Collectif pour la défense des terres malgaches - Affaire Daewoo
le 23 décembre 2008 - communiqué du
Collectif pour la défense des terres malgaches
Affaire Daewoo
Nous avons appris le 19 novembre dernier, par la presse internationale, les déclarations du directeur financier de Daewoo Logistics, Shin Dong-hyun, annonçant la signature d’un bail emphytéotique de location pour 99 ans, entre cette société et les autorités malgaches, de 1,300 millions d’hectares de terrains arables. Les détails du contrat sont préoccupants et sans précédent :
- La surface louée représente l’équivalent de la moitié de la Belgique , et correspond à la moitié des surfaces cultivables à Madagascar.
- Les termes du contrat ne prévoient pas de versement d’argent à l’Etat malgache, les investissements dans les infrastructures nécessaires à la réalisation du projet tiendraient lieu de ‘prix de location’.
Les principaux ministres malgaches concernés ainsi que les représentants de Daewoo à Madagascar ont démenti en insistant sur le fait que le projet en est seulement au stade de prospection de terrains et de négociations. Mais différents témoignages venant du terrain montrent que les protagonistes de cette affaire sont déjà passés à l’acte dans différentes régions : Madagascar Futur Entreprise Group, représentant de Daewoo sur place, a déposé des demandes d’acquisition de terrains et a parfois déjà obtenu l’autorisation pour 94 182 hectares dans le district de Brickaville, 33 767 hectares dans le district de Toamasina II, 40 000 hectares dans le district de Vatomandry, plus de 50 000 ha dans le district de Maintirano. De vastes terrains dans la région SAVA seraient déjà également en cours de transfert de propriété.
Ces informations parues dans la presse sont confirmées par les populations locales qui ont vu ou entendu parler d’Asiatiques effectuant des mesures de terrains avec les autorités régionales en vue de l’acquisition de terrains. Ainsi
- des responsables locaux sont complices,
- certains ont peur d’en parler par peur de représailles,
- d’autres n’avaient pas compris les tenants et les aboutissants de ces « opérations » sur le terrain, pensant qu’il s’agissait d’une opération qui apporterait des bienfaits à la localité ou à la région,
- Les transactions se déroulent en l’absence de transparence de la part des autorités.
Cette « location » de terres est particulièrement inacceptable car
- la location pour 99 ans - renouvelable - porte sur des superficies immenses réparties dans plusieurs régions et porte atteinte à l’existence future d’une patrie pour l’ensemble des Malgaches qui considèrent les terres de leurs ancêtres comme un bien « sacré » ;
- cette location pour 99 ans spoliera de nombreuses familles, et à terme la majorité des paysans, des terres où elles vivent et travaillent pour vivre et survivre ;
- elle a été faite dans le dos des populations malgaches, « dans le secret » sans respect des procédures habituelles, alors qu’elle engage des parties importantes du territoire et donc la souveraineté nationale ;
- la contrepartie ‘gratuite’ entretient de gros soupçons sur la vente du patrimoine national pour l’enrichissement d’un petit nombre d’individus au détriment des générations futures ;
- Le traitement des dossiers des terrains convoités par Daewoo bénéficie de faveur particulière dans sa rapidité alors que les paysans et tous les citoyens malgaches rencontrent des difficultés insurmontables dans la lenteur des procédures pour acquérir des titres de propriété ;
- Les plantations programmées et effectuées par Daewoo inquiètent gravement car les récoltes sont destinées à être exportées immédiatement pour l’alimentation des Coréens, et non pour celle des Malgaches. Par ailleurs, les informations diffusées par la presse internationale parlant de culture de maïs dans la partie ouest de l’île – le maïs est réputé pour dessécher les terres de culture -, les semences de maïs seraient importées de Costa Rica et des Etats-Unis – ne s’agira-t-il pas de maïs transgénique ? La partie Est de l’île serait destinée à la plantation de palmiers à huile dont les semences viendraient d’Indonésie : certains palmiers à huile cultivés dans ce pays sont pourtant célèbres pour tuer toute la végétation environnante et détruire la biodiversité (« l’huile tueuse »).
