas le droit de fouler le sol malgache? Mais également la constitution remaniée de manière à rendre impossible la candidature des métis.


On parla beaucoup de l’ivoirité de Bédié, mais le pur jus malgache est également disponible dans les rayons constitutionnels de nos tristes tropiques.


Car ce qui arrive aujourd’hui est bien le fait de Ravalomanana, l’homme en qui une très grande majorité de malgaches avaient placé leurs espoirs, l’homme qui, ayant su bâtir son empire commercial, ne pouvait que réussir à la tête du pays. Mais Ravalomanana a raté l’occasion de devenir un grand homme.


Une complicité des bailleurs


La France, comme les autres bailleurs de fonds, ne sont pas dupes de la nature dictatoriale du régime de Ravalomanana, mais le cynisme économique n’a que faire de ces questions, le FMI comme la Banque Mondiale misent sur lui pour garantir un pouvoir "stable" et "cohérent", afin que le commerce et les investissements se déroulent dans un "climat et un environnement favorables".


Ces pays, institutions et entreprises internationaux en sont pour leurs frais ces derniers jours…

Si les émeutiers de ces derniers jours s’en sont pris en premier lieu aux biens et entreprises liés à Ravalomanana, ce n’est guère étonnant. Si les zones franches et centres commerciaux sont pris pour cibles, ce n’est guère étonnant.


Un nombre important d’internautes crient au suicide économique par ces pillages systématiques, il est vrai que Madagascar y va tout droit maintenant. Mais est-ce bien surprenant quand les politiques présentent la pauvreté comme un atout économique à préserver, le moindre coût de la main d’œuvre, l’absence de protection sociale qui rend la vie facile aux zones franches (qu’on appelle vu d'Europe les entreprises délocalisées)?


Est-ce bien surprenant quand ces mêmes politiques arguant d’un investissement à long terme promet à la location 1.300.000 ha, la moitié des terres cultivables du pays, pour une entreprise privée, le sud-coréen Daewoo, pour une culture de maïs transgénique, toute destinée à la population coréenne?

Est-ce bien surprenant quant les pillages des ressources minières se font au grand jour?


Le partenariat privé/public, un empire économique


Populaire avant son accession au pouvoir par sa réussite économique, Ravalomanana n’a pas mis longtemps à confondre ses affaires avec celles de l’Etat. L’innocence des Malgaches n’a d’égal que leur soif de liberté et de vie meilleure, à tel point que lorsque Ravalomanana leur a lancé son slogan "minoa fotsiny" -"croyez seulement"-, ils n’y ont vu qu’une parole messianique qui allait les sortir de cet enfer de la pauvreté, un peu comme le "travailler plus pour gagner plus"...


Dès les premiers mois de son mandat, Ravalomanana a mis en place son pouvoir autocratique afin d’étendre son empire économique. Neutralisation de ses amis politiques et diabolisation systématique de ses adversaires.


La terreur instaurée au sein même du gouvernement permet d’écarter toute fuite d’information et toute rébellion contre le système mis en place. Ainsi de la politique du partenariat privé/public, inspiré que du nom du Blairisme, le discours tenu se résumant au fait que le privé et le public doivent travailler la main dans la main pour développer ensemble le pays, toutes les ressources vives de la nation devant contribuer à cet objectif louable de lutte contre la pauvreté.


Il s’agit en réalité d’une fusion du privé et du public, le privé étant dans ce sens les entreprises du Président, de sa famille et de ses amis. Le groupe TIKO se diversifie alors d’une manière impressionnante, ne se cantonnant plus à l’agro-alimentaire. Pratiquement tous les appels d’offre passés par l’Etat Malgache tombent dans l’escarcelle de TIKO Group qui s’étend maintenant dans tous les domaines économiques, de la cimenterie à la riziculture, de la construction au tourisme, de l’abattoir à la limonaderie…


Ainsi, faute d’atteindre Iavoloha, le palais présidentiel, les émeutiers ont rendu cendre l’auditorium de MAGRO (Madagascar Grossiste), entreprise capitale de Ravalomanana qui distribue les denrées alimentaires dans pratiquement tous les coins de l’île.


L’affaire Daewoo


Le coup de force d’Andry Rajoelina d’inaugurer une "place du la démocratie", le 17 janvier 2009, répond à une interdiction de fait. Le défi de la population d’Antananarivo à Ravalomanana est là, celui d’avoir élu un "gamin" de 34 ans à la Mairie de la ville, celui d’avoir répondu à son appel à manifester Place du 13 mai la semaine d’après, le 24 janvier, début de l’escalade.


