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Survie Midi Pyrénées

Les observatoires de santé d’Areva au Niger et au Gabon : Payer (un peu) pour polluer librement.

29 Juin 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

29 juin 2009,
CP du Collectif Areva ne fera pas la loi au Niger

Les observatoires de santé d’Areva au Niger et au Gabon : Payer (un peu) pour polluer librement.


Le 19 juin dernier, Areva a annoncé la mise en œuvre d’observatoires de la santé sur ses différents sites miniers, en particulier au Gabon puis au Niger, en accord avec des associations (Médecins Du Monde et Sherpa).


Cet accord intervient peu après l’inauguration de la gigantesque mine d’Imouraren au Niger, dont l’exploitation fait craindre des conséquences désastreuses. Conséquences déjà bien visibles autour d’autres mines que la Cogema, devenue Areva, exploite depuis 40 ans à Arlit.


Des organisations et des autorités locales y dénoncent depuis des années les ravages sanitaires, sociaux et environnementaux causés par Areva. Car ce sont non seulement les travailleurs des mines, mais aussi les quelque 60.000 habitants de la ville d’Arlit qui sont potentiellement touchés par la pollution de l’eau et vivent au contact de matériaux et résidus miniers radioactifs ou pollués par la radioactivité – ainsi, des stériles sont laissés à l’air libre, même à proximité de l’hôpital.


Areva a toujours ignoré les revendications des populations réclamant des mesures pour réduire les dégâts causés par l’exploitation uranifère, à l’exception d’actions mineures (normes de sécurité pour les travailleurs des mines, récupération de matériaux contaminés utilisés par les habitants d’Arlit).


L’accord signé le 19 juin viserait à indemniser les seuls travailleurs des mines qui en font la demande et pouvant prouver les liens entre leur maladie et leur activité ; à faire apparaître les évolutions de l’état de santé des populations locales ; à « faire des propositions pour l’amélioration de l’hygiène et de la sécurité sanitaire des sites miniers ».


Mais cet accord soulève de nombreuses questions sur sa mise en œuvre : • Areva est omniprésente dans ces observatoires. Elle est aussi l’unique pourvoyeur de fonds de ce projet. N’est-elle donc pas juge et partie ? Ces observatoires de la santé peuvent-ils alors travailler en toute indépendance ? • Comment ces observatoires peuvent-ils afficher un objectif d’indemnisation et passer outre tout engagement relatif à l’information sur la possibilité d’être indemnisé, à la prévention, ou à la sensibilisation des populations sur les risques sanitaires ? Areva peut-elle donc décider elle-même de l’indemnisation des dégâts dont elle est responsable ? N’est-ce pas le rôle d’une autorité judiciaire indépendante ? • L’accord parle d’ « impact éventuel » des activités minières alors que l’impact sanitaire et environnemental (traitement des déchets, l’emprise sur les ressources en eau …) a déjà été documenté. Faut-il attendre que des personnes soient déclarées malades pour s’en alarmer ? Pourquoi cet accord ne part-il pas du principe de précaution ?


Il apparaît donc que la mise en place de ces observatoires de la santé s’inscrit davantage dans une opération de communication destinée à redorer l’image désastreuse d’Areva qui communique massivement sur le « développement durable » et l’« énergie propre ».

Areva trompe aussi l’opinion publique en séparant la question sanitaire de la question environnementale, comme si l’une et l’autre n’étaient pas inextricablement liées. Au Niger, Areva continue donc à exploiter l’uranium sans se soucier de la pollution qu’elle engendre. Elle continue à épuiser les ressources hydriques dans une région qui en manque cruellement.


Cet accord apporte également une caution sociale à Areva, ce qui devrait faciliter l’obtention d’un financement du projet d’Imouraren par la Banque européenne d’investissement (BEI) à hauteur de 1,2 milliards d’euros. Une décision qui devrait tomber dans les prochaines semaines ! Par cet accord, Areva tente également de se dégager de sa responsabilité pénale et civile à moindre coût. Cet accord limité à la santé des seuls travailleurs des mines (et non des populations) devrait concerner, annuellement pour le Niger, entre 15 et 30 personnes.


Le Collectif Areva ne fera pas la loi au Niger demande donc, pour le site d’Imouraren, qu’Areva et le gouvernement nigérien assurent :
- un moratoire sur la mise en exploitation de la mine tant qu’une étude d’impact indépendante n’aura pas été faite et n’aura pas rendu ses conclusions
- plus largement, la reconnaissance et la réparation par Areva des dommages sociaux et environnementaux causés par ses exploitations
- la mise en oeuvre de l’ITIE (Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives) dès mars 2010 comme annoncé récemment par le gouvernement nigérien pour que la population bénéficie effectivement de l’exploitation des ressources naturelles
- que tous les travailleurs de la mine ainsi que les populations vivant à proximité de l’exploitation bénéficient d’un examen médical complet, d’une évaluation rétrospective des doses subies et de l’inscription dans un programme de suivi sanitaire à long terme réalisé par des organismes médicaux compétents et indépendants
- que des taxes parafiscales, comme il en existe en France, soient prélevées et confiées à un organisme de gestion spécialisé et indépendant pour la remise en état des sites après extraction et pour une gestion saine, équitable et concertée des ressources en eau.