Tenant compte de tous ces éléments,
Nous, membres du Collectif pour la Défense des Terres Malgaches, avons décidé de nous regrouper et d’agir pour
- Exiger des responsables qui participent à tous les niveaux à cette location d’arrêter immédiatement toutes les actions et toutes les procédures engagées afin de réviser les termes du contrat,
- Demander aux autorités malgaches de faire preuve de transparence et de donner à la population malgache et aux populations du monde toutes les informations sur cette affaire,
- Exiger des autorités et responsables qu’ils respectent les lois et procédures en vigueur, notamment les formalités de publicité visant l’information des voisins et opposants éventuels,
- Se rapprocher des citoyens et paysans malgaches pour leur manifester notre soutien et les encourager dans les luttes qu’elles mènent pour la défense de leurs terres,
- Lancer un appel à tous nos compatriotes au pays et à l’extérieur pour être vigilants, et dénoncer toute décision ou tentative de priver les populations malgaches progressivement des terres de leurs ancêtres au nom d’un libéralisme aveugle,
- Alerter l’opinion internationale sur les agissements dangereux de cette sorte dans notre pays et appeler le soutien et la solidarité de tous,
- Appeler les ressortissants des pays qui subissent déjà la même situation, à travailler ensemble pour que cette nouvelle forme de néocolonialisme qui se développe dans plusieurs pays, cesse immédiatement grâce à la coordination de nos actions.
L’opinion publique malgache, informée par la presse internationale, est particulièrement en alerte car plusieurs grands projets déjà en cours à Madagascar démontrent la réalité de contrats dont les termes conjuguent une exploitation drastique des richesses du pays par les investisseurs étrangers avec des bénéfices insignifiants pour la nation et les populations malgaches.
LE COLLECTIF POUR LA DÉFENSE DES TERRES MALGACHES
Est un collectif d’individus d’origine malgache, déterminés à unir leurs forces et à travailler ensemble pour s’opposer à la spoliation des paysans et des citoyens malgaches de leurs terres.
Son objectif est de rassembler les Malgaches sans discrimination aucune, prêts à s’investir pour la réalisation de cet objectif.
Ses actions dans le court terme consisteront notamment à :
- Défendre les terres malgaches en collaboration avec les populations et organisations au pays,
- Diffuser des informations sur la situation à Madagascar auprès des populations et organisations dans le monde pour qu’elles soutiennent les paysans malgaches dans leur lutte pour la défense de leurs biens et de leurs terroirs,
- Diffuser des informations auprès des Malgaches de toutes les régions sur ce qui se passe dans le monde et sur les objectifs, méthodes et risques liés à des opérations telles que celle-ci, pour qu’ils soient vigilants et sachent se défendre,
- Echanger et collaborer avec les populations des autres pays victimes des prédateurs similaires pour défendre leurs paysans et leurs terres.
Paris, le 23 décembre 2008
Si vous souhaitez nous rejoindre, nous soutenir, envoyer des messages et propositions, contactez-nous à l’ adresse e-mail : patrimoinemalgache@yahoo.fr
Vous pouvez aussi signer la pétition:
Rediffusion des émissions radio "francafrique"
Rediffusion des émissions "francafrique"
Rapport Mucyo - "Nicolas Sarkozy et la Françafrique décomplexée " - L'affaire Borrel - Entretien avec Odile Tobner (Biyidi) - "Que fait la france au Tchad"- "l'or africain" - Brice Mackosso - Tiken Jah Fakoly - Thomas Sankara - Discours de Dakar - Privatisation du Dakar Bamako - etc...
Venez (re)découvrir les émissions de Survie Toulouse depuis 2 ans sur les ondes de radio Campus Toulouse...
Clip: Artistes Unis pour Norbert Zongo
info: www.norbertzongo10ans.net
Pour signer la pétition demandant la réouverture du dossier Norbert Zongo :
Cliquez ici et laissez vos nom et prénom(s), vos nationalité et lieux de résidence, votre profession et, éventuellement, un commentaire.
Madagascar- L’affaire Daewoo confirmée ...
« Madagascar Futur Entreprise Group », pour ses plantations de palmier à huile, à déjà déposé des demandes en bonne et due forme au service régional des Domaines de Toamasina. A vrai dire, cette société sud coréenne n’est plus en phase de « prospection de terrains afin d’identifier les terrains cultivables », mais, tout au contraire, elle est déjà dans une phase plus avancée. Dans la région Melaky, plusieurs terrains ont également été demandés par la société Mfe.
Emission françafrique n°12: L'Angolagate
Françafrique, Mafiafrique et l'angolagate
De gauche à droite, Pierre Falcone, Arcadi Gaydamak - présentés comme les organisateurs du trafic d'armes présumé vers l'Angola entre 1993 et 2000 - ainsi que Charles Pasqua et Jean-Christophe Mitterrand. © AFP
Soirée débat: Que fait la france au Tchad?