Car la folie de Ravalomanana est montée d’un cran depuis juillet 2008, période où il a signé la cession des terres malgaches aux coréens de Daewoo. Ce qu’il faut savoir, c’est que Ravalomanana a modifié en profondeur le rapport aux propriétés foncières de l’île.


La location du million trois cent mille hectares à Daewoo intervient ainsi dans un contexte tendu que la création du ministère de la Réforme foncière, des Domaines et de l’Aménagement du Territoire n’a fait qu’aviver…


Pour les Malgaches tenant à la "terre des ancêtres", cette cession aux Coréens est une trahison irréversible du sacré, d’autant plus que Ravalomanana a caché l’affaire à la population, et il aura fallu que le Financial Times vende la mèche. Malgré le démenti gouvernemental et de Daewoo, l’affaire ne passe pas auprès de l’opinion publique, d’autant plus que de grandes quantités de terrain sont déjà cédées dans les régions concernées.


Dans ce climat de confrontation, le 17 janvier donc, le maire inaugure la place de la Démocratie, appelle la population à entamer une grève générale dès le 24 janvier. Il pense refaire le coup de 2002, mais n’a pas assez pesé la situation. Les symboles de l’injustice sont trop nombreuses dans la rue, les étiquettes Tiko sont partout. La population n’attendait qu’un signe pour casser ces symboles et pour se servir enfin…


Lundi et mardi noirs


L’armée refusant d’obéir à Ravalomanana laissa les pilleurs faire leurs boulots pendant deux jours et une nuit. Ce n’est que la nuit du mardi qu’en accord avec le Maire Andry Rajoelina dépassé par les événements qu’elle accepta d’intervenir. Est-ce le signe que Ravalomanana ne dispose plus de la confiance de toute l’armée ? Les deux camps revendiquent en tout cas le mérite d’avoir fait « agir » l’armée.


Se posant comme un potentiel président de la République, Andry Rajoelina réclame aujourd’hui un gouvernement de transition et exige d’être à sa tête, démocratie? Sans programme, sans proposition, sans véritable parti politique, n’est-il seulement porté par une ambition personnelle en accord avec son parcours étrangement semblable à celui de son adversaire Ravalomanana?


Et qu’en pense la majorité de la population? Ces derniers jours terribles ressemblent plus à une émeute de la faim d’une population poussée à bout et à un refus de la politique dictatoriale de Ravalomanana qu’à un plébiscite franc à un programme politique précise.


Entre un ultralibéralisme sans contrôle et un désir exacerbé de sortir de la misère, Madagascar se trouve à un tournant – encore une fois de son histoire. Tenu sans scrupule par un réel autocrate, l’île a cette tentation de confier une fois encore son destin à un homme providentiel, Andry Rajoelina s’efforçant d’endosser cette tenue.


Ce drame se déroulant dans le silence coupable de la communauté internationale me semble pourtant être un miroir terrible de notre époque, entre crise alimentaire des peuples et voracité des spéculateurs, entre crise idéologique et collusion du politique et du patronat, l’exemple malgache ne peut que faire réfléchir, même dans ces pays de l’opulence et du progrès, ces pays du chômage et du licenciement, ces pays de la crise financière et de la relance…


Vivant en France depuis plus de quinze ans, exilé me qualifie-t-on souvent comme écrivain, immigré à coup sûr, sans papiers au faciès, originaire d’un pays pauvre, je ne me suis jamais senti autant chez moi que ces derniers temps de casse sociale et de surenchère politique…


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"Madagascar 1947" : censure d’Etat pour une pièce de théâtre

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Photo: manifestation à Antananarivo de partisans du maire de la ville, Andry Rajoelina, le 28 janvier (Rasoanaivo Clarel Fanir/Reuters).

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La France et le génocide au Rwanda. Le rapport Poncet, ou la volonté de cacher la réalité.

29 Janvier 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

Jeudi 29 Janvier


La France et le génocide au Rwanda. Le rapport Poncet, ou la volonté de cacher la réalité.


Survie a décidé de mettre en ligne sur son site ci-dessous le rapport du colonel Poncet rendant compte de l’opération Amaryllis, opération d’évacuation des ressortissants étrangers au début du génocide au Rwanda en avril 1994.