Le Collectif Areva ne fera pas la loi au Niger : %Attac – Beyond Nuclear - Cedetim - CNT - Collectif Tchinaghen Les Verts – NPA - Réseau Sortir du Nucléaire – Stop Marchands de Sable Sud Energie/Solidaires - Survie - Via Campesina


Email : arevaneferapaslaloi(at)gmail.com - Site : http://areva.niger.free.fr


Contacts presse :

Tchinaghen : Samira Clady – clady.samira(at)neuf.fr - 06 85 05 07 74 Survie : Olivier Thimonier – olivier.thimonier(at)survie.org - 01 44 61 03 25

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Campagne de soutien à Alain Deneault, Ecosociété et les auteurs de Noir Canada !

18 Juin 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

Jeudi 18 juin 2009

En France aussi !
Campagne de soutien et de solidarité avec Alain Deneault, Ecosociété et les auteurs de Noir Canada !
Participez à la campagne !

Vous êtes nombreux à avoir apprécié le passage d’Alain Deneault dans plusieurs villes de France ce mois-ci (St Etienne, Dijon, Grenoble, Toulouse, Nantes, St-Ouen l’Aumone, Paris, etc...). Alain est rentré aujourd’hui au Canada, où il va continuer à se défendre contre les deux multinationales de l’or qui le poursuivent.

En effet, comme vous le savez, il est un des auteurs du Collectif Ressources d’Afrique, poursuivi pour son ouvrage "Noir Canada : Pillage, corruption et criminalité en Afrique".

Une grande campagne de solidarité et de soutien a lieu au Canada, mais leur combat reste assez peu connu en France.

C’est pourquoi, nous proposons de redynamiser cette campagne en France, sous différentes formes :

- faire le relais de cette information par email, et partout où cela est possible,
- publier sur vos sites internets des encarts sur cette affaire,
- faire signer leur pétition en ligne : http://slapp.ecosociete.org/fr/node...
- organiser des soirées-débats sur la question, autour des pratiques de SLAPP et de ce cas précis,
- organiser des concerts de soutien, dont les bénéfices sont reversés à la campagne de soutien d’Ecosociété,
- distribution / promotion et vente de Noir Canada,
- participation à la campagne de don à Ecosociété

Alain Deneault, Delphine Abadié, William Sacher, ainsi que l’équipe d’écosociété rentrent dans une phase particulièrement harassante, avec l’approche du début du procès.

Ils ont besoin maintenant de notre soutien. Ils ont aussi besoin d’argent pour se défendre, et pour continuer à vivre librement.


Ci-dessous, quelques actualités complémentaires :


Attaque à la liberté d’expression : Écosociété est l’objet de deux SLAPP*

Les sociétés minières canadiennes Barrick Gold et Banro poursuivent les Éditions Écosociété ainsi que les trois auteurs de Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique pour diffamation. Montant total exigé : 11 millions de $ canadiens.


Écosociété demande toutes les formes d’appui possible pour mener ce combat de David contre Goliath.

 Le prix Richard Arès 2008 de l’Action nationale décerné à Noir Canada

Le prix Richard-Arès de l’Action nationale du meilleur essai de 2008 fut décerné le 10 juin dernier à Alain Deneault, Delphine Abadie et William Sacher pour leur ouvrage Noir Canada : Pillage, corruption et criminalité en Afrique.

Le prix Richard-Arès est attribué chaque année depuis 1991 par la Ligue d’action nationale à l’auteur d’un essai publié au Québec qui témoigne d’un engagement à éclairer nos concitoyens sur les grandes questions d’intérêt national. Ce prix a pour objectif essentiel de promouvoir la culture nationale en encourageant l’expression de la pensée.

Allocution livrée lors de la remise du prix par Michel Seymour, Professeur au département de philosophie à l’Université de Montréal et membre du jury

Efficacité de la loi sur les poursuites abusives : Écosociété sera le test

Montréal, le 4 juin 2009 - Les Éditions Écosociété saluent l’adoption de la Loi modifiant le Code de procédure civile pour prévenir l’utilisation abusive des tribunaux et favoriser le respect de la liberté d’expression et la participation des citoyens au débat public et remercient les parlementaires d’avoir voté une telle loi.

Écosociété et les auteurEs de Noir Canada se saisiront bientôt des nouveaux outils législatifs à leur disposition. Leur cas permettra alors de tester l’efficacité de la loi.

http://slapp.ecosociete.org

Groupe sur Facebook : http://www.facebook.com/group.php?gid=46275435432

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Colloque n°2 : Génocide des Tutsi du Rwanda, 15 ANS après

10 Juin 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Débats, films et conférences

SAMEDI 13 Juin  2009 - de 13h30 à 18h30

 

Amphi MB II à la Manufacture des Tabacs
21, allée de Brienne 31015 Toulouse
Métro : ligne B (station Compans-Caffarelli)

Le Génocide des Tutsi du Rwanda, 15 ANS après

 


I. SITUATION DES RESCAPES ET CONSTRUCTION D’UNE MEMOIRE COLLECTIVE

Marcel KABANDA – Historien, président d’Ibuka France et consultant à l’Unesco
15 ans après, nombre de rescapés vivent encore dans la précarité. Le Fonds d’aide a rendu d’appréciables services en matière de santé, d’éducation et de logement. Mais, bien qu’il représente un grand effort national, il n’a pu toucher tous ceux qui en avaient besoin. La reconstruction morale, physique et matérielle nécessite la mise en place d’un véritable « plan de réparation ». Celle-ci n’est pas seulement une question d’argent. Elle passe par la reconnaissance, la justice et le partage d’une mémoire collective.