Mercredi 17 décembre, salle du sénéchal à 20H30
L’association Survie vous invite à une
conférence-débat Tchad, Darfour, Centrafrique Quelle politique pour la France ?
QUE SE PASSE-T-IL AU TCHAD ? AU DARFOUR ?
Après les évenements de février 2008 au Tchad (entrée des rebelles à Ndjamena, coopération militaire française, arrestation de personnalités de l’opposition), quels sont les enjeux politiques, économiques et militaires dans cette région ? L’EUFOR représente-t-elle un espoir pour le Darfour ? Comment la France, qui prétendait vouloir la « rupture », qui souhaitait « en finir avec la françafrique » peut-elle soutenir toujours et encore la dictature d’Idriss Déby ?
avec Vincent Munié Journaliste, enquêteur pour plusieurs ONG notamment en Centrafrique et au Tchad. et Oumar Mahamat Dahab, président de l’association des Tchadiens de Midi Pyrénées (qui parle ici en son nom personnel)
"Madagascar 1947" : censure d’Etat pour une pièce de théâtre
13 décembre 2008
47 de Raharimanana / mise en scène Thierry Bedard / notoire de l'étranger(s)
Objet :
spectacle 47 / Raharimanana / mise en scène Thierry Bedard
créé le 19 septembre 2008
au Centre Culturel Français Albert Camus / Antananarivo / Madagascar
présenté le 26 septembre 2008
au Festival des Francophonies en Limousin, puis en tournée en France.
Le 15 novembre 2008
à Monsieur Bernard Kouchner, Ministre des Affaires Etrangères et Européennes,
En septembre dernier, une équipe française et malgache a créé un spectacle intitulé 47, qui traite de l’insurrection malgache contre la colonisation française.
Un spectacle qui “nous interroge sur les rapports entre colonisés et colonisateur, entre pouvoir actuel et passé, sur le silence de part et d’autre, sur l’écriture de l’histoire par le Nord et la
nécessité d’interroger cette histoire par le Sud”.
Un spectacle, comme l’ont souligné tous les critiques, qui ne présente aucun manichéisme, et traite avant tout du silence effroyable qui pèse sur cette tragédie oubliée. Que ce travail soit porté
par des français et des malgaches, amène un "sensible" qui a bouleversé les spectateurs aussi bien à Antananarivo qu'en Métropole …
Le 5 novembre 2008, à Addis Abeba, a eu lieu une Réunion régionale annuelle de programmation culturelle et artistique pour la zone de "l’Afrique Australe Orientale et de Océan Indien", qui a
succédé à une réunion présidée par la Directrice générale de la DgCID, Mme Anne Gazeau-Secret, réunissant les conseillers de coopération et certains directeurs de CCF et Alliances françaises,
ainsi que des représentants de l'Etat (Ministère de la Culture) à Mayotte et à La Réunion.
A la demande de la “direction politique” (?) de la DgCID, le spectacle 47, soutenu dès l’origine par Culturesfrance, et ayant reçu un avis favorable pour une tournée dans l’Océan Indien, a été
retiré des propositions de programmation.
Nous souhaiterions donc urgemment connaître les raisons qui ont justifié ce retrait inacceptable.
A Madagascar, une grande partie de la "société civile", nous a rendu hommage, et l'ensemble des historiens (en particulier des jeunes historiens) proches de Lucile Rabearimanana, cette grande
historienne spécialiste de l'histoire contemporaine, était en accord avec notre démarche. Cette personne était présente aux deux représentations et a organisé une rencontre à l'Université. Elle a
dit publiquement l'importance de l'accord entre des artistes et des scientifiques - c'est rare -, car notre travail traitait avec justesse de ce rapport complexe entre la mémoire et l'Histoire.
Et en particulier, de l’Histoire de France. Il nous semble que le texte travaillé, d’après Madagascar 1947 publié en 2007, est "en ordre" sur cette question. Une question de plus en plus “lourde”
en France ...
Un sujet qui a immédiatement rencontré un public important en Métropole, un sujet qu’il nous semble absolument nécessaire de “porter”, dans les Centres Culturels Français.
Nous aimerions donc connaître votre sentiment – c’est certainement le bon terme -, et votre position sur ce sujet.
Est-il impossible de revenir sur l’histoire commune, en ce cas, de nos deux pays ? Tel que l’avait en particulier proposé le Président de la République Jacques Chirac, en 2005. Soixante ans après
un drame qui a fait des dizaines de milliers de victimes, pour la plupart civiles. Drame qui a une portée en Afrique, comme vous le savez, très importante.