Dans ce rapport, le colonel Poncet rend compte du souci de l’armée « de ne pas leur montrer [aux médias présents sur place] des soldats français limitant l’accès aux centres de regroupement aux seuls étrangers […] ou n’intervenant pas pour faire cesser des massacres dont ils étaient les témoins proches ».


Ce rapport, qui se trouvait depuis un an sur le site de la Commission d’Enquête Citoyenne (CEC) en a été retiré sur l’injonction de la Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI) qui regroupe l’ancienne DST (Direction de surveillance du territoire) et les anciens RG (Renseignements généraux).


Quinze ans après les faits, et alors que l’histoire de cette période est l’objet de controverses, l’accès aux documents d’archives est essentiel pour en éclairer véritablement les circonstances. Mettre obstacle à l’information sur ce sujet fait peser le soupçon de dissimulation de certains éléments utiles à la manifestation de la vérité.


Les documents peuvent être interprétés diversement par diverses personnes. Pour que les citoyens puissent se faire une opinion librement, il est important qu’ils aient accès à ces documents. Nous agissons donc en faveur de la liberté de recherche et d’information.


 

Lien direct (à copier-coller dans votre barre d’adresse) pour télécharger le document (6 pages dont seulement 2 de texte) :
http://survie.org/cr-amaryllis-270494.pdf

Lien (à copier-coller dans votre barre d’adresse) vers la page du site national de Survie :
http://survie.org/La-France-et-le-genocide-au-Rwanda.html

 

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Emeutes sociales de Kédougou (Sénégal), appel...

28 Janvier 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

30 Janvier 2009


Le 23 décembre 2008, environ 2000 jeunes de Kédougou (région du sud-est du Sénégal), soutenus par l’immense majorité des 25 000 habitants, ont manifesté dans les rues contre la pauvreté, la spoliation des terres, pour l’emploi dans les mines d’or de Sabodala, pour la transparence du fonds social minier qui gère des milliards de francs CFA mais incapable de payer régulièrement le loyer de l’immeuble habité par les étudiants de Kédougou à Dakar. Ce fonds, alimenté par les compagnies minières (Arcelor Mittal, Oromin, LTD) opérant dans la région, est géré dans l’opacité totale par l’Etat alors qu’il est destiné à soutenir le développement des localités proches des zones d’exploitation aurifères et à la prise en charge sociale des étudiants.


La répression de la manifestation par l’armée a fait trois morts et de nombreux blessés. En réaction, les manifestants ont saccagé et incendié des locaux administratifs.
Les renforts de police et de gendarmes mobiles ont procédé à l’arrestation de 30 personnes considérées comme les instigatrices du mouvement.
Des aveux ont été arrachés par la torture et la violence.
Le 9 janvier 2009, le tribunal régional de Tambacounda a condamné 18 jeunes à des peines de 10 ans, 7 ans et 5 ans. Le lendemain, une dix neuvième personne a été arrêtée.
La lourdeur des sanctions traduit la volonté du gouvernement de criminaliser un mouvement qui est une révolte sociale contre l’injustice et la pauvreté, vécues par toute une région, pourtant, l’une des plus riches du Sénégal, par ses potentialités agricoles et minières.


Ce sont des étudiants pour la plupart dont une jeune fille en licence de sciences économiques, qui ont été condamnés pour avoir participé à une manifestation qui se voulait pacifique. Mais le refus des autorités administratives de légaliser la marche ainsi que le meurtre par balles de l’armée du jeune Sina SIDIBE ont conduit aux violences contre les biens de l’Etat.


Il importe aujourd’hui de tourner la page des événements douloureux pour ouvrir un dialogue constructif entre tous les acteurs du développement local, autour des préoccupations des populations de la région de Kédougou.

Dans cette perspective, nous, collectifs des Kédovins de France et d’Espagne, appelons les autorités de notre pays à libérer les 19 détenus de Tambacounda.
Nous invitons tous les militants des droits de l’homme et de la paix à agir pour obtenir la libération de ces jeunes.



Contact:collectifkedovinsdefrance@gmail.com
Blog :http://kedovinsdefrance.over-blog.com
Site : http://www.kedougounews.com
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Emeutes à Kédougou (Sénégal), tribune à l'association Coeur métis

22 Janvier 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

Mardi 20 Janvier 2009


Tribune à Muriel Biton,

Vice-présidente de l'association Cœurs Métis en France et fondatrice du GIE KEUR METIS à Kédougou.