II. TEMOIGNAGE D’UNE RESCAPEE

III. LA JUSTICE, 15 ANS APRES : ETAT DES LIEUX

Yann JUROVICS – Juriste international
« Génocide » et « crime contre l'humanité », termes de droit international pénal sont souvent utilisés à contre emploi, notamment par les médias. Ils sont pourtant le reflet d’une réalité criminelle spécifique et de définitions normatives explicites. Comment saisir l'essence de ces crimes, déterminer à quelles situations ils correspondent ? Il est essentiel, dans le cadre de la criminalité au Rwanda en 1994, de souligner la différence entre le génocide et les autres crimes.

Alain GAUTHIER – Président du collectif des parties civiles pour le Rwanda
Dès le lendemain du génocide, la justice est nécessaire, difficile mais indispensable. 15 ans après, il est temps de faire le point sur les affaires jugées ou non par le TPIR. Et qu'en est-il de ces pays qui ne jouent pas le jeu de la justice internationale ? L’impunité perdure malgré le caractère imprescriptible du crime de génocide.

IV. LES LEÇONS DE L’HISTOIRE ET LA SITUATION AU DARFOUR

Richard ODIER – Secrétaire général du Centre Simon Wiesenthal
Une approche philosophique du Plus jamais ça. De Nuremberg à Arusha, en passant par les gacaca, la justice peut-elle compenser l'outrage fait aux victimes pour que de telles horreurs de se reproduisent?


Exposition : Rwanda 15 ans après, et une table de presse Survie / Terra Nova

Textes de l'association SURVIE, photos de Julie Pudlowski, photographe indépendante qui a réalisé plusieurs reportages photos pour le compte d'ONG et organisations internationales. L'exposition comporte 25 photos et 8 panneaux texte reprenant des informations sur le génocide (généalogie, déroulement), et le combat contre l'impunité (TPIR, Gacaca, CEC). http://www.juliepudlowski.com

 

 

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Omar Bongo et Nicolas Sarkozy: petit rappel utile pour les curieux

10 Juin 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

Vendredi 12 juin 2009

Mort d’Omar Bongo
Petit rappel utile pour les curieux…

 

 
Extrait du livre Nicolas Sarkozy ou la Françafrique décomplexée, Samuël Foutoyet, éditions Tribord, 2009 Sous-titre chapitre 3, « Des dictateurs à l’Élysée »*

« Je veux être le président de la France des droits de l’homme. […] Je ne veux être le complice d’aucune dictature à travers le monde. » Nicolas Sarkozy, meeting de l’UMP, Paris, 14 janvier 2007.


Le 25 mai 2007, Nicolas Sarkozy accueille Omar Bongo, second chef d’État africain reçu à l’Élysée depuis le 6 mai. La veille, le nouveau président recevait Ellen Johnson-Sirleaf, présidente depuis 2005 du Liberia, pays ravagé par quinze années de guerre civile. La première femme chef d’État d’Afrique n’a cependant été reçue qu’un quart d’heure. Omar Bongo, lui, est accueilli avec une toute autre faveur. Il faut dire que l’amitié entre les deux hommes n’est pas récente. En témoigne cette interview du dirigeant gabonais sur les ondes de Radio France International, quelques jours avant leur rencontre :


- RFI : « Depuis combien de temps vous connaissez-vous [avec Nicolas Sarkozy] ? »
- O. Bongo : « Ben, je le connais il n’était même pas encore au gouvernement. Quand Chirac était à la Mairie, dans les années 80 et quelques. »
- RFI : « Est-ce que vous vous tutoyez par exemple, ou est-ce que vous vous vouvoyez ? »
- O. Bongo : « On se tutoie ! Puisque vous voulez être dans les secrets des parfums, hier [le 6 mai, jour de l’élection] il m’a même téléphoné. Bon, alors ! Si ça peut vous arranger, voilà ! On se tutoie depuis 80 et quelques. »
- RFI : « Et alors, que vous a-t-il dit ? »
- O. Bongo : « Non, non, non… Mais vous croyez pas tout de même que je vais me livrer à ce genre de confidences, non ? Il m’a dit tout simplement : merci pour certains de tes conseils, voilà ! Et je lui ai dit félicitations pour m’avoir compris parfois. » [1]


Des conseils, le dirigeant gabonais en a copieusement prodigué. De janvier 2004 à mars 2007, il a rencontré Nicolas Sarkozy au moins sept fois, la plupart du temps dans son luxueux hôtel particulier, à Paris [2]. Le 22 mars 2007, au sortir d’un énième entretien, le futur président français est piégé par une télévision gabonaise. Un rien gêné, il confie avoir « écouté les conseils » d’Omar Bongo et « recueilli ses sentiments d’amitié » [3].