Est-il impossible de présenter notre travail, exemplaire, sous la responsabilité “morale” du Ministère des Affaires Etrangères ?
Ou, plus benoîtement, est-ce que la “question culturelle” est encore une question importante au sein de votre Ministère ?
Dans le cas de notre démarche, nous souhaitons insister encore une fois sur le caractère de cette rencontre entre des artistes malgaches et français, qui n’hésitent pas à se confronter à leur
histoire commune aussi violente soit elle. Ce que de nombreux artistes et intellectuels des deux continents énoncent actuellement comme nécessaire, sans parler de l’urgence de telles rencontres
…
Nous ressentons donc évidemment l’interdit de présenter notre travail comme une “Censure d’Etat”. Rare et incompréhensible. Censure contre laquelle nous sommes près à nous opposer.
En attente de votre réponse, Monsieur le Ministre, veuillez agréer l’expression de nos salutations distinguées.
Jean Luc Raharimanana, écrivain,
Thierry Bedard, metteur en scène, et toute l’équipe du spectacle 47,
Jutta Hepke, Éditions Vents d’ailleurs.
L’UNICEF ne doit pas cautionner le pillage de l’Afrique !
Le 24 octobre dernier, l’UNICEF-France a signé un partenariat avec la Compagnie Fruitière, autour du slogan « 1 kilo de fruits acheté = 1 sourire pour un enfant en Afrique ». Il s’agit en effet pour cette grande entreprise de reverser, pour chaque kilogramme de fruits vendu en France, 2 centimes d’euros à l’UNICEF pour financer des actions, notamment en faveur de la scolarisation des filles au Sénégal. En échange l’UNICEF autorise la Compagnie Fruitière, grande entreprise d’importation de fruits tropicaux (bananes, mangues, ananas, etc…), à communiquer largement sur ce partenariat, en utilisant notamment le logo du Fonds des nations unies pour l’enfance.
Nous pourrions nous réjouir de ces fonds supplémentaires pour financer l’action de l’UNICEF en faveur des enfants africains. Mais le poids politique de ce partenariat doit se mesurer à la lueur des conditions sociales et environnementales de production dans les plantations de la Compagnie Fruitière ou de ses filiales comme la PHP :
• ouvriers agricoles sous-payés (exemple : 25 000 F CFA au Cameroun, soit moins de 38€/mois, jusqu’aux émeutes de février dernier)
• conditions de travail inacceptables et discipline de fer (Mgr Christian Tumi, archevêque de Douala, témoigne : « les droits fondamentaux des gens ne sont pas respectés » )
• recours à l’appareil répressif local pour étouffer les revendications de la société civile (exemple : emprisonnement du maire de Njombe Penja, au Cameroun, qui avait averti les autorités que « les sociétés [dont PHP] ne payaient pas d’impôts ni de taxes depuis trente ans » , n’acceptant pas que sa commune continue à être « une zone très riche avec des populations très pauvres » )
• pratiques agricoles au mépris de l’environnement local et de la santé des travailleurs (exemple : dans les plantations de Côte d’Ivoire, emploi d’un pesticide hautement toxique, le DBCP, interdit aux USA)
Hélas les exemples ne manquent pas et il nous serait impossible de les énumérer tous ici.
Pour ces différentes raisons nous pensons que la Compagnie Fruitière porte le plus souvent une lourde responsabilité dans le fait que des enfants africains aient « perdu le sourire » . Pour mémoire, rappelons que la jeunesse camerounaise s’en est prise, lors des « émeutes de la misère » de février dernier, aux sociétés françaises dont la PHP, au cri de « nous ne sommes pas des esclaves ! » .
Le partenariat signé avec cette institution permet donc à la Compagnie Fruitière non seulement de dissimuler cette terrible réalité, mais également de délivrer une publicité quasi-mensongère à faible coût. En effet, les dons qu’elle effectue pour cette action, contrepartie à l’utilisation de la notoriété et du logo de l’UNICEF, sont fiscalement déductibles pour l’entreprise.
Nous demandons donc à l’UNICEF de renoncer urgemment à ce partenariat et de le dénoncer par voie de presse, afin de ne pas cautionner davantage ce scandale. La direction pouvait ne pas en avoir conscience lors de sa signature, mais aujourd’hui elle sait ; nous demandons donc qu’elle agisse.