Les émeutes de Kédougou (sénégal)


Kédougou, petite ville du bout du goudron dans le Sénégal Oriental, à 750 km de Dakar, 30 km de la Guinée et 80 km du Mali. Ville carrefour et cosmopolite (Peuls, Malinkés, Dialonkés, Bassaris, Bedicks... nouvellement Wolofs, Sérères, Diolas, Maures...), zone riche en minerais (or, marbre, fer...) Érigée en Région depuis 2008 alors que jusque-là, elle n'était qu'un département de la région de Tambacounda où il y avait le bagne !



L'arrivée depuis quelques années des sociétés minières, donne beaucoup d'espoir aux habitants de la zone, mais les retombées sociales sont ridicules: énormes problèmes d'eau en saison sèche (50° pendant 4 mois), et peu d'évolution dans les domaines de la santé, l'éducation et l'emploi. Les tensions montent, les étudiants demandent à organiser une manifestation pacifique pour exprimer leur mécontentement, elle leur est refusée trois fois. C'est donc sans encadrement qu'ils manifestent le 23 décembre dernier et que suite à la mort du jeune Sina Sidibé (tué d'une balle dans la tête par les militaires), le drame se produit : trois morts, de nombreux blessés, la disparition d'armes et des dégradations matérielles considérables. S'en suit une chasse aux sorcières, 44 personnes arrêtées, 21 personnes jugées le 9 janvier 09, condamnées à des peines allant de 5, 7 à 10 ans de prison ferme.


Voilà le contexte, ce qu'a été l'évènement du 23 décembre et les conséquences dramatiques, dans une région où les problèmes ne font que commencer, puisque les tensions ne sont justement pas retombées suite à ce procès injuste et arbitraire.


Les étudiants de Kédougou expriment très bien leurs revendications dans la lettre adressée au président Mr Wade. Après avoir essuyé trois refus des autorités pour organiser cette manifestation, ils l'ont quand même faite.

La lettre des étudiants écrite au président de la république : http://www.kedougounews.com/voir_news.php?id_news=105

 



Condamné à 10 ans de prison ferme suite aux événements de Kédougou !

Mais qui a peur d'Ithiar Paulin Boubane ?



Comment un étudiant sénégalais, pacifiste, visionnaire, acteur bénévole du développement pour le Sénégal Oriental a-t-il pu être condamné à 10 ans de prison ferme ?


L'histoire d'un étudiant généreux et ambitieux :

Ithiar Paulin Boubane (23 ans) est originaire de Egatch, dans la région de Kédougou. C'est un jeune de la brousse, une des ces brousses si éloignées de la capitale. Après un véritable parcours du combattant, il réussit brillamment ses études, empoche le bac à 18 ans, dans la ville de Kédougou, puis avec le soutien financier de sa communauté, part étudier à Dakar. Nouvelles études brillantes qui lui permettent d'intégrer en 2008 le Master Tourisme à la prestigieuse école supérieure IAM de Dakar. Car depuis le départ, Ithiar sait ce qu'il veut, étudier et apprendre pour retourner dans sa région et la développer. Il croit à un tourisme solidaire et écologique, qui bénéficierait d'abord aux populations, tout en préservant l'une des plus belles régions du Sénégal.


Mais ce n'est pas tout, conscient des difficultés paysannes et de scolarisation dans sa région, Ithiar Paulin Boubane s'est très tôt engagé bénévolement pour le développement du Sénégal Oriental :

- Depuis 4 ans, il participe à des actions utiles et solidaires dans les domaines de l'agriculture, de la scolarisation et du tourisme solidaire avec le GIE KEUR METIS à Kédougou. En 2008, il devient secrétaire du GIE KEUR METIS, et principal correspondant de l'association Cœurs Métis en France.

- Parallèlement, il crée et préside l'Association Nationale des Elèves et Etudiants Bassaris, l'ANEEB. Il s'agit d'une structure d'entraide et de relais pour le soutien scolaire et l'hébergement des élèves de brousse qui étudient à Kédougou, Tambacounda et Dakar.

Des projets utiles pour 2009

Cofinancer la fabrication de charrues pour encourager l'autosuffisance alimentaire, faciliter la scolarité de nombreux enfants en écoles de brousse et développer le tourisme solidaire en relation avec des partenaires français, tels sont les principaux objectifs des nombreux projets concrets que Ithiar Paulin Boubane comptait conduire en cette année 2009.