La compagnie d’Omar Bongo est certainement très instructive, tant le dirigeant gabonais connaît bien les coulisses de la vie politique française. Au pouvoir depuis 1967, il a connu tous les présidents de la Ve République. Son investiture fût organisée par la France. Le 17 août 1960, le général de Gaulle déclare l’indépendance du Gabon et place à sa tête Léon M’Ba, proche de l’administration coloniale. À la mort de M’Ba en 1967, Jacques Foccart choisit de le remplacer par son directeur de cabinet, membre des services secrets français : Albert-Bernard Bongo, rebaptisé Omar Bongo lorsqu’il se convertit à l’Islam en 1973. Jeune trentenaire, ce dernier fonde le Parti Démocratique Gabonais, parti unique qui régnera sans partage pendant 25 ans. En 1990, le multipartisme est instauré, mais Omar Bongo remporte invariablement toutes les élections, notoirement connues pour leur trucage [4] . L’opposition politique est encadrée par un système policier sophistiqué, utilisant intimidations, assassinats et corruption [5]. Le Gabon et la Françafrique


Le Gabon, petit État pétrolier du golfe de Guinée d’1,4 million d’habitants, est une caricature de la Françafrique. Pays aux richesses exceptionnelles, exportant manganèse, pétrole, gaz, fer, bois et uranium, sa population reste très pauvre : système médical défaillant, infrastructures scolaires, routières et sanitaires délabrées, mortalité infantile élevée, analphabétisme. 70% des Gabonais vivent en dessous du seuil de pauvreté.


Deux indicateurs résument ce paradoxe : le Gabon est le 84e pays le plus riche du monde si on considère son Produit Intérieur Brut par habitant, mais il dégringole à la 119e place sur 177 États dans le classement de l’Indicateur du Développement Humain [6] . Cet écart de 35 places, l’une des pires performances de la planète, illustre combien les richesses du pays profitent peu à la population et sont concentrées dans les mains du clan au pouvoir et des entreprises françaises. Ces dernières sont présentes dans tous les secteurs de l’économie, la France constituant 80% des investissements étrangers au Gabon. La principale entreprise est Elf, désormais TotalFinaElf. Une proximité franco-gabonaise ouvertement assumée par Omar Bongo : « L’Afrique sans la France, c’est la voiture sans le chauffeur. La France sans l’Afrique, c’est une voiture sans carburant. » [7]


Les deux pays entretiennent une coopération militaire très étroite, avec une base militaire permanente à Libreville rassemblant huit cents soldats français. Des accords spéciaux prévoient la mise en place d’une garde présidentielle supervisée par Paris. Créée par l’agent secret Bob Maloubier, équipée d’armes modernes, c’est la meilleure unité combattante du pays [8].


Dans toutes les enquêtes sur la Françafrique, le Gabon est désigné comme une plateforme militaire, pétrolière et financière au cœur des ’’réseaux Foccart’’. Base logistique de la guerre du Biafra (qui, de 1967 à 1970, provoqua la mort de deux millions de personnes), point de départ des expéditions mercenaires de Bob Denard (qui y disposait d’un ranch d’entraînement), ou encore base arrière du coup d’État de 1997 du congolais Denis Sassou Nguesso (beau-frère d’Omar Bongo), le Gabon mérite certainement son surnom de ’’Foccartland’’ [9].

D’après les enquêtes menées pendant l’affaire Elf, Omar Bongo a participé au financement de partis politiques français, mouvances gaullistes en tête, généralement sous forme d’argent liquide. Pour l’ancien directeur de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE), Pierre Marion, « Les subsides de Bongo servent à tout le monde lors des élections françaises et créent une sorte de colonialisme à l’envers » [10] . Est-ce la raison pour laquelle tant de personnalités politiques (dont François Bayrou, lui aussi ’’piégé’’ par la télévision gabonaise) se sont empressées de rencontrer Omar Bongo pendant la campagne présidentielle de 2007, à commencer par Nicolas Sarkozy ? Non, affirme un proche du leader UMP interrogé à ce sujet : « Nicolas n’a pas besoin de valoches » [11] – allusion aux valises de billets. Entre Nicolas Sarkozy et Omar Bongo, une simple relation d’amitié ? Nicolas Sarkozy au Gabon


Quelques mois plus tard, pour clore sa première tournée africaine, Nicolas Sarkozy se rend à Libreville, capitale du Gabon. Aux journalistes s’étonnant de ce choix contradictoire avec les discours de ’’rupture’’, Nicolas Sarkozy argumente : « En Afrique, le statut d’ancien, cela compte. Ne pas aller à Libreville, c’était humilier Bongo. […] S’agissant du Gabon, je ne pense pas que ce soit le pays qui ait le plus à rougir du point de vue de la démocratie interne. » Vraiment ? Derniers contre-exemples en date : en janvier 2008, les autorités gabonaises suspendent les activités d’une vingtaine d’organisations de la société civile qui critiquaient la façon dont le gouvernement utilise la manne pétrolière [12] . En juin 2008, le coordonnateur de la coalition Publiez ce que vous payez [13] Gabon, Marc Ona, est interdit de sortie du territoire, accusé de porter atteinte à la sûreté de l’État, puis interpellé par la police sans charges ni mandat fin juillet 2008 [14] .


Lors de sa visite, Nicolas Sarkozy annonce une réduction de 20% de la dette bilatérale du Gabon, une décote exceptionnelle qui ressemble fort à un ’’renvoi d’ascenseur’’, et qui n’empêchera cependant pas la moitié du budget du Gabon, au bord de la faillite, de passer dans le service de la dette [15] . Le président français visite également une forêt classée au nord de Libreville. Accompagné de la spécialiste britannique des primates Jane Goodall, il déclare : « Je ne veux pas qu’on pille la forêt africaine ». Près de lui, on distingue Francis Rougier, PDG d’une entreprise maintes fois dénoncée pour ses pratiques de pillage des bois africains [16].


Une ombre vient cependant assombrir cette visite officielle : l’enquête dite des Biens mal acquis. En mars 2007, trois associations françaises, Survie, Sherpa (groupement de juristes spécialisés dans la criminalité économique) et la Fédération des Congolais de la Diaspora déposent une plainte pour « recel de détournement d’argent public » visant l’acquisition de biens en France par des chefs d’États africains et leurs familles. Cinq chefs d’État sont visés : le gabonais Omar Bongo Ondimba, le congolais Denis Sassou Nguesso, le burkinabé Blaise Compaoré, l’angolais Eduardo Dos Santos et l’équato-guinéen Teodoro Obiang. Motif ? Les biens immobiliers et financiers de ces chefs d’État en France semblent disproportionnés par rapport à leurs salaires officiels. Les trois associations puisent leurs arguments dans un rapport intitulé Biens mal acquis… profitent trop souvent, réalisé en 2006 par le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD).


En juin 2007, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire confiée à l’Office Central de Répression de la Grande Délinquance Financière (OCRGDF). Les premières investigations aboutissent à des résultats impressionnants [17]. En témoigne cet extrait du journal Le Monde, qui publie les principales informations des trente-quatre procès-verbaux rédigés entre juin et novembre 2007 : « La découverte la plus spectaculaire se situe entre les Champs-Élysées et la plaine Monceau, dans le 8e arrondissement de la capitale. Là, un hôtel particulier a été acquis le 15 juin 2007 pour la somme de 18,875 millions d’euros par une société civile immobilière (SCI). Celle-ci associe deux enfants du président gabonais, Omar Denis, 13 ans, et Yacine Queenie, 16 ans, son épouse Edith, qui se trouve être la fille du président congolais Denis Sassou Nguesso, et un neveu de ce dernier, Edgar Nguesso, 40 ans. […] Au total, sont répertoriés 33 biens (appartements, hôtel particulier et maisons) appartenant au gabonais Omar Bongo ou à sa famille : deux appartements avenue Foch (88 m2 et 210 m2) et un de 219 m2 lui aussi situé dans le 16e arrondissement. À Nice, une propriété est constituée de deux appartements, trois maisons. Ali Bongo, qui est son fils et aussi son ministre de la défense depuis 1999, est également propriétaire avenue Foch tandis que son épouse Edith possède deux immenses logements dans le 7e arrondissement, non loin de la tour Eiffel. De Nice à Neuilly-sur-Seine en passant - souvent - par le 16e arrondissement parisien, l’enquête recense aussi les propriétés de Jean Ping, ex-gendre d’Omar Bongo et actuel ministre des Affaires étrangères, et d’autres fils du président gabonais comme Omar-Denis junior et Jeff, ainsi que ses filles comme Audrey, Yacine Queenie, ou petite-fille comme Nesta Shakita. » [18]


Les enquêteurs répertorient onze comptes ouverts au nom d’Omar Bongo à Paris, Nice ou Créteil, ainsi que l’achat d’un impressionnant parc automobile de luxe. La richesse immobilière et les revenus publics du président gabonais sont largement disproportionnés par rapport à son salaire officiel, 15 000 euros par mois. D’où provient la fortune d’Omar Bongo ? Deux chèques découverts pendant les investigations de l’OCRGDF sont éloquents. En février 2004, la femme du président (qui n’est pas membre du gouvernement) achetait une voiture de luxe Maybach, payée intégralement par le Trésor public gabonais : les enquêteurs français ont découvert un chèque de 390 795 euros, tiré sur le compte de la paierie du Gabon. Ce même compte, ouvert à la Banque de France, a également servi à financer la moitié d’une Mercedes à 75 000 euros achetée en septembre 2006 à Paris par Pascaline Bongo, la fille du président.


En 1999, le Sénat états-unien enquêtait déjà sur l’origine de la fortune du président gabonais, mettant au jour de multiples comptes à Jersey, à Londres, au Luxembourg, à New York et en Suisse, pour un montant total dépassant les 130 millions de dollars. Selon la City Bank et les sénateurs états-uniens, « l’argent provenait d’une allocation budgétaire, 8,5 % du budget gabonais – soit 111 millions de dollars – étant chaque année réservés au président. […] Les fonds gouvernementaux du Gabon sont bien la source première des avoirs se trouvant sur les comptes d’Omar Bongo » . [19]


Et pendant ce temps, le pays s’endette. Alors que le Gabon continue d’exporter plus de 13 millions de tonnes de pétrole brut par an, la dette publique contractée par Omar Bongo s’élevait déjà à 4 milliards de dollars en 2002. L’opulente fortune du chef d’État gabonais nous laisse présager des profits colossaux réalisés par Elf, Bolloré, Bouygues et toutes les multinationales profitant du pillage des ressources africaines, cela pendant que les populations de ces pays s’appauvrissent.


Mais revenons à la visite gabonaise de Nicolas Sarkozy. Ce jour-là, un journaliste questionne justement le président sur l’affaire des Biens mal acquis. Le président français, visiblement agacé, rétorque : « Si à chaque fois qu’il y a des enquêtes il faut arrêter nos relations, on ne les aurait pas arrêtées seulement du côté africain, si vous voyez ce que je veux dire… Attendez que la justice fasse son travail et on verra bien. » [20] Cette scène, qui montre le visage embarrassé du président Bongo, s’affiche sur plusieurs chaînes de télévision française à des heures de grande écoute.


Attendre que la Justice fasse son travail ? Le 13 novembre 2007, le parquet de Paris décide de classer cette enquête sans suite. Motif ? « Les investigations n’ont pas permis, en l’état, de mettre en évidence des infractions pénales », pourtant révélées par les deux chèques de la paierie du Gabon en France. Difficile de ne pas imaginer derrière cet opportun classement juridique, lorsque l’on connaît les détails du dossier, une décision politique prise au plus haut niveau.


Le 3 mars 2008, la chaîne de télévision France 2 diffuse cependant un reportage sur les Biens mal acquis, en particulier ceux d’Omar Bongo. La diplomatie gabonaise réagit aussitôt par un communiqué dénonçant un « acharnement médiatique » mettant « en péril l’intégrité physique (sic) [d’Omar Bongo] ainsi que celle de sa famille ». Quelques mois plus tôt, le dirigeant gabonais expérimentait déjà cette stratégie de victimisation. Le 2 décembre 2007, célébrant le 40e anniversaire de son arrivée au pouvoir, Omar Bongo dénonçait les « détournements », la « course pour l’enrichissement illicite », la « corruption » et « l’impunité ambiante » du reste de la classe dirigeante, accusant celle-ci d’avoir fait « main basse » sur les fonds destinés au développement : « Je sais que l’état de notre réseau routier, de nos infrastructures sanitaires et scolaires, de nos moyens de transport publics, a connu une grave dégradation […] [le Gabon] est aujourd’hui affaibli par l’ethnisme, le clientélisme, l’affairisme, la corruption, la politisation outrancière, qui ont gangrené les pouvoirs publics. » [21] On n’eut pas dit mieux.


* Publié avec l’aimable autorisation de l’éditeur Tribord

Notes

[1] RFI, 8 mai 2007.

[2] Rue Dosne, Paris XVIe. Cf. La Lettre du Continent, 16 février 2006, 29 juin 2006, 14 septembre 2006, 12 octobre 2006, 25 janvier 2007, 22 février 2007.

[3] L’Express, 18 juin 2007, scène également visible sur le site internet Dailymotion.

[4] Billets d’Afrique et d’ailleurs n° 141, novembre 2005.

[5] Cf. Noir Chirac, déjà cité.

[6] Rapport du PNUD 2007/2008.

[7] Rapporté dans Affaires africaines, Pierre Péan, Fayard, 1983.

[8] Cf. Noir Silence, déjà cité.

[9] Cf. Noir Procès, ouvrage collectif, Les arènes, 2001.

[10] ibid.

[11] L’Express, 18 juin 2007.

[12] Journal Du Dimanche, 18 Janvier 2008.

[13] La coalition internationale « Publish What You Pay », lancée en 2002, milite pour une plus grande transparence des entreprises et des États dans l’exploitation des ressources pétrolières et minières.

[14] Cf. communiqué de l’association Survie, 1er août 2008, disponible sur http://survie.org

[15] Remboursements annuels du capital et des intérêts de la dette.

[16] Les activités de Francis Rougier sont dénoncées dans Les pillards de la forêt, Arnaud Labrousse, François-Xavier Verschave, dossier noir n°17, Agone, 2002.

[17] Les résultats de cette enquête ainsi que celle réalisée par le CCFD sont rassemblés dans la brochure Biens mal acquis des dictateurs africains en France, brochure de l’association Survie, juin 2008, disponible sur http://survie.org

[18] Le Monde, 1er février 2008.

[19] L’Express, 8 juin 2000 et Rapport du Sénat américain, Private Banking and Money Laundering, 1999.

[20] Est républicain, 28 juillet 2007.

[21] AFP, 2 décembre 2007.

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Survie à Afriqu'à Muret : "La France, le Niger, l'uranium et A.R.E.V.A"

5 Juin 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Débats, films et conférences

4 au 7 Juin 2009

Festival Afriqu'à Muret

ENTREE LIBRE ET GRATUITE

AU PARC JEAN JAURES DE MURET (31)

 

Théâtre, débats, conférences, concerts
Voir programme http://www.afriquamuret.ovh.org/

 

Samedi 6 juin de 13h30 à 15h Tente littérature

Parc Jean Jaurès


La France, le Niger, l'uranium et A.R.E.V.A

 

Conférence débat

Avec Fausto Giudice, de l'association Survie

 

 

 

Le 4 mai dernier, Areva inaugure l'exploitation uranifère d'Imouraren,

deuxième mine d'uranium du monde :

Le scandale de l'exploitation de l'uranium nigérien continue.

  • A.R.E.V.A exploite l'uranium au Niger depuis 1968 ce qui ne contribue ni au développement du pays ni à l'amélioration du niveau de vie des Nigériens et a des conséquences sanitaires et sociales désastreuses pour la population. 

  • Pour obtenir le contrat d'Imouraren au Niger, Paris a fermé les yeux sur les exactions de l'armée nigérienne au Nord Niger constatées par l'ONU et sur l'éventuelle prolongation du mandat du président nigérien, qui serait anticonstitutionnelle.


Notre électricité est à 80% d'origine nucléaire.

Nous ne pouvons pas ignorer l'impact de notre mode de vie sur les populations nigériennes!


 



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Radio Françafrique n°17: AREVA au Niger

5 Juin 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Documents audios et vidéos

Samedi 6 Juin à 13H00

sur Campus FM (94FM)
émission "Françafrique" n°17
AREVA, le Niger et la Françafrique
Interview de Guizmo (Tryo) et d'Aghali Maghiya


Ce mois ci, l'émission Francafrique propose tout d'abord une interview de Guizmo, membre du groupe Tryo, qui revient sur sa participation au  collectif "désert rebel", un projet de rencontre culturelle musicale autour de la musique touareg et il nous fait partager ses impressions envers la politique francaise au Niger notamment en ce qui concerne l'implantation d'AREVA. Puis nous vous proposons également un entretien avec Aghali Maghiya  ancien mineur touareg du nord Niger, qui est venu à Toulouse en mai pour témoigner du conflit qui sévit dans cette zone.

 

Pour écouter l'émission en ligne: http://www.afriradio.net/auteur51.html 

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Projection Rwanda autour du film documentaire: "Tuez les tous"

4 Juin 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Débats, films et conférences

Samedi 6 Juin à 20H30
Au Cinéma ABC Albin Minville


Dans le cadre de la 15e Commémoration du Génocide des Tutsis, en partenariat avec l'Union des Jeunes Rwandais pour les Rescapés du Génocide des Tutsis, présentation du film "Tuez-les tous" de David hazan, Pierre mezerette, Raphaël Gluksmann.


Projection débat autour du film documentaire de Raphaël Glucksmann
"Tuez Les tous"


"Parce qu’ils étaient Tutsi,
un million d’entre eux ont été exterminés."


En avril 1994, le Rwanda bascule dans l’horreur. Pendant trois mois, l’armée Hutu, aidée de miliciens et de civils, va massacrer un million de Tutsi. Dix ans après, à travers l’émotion à vif des survivants et des interviews exclusives de représentants des pays occidentaux, ce documentaire révèle la préparation et la spirale folle du génocide des Tutsi, le dernier génocide du XXe siècle.

Pas à pas, cette enquête minutieuse s’interroge sur l’échec de la Communauté internationale à préserver la paix. Malgré les avertissements et les appels au secours des soldats de la paix de l’ONU à Kigali, l’indifférence et la passivité de la Communauté Internationale prévaudront. Coopérant avec le régime rwandais, la France se trouve, quant à elle, impliquée dans la formation et l’entraînement de l’armée et des milices Hutu, les futurs génocidaires de 1994.

Le film démonte la logique d’une collaboration dangereuse et revient sur les questions essentielles : qu’est ce qu’un génocide ? Quelle est la logique de l’ONU au printemps 1994 ? Quel regard portent aujourd’hui les responsables politiques sur leurs choix de l’époque ? Un document exceptionnel où investigation, mise en perspective historique et interviews des acteurs-clés de cette tragédie se mêlent aux témoignages poignants des rescapés.

Page issue de: http://programmes.france3.fr/6322739-fr.php

 

L'implication française dans le génocide des Tutsi:

Survie | Commission d'Enquête Citoyenne


Documents et Communiqués | Revue de presse


Jean Carbonare France 2 (24/01/1993)La Nuit Rwandaise (le site)
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KATANGA BUSINESS, Projection débat le 4 juin à Utopia Toulouse

3 Juin 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Débats, films et conférences

Jeudi 4 juin 2009 à 20h30 à Utopia Toulouse,

Du 03/06/09 au 16/06/09 à Toulouse

KATANGA BUSINESS
Thierry MICHEL - documentaire Belgique 2008


la première projection sera suivie d’un débat avec l’association SURVIE (pour cette soirée, achetez vos places à l’avance, à partir du samedi 23 Mai). Pour débattre avec nous et mieux comprendre la prédation politique et économique en RDC et plus largement en Afrique, nous invitons deux spécialistes de la région. le premier, Alain Deneault, est l’auteur de Noir Canada : Pillage corruption et criminalité en Afrique. Le second, Vincent Munié, est journaliste et documentariste, membre de Survie.

KATANGA BUSINESS

Il est de par le monde des zones considérées par l’imaginaire occidental comme des zones grises, des zones confrontées à des crises sans fin ou à des conflits gelés. La plupart des politiques et des analystes ont renoncé à les comprendre, préférant laisser place au fantasme d’une barbarie structurelle qui échapperait à toute tentative de solution politique intelligente. Il en est ainsi pour l’Afrique centrale. Le discours de notre nanoprésident à Dakar illustre parfaitement cette bonne conscience de supériorité et cette incompréhension crasse de tout un continent. Le génocide rwandais a longtemps été présenté par les médias comme l’unique conséquence des conflits interethniques répétés dans la région des grands lacs. Pourtant on sait aujourd’hui quel fut le rôle de la colonisation belge dans la montée des haines et quel fut, au moment du conflit, celui pour le moins ambigu de la France. Concernant le Zaïre, devenu République Démocratique du Congo, le pays est aussi représenté comme celui des guerres inextinguibles, des dictateurs cannibales aux chapeaux de léopard…



Pourtant, inlassablement, certains tentent de comprendre ce pays, d’en analyser les ressorts historiques, sociaux, économiques. Le cinéaste Thierry Michel est de ceux-là, il y a consacré une grande partie de sa vie à travers deux superbes films moult fois primés : Mobutu, Roi du Zaïre où il réglait son compte autant au dictateur qu’à tous les dirigeants qui l’avaient cautionné de par le monde (de De Gaulle à Mao) et Congo River, splendide voyage fluvial à la rencontre d’un pays meurtri, entre enfants soldats et mineurs clandestins du Katanga. Pour ce troisième opus, c’est justement au Katanga, cette région immensément riche de minerais (comme a dit justement l’ancienne ministre malienne Aminata Traore, l’Afrique est non pas malade de la pauvreté mais de ses richesses), que le réalisateur nous emmène. Une région principalement connue pour sa tentative de sécession en 1978, suivie de l’intervention des paras français.

Et pourtant la région que l’on découvre sous la caméra de Thierry Michel est d’une complexité fascinante. Fascinante parce qu’y subsiste une vraie conscience de classe de la part de mineurs qui, pour certains, vécurent l’exploitation des colons belges qui leur forgea une tradition syndicale, puis la dislocation de leur outil de travail par le gouvernement corrompu et irresponsable de Mobutu. À cette histoire sociale se superpose une histoire économique tout aussi passionnante, parce que se concentre au Katanga un condensé des guerres économiques mondiales. Face aux derniers patrons paternalistes belges restés dans l’ancienne colonie, se trouvent désormais des investisseurs anglo-saxons, autant soucieux de leur image internationale que du rendement de leurs actionnaires, mais aussi les Chinois, prêts à investir des sommes colossales pour reconstruire les infrastructures du pays s’ils peuvent ainsi remporter le juteux marché du nickel et du cobalt katangais. Et Katanga Business s’avère être un formidable cours de géopolitique mondiale mais aussi de macroéconomie intégrant la microéconomie (notamment celles des creuseurs, ces mineurs illégaux avec qui il faut bien composer si on veut éviter l’explosion sociale).

Mais au-delà de la démonstration brillantissime, Katanga Business est avant tout une saga africaine, avec des personnages détonants : René Nolleveaux, le vieil ingénieur belge revenu au Katanga après 30 ans pour reconstruire une mine ; Paul Fortin, un avocat canadien qui a bien du mal à être l’administrateur de la Gécamines qui va à vau-l’eau ; ou Monsieur Min, l’ingénieur chinois qui promet de reconstruire le pays. Mais il y a surtout l’incroyable Moïse Katumbi, le gouverneur bellâtre de la province, croisement improbable de Silvio Berlusconi pour la démagogie et le sens de la communication et d’Hugo Chavez pour le souhait semble-t-il sincère de répondre un minimum aux aspirations du peuple, si besoin avec des décisions pour le moins radicales.







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Toulouse: Un présumé génocidaire (M. Bivugabagabo) s'invite aux commémorations à la mémoire des victimes !

1 Juin 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, #communiqués, #archives.

Toulouse, le 28 mai 2009

Communiqué : CPCR, Survie Midi Pyrénées, LDH Toulouse, 28/5/2009

 

Toulouse:

Un présumé génocidaire s'invite impunément aux commémorations à la mémoire des victimes !

 

 

Mardi 17 Mars 2009, la projection de « Rwanda, un cri d'un silence inouï » d'Anne Lainé, soirée organisée par le Mémorial de la Shoah, est consacrée à la reconstruction psychologique des rescapés, en présence de témoins directs. Dans la salle, un groupe de négationnistes demande la parole à peine le débat lancé, et parmi eux, silencieux : Marcel Bivugabagabo.

 

Samedi 16 mai 2009, colloque de commémoration pour les 15 ans du génocide des Tutsi du Rwanda, historiens et journalistes sont invités (http://survie31.over-blog.com/article-31249557.html). Et toujours présent dans la salle, parmi un groupe qui tente à nouveau de faire valoir des thèses négationnistes : Marcel Bivugabagabo, insultant de sa seule présence les rescapés présents dans la salle.

 

Car Marcel Bivugabagabo n'est pas un simple citoyen rwandais ordinaire. Pour nous en assurer, nous pouvons consulter le communiqué d'Interpol au moment de son arrestation, en janvier 2008 à Toulouse: « Ancien lieutenant-colonel et commandant des opérations militaires dans les secteurs de Gisenyi et Ruhengeri en 1994, Bivugabagabo est recherché pour des faits de génocide et est accusé d'avoir participé aux attaques de la cour d'appel de Ruhengeri et du campus de Nyakinama dans lesquelles des centaines de personnes ont trouvé la mort. » (1)

 

Nous ne pouvons pas non plus passer sous silence le fait que la justice française, après avoir exécuté le mandat d'Interpol, a rapidement libéré M. Bivugabagabo avant de