Une manifestation qui tourne mal

Décembre 2008, Ithiar Paulin Boubane revient à Kédougou pour passer les vacances de fin d'année en famille, et organiser ses actions avec le GIE KEUR METIS. Il retrouve ses amis et frères les étudiants de Kédougou, et d'autres jeunes, plus ou moins en galère, et dont l'avenir est incertain : ils se demandent en effet « Comment rester dans notre région natale si l'on n'y trouve pas d'emploi ? La migration vers Dakar d'abord puis l'émigration sur les pirogues ensuite sont-elles une fatalité ? Pourquoi les promesses de nos gouvernants ne sont-elles jamais tenues ? Pourquoi les sociétés minières recrutent-elles en masse du personnel étranger et pas nous ? Nos sœurs sont tentées par la prostitution, nos pères par la corruption, nos terres sont bradées, nos valeurs bafouées...Nous devons nous faire entendre car nous avons des droits... » En tant que grand frère, Ithiar Paulin Boubane s'implique dans l'organisation de la manifestation pacifique du 23 décembre et il m'écrit : «(...)Suite à une marche que nous, étudiants de Kédougou, avons organisé pour revendiquer et dénoncer certains fléaux comme le chômage et la propagation du SIDA, nous avons été contraints par la brigade et les militaires ! (...) ». Oui ! La manifestation déborde, des coups de feu, des blessés et même un mort...


Victime de sa générosité et de son intégrité ?

Peu après, Ithiar Paulin Boubane est cueilli dans son village à 80 km de Kédougou, puis emprisonné à Tambacounda. Il a été jugé vendredi 9 janvier 2009 et condamné avec d'autres jeunes Kedovins à 10 ans de prison ferme !

C'est vrai que Ithiar Paulin Boubane aurait mieux fait de ne penser qu'à sa réussite personnelle et s'assurer sa place au soleil...C'est vrai que Ithiar Paulin Boubane aurait mieux fait d'abandonner sa misérable région et d'aller remplir les pirogues de la honte... C'est vrai aussi qu'il aurait dû faire de la politique politicienne, égoïste et corruptrice... NON ! Ithiar Paulin Boubane a choisi d'être solidaire de sa région et des siens. Il a des convictions profondes : étudier dans son pays pour rester libre de vivre chez lui, en toute dignité. Voilà probablement pourquoi il a été condamné à 10 ans fermes. Jeune homme intègre, doux et généreux, jeune homme épris de justice, juste un peu indigné par ce qui se passe dans sa région... Jeune homme qui manifeste et qui paie pour les autres, parce qu'un jeune homme qui réfléchit et qui s'investit dans le bien être de sa communauté, c'est un jeune homme dangereux...10 ans fermes !!!!!


« Lorsqu'il faut choisir entre liberté et érudition, qui ne dira que l'on doit mille fois préférer la première à la seconde ? ».


C'est sûrement cet adage de Gandhi qui aura valu 10 ans fermes à Ithiar Paulin Boubane.

Mais aujourd'hui, où sont les preuves que Ithiar Paulin Boubane a participé aux dégradations et aux vols d'armes commises à Kédougou suite à la mort du jeune Sidibé ? Aujourd'hui, comment maintenir l'espoir de plusieurs générations si on emprisonne aussi facilement ceux qui arrivent à mener tant bien que mal leurs études, ceux qui s'impliquent personnellement dans le développement social de leur région ? Comment ne pas craindre que cela continue, que le sentiment d'injustice l'emporte et que la situation ne s'aggrave ?


Il faut libérer immédiatement Ithiar Paulin Boubane, Fatim Ba, Issa Diallo, Aliou Monekhata et leurs amis. Tous ces jeunes leaders associatifs, d'Ong, d'amicales sont les forces vives du futur de la région de Kédougou, ils sont engagés pour leur avenir, celui de leurs communautés. Ils sont embastillés à cause de leurs engagements ! Mais qui a peur d'eux ??


Muriel Biton, mbcoeursmetis@yahoo.fr

Vice-présidente de l'association Cœurs Métis en France et fondatrice du GIE KEUR METIS à Kédougou http://www.cœurs-metis.org


Informations supplémentaires sur:

 kedougounews.com.

et le blog du collectif kédovins de France http://kedovinsdefrance.over-blog.com 

 

Et un article écrit par Gilles Labarthe,(auteur du Dossier Noir sur "l'or africain") qui s'était rendu à Kédougou l'an dernier, pour faire le point sur la situation des sociétés minières de Sabodala :

http://www.datas.ch/article.php?id=551


 

 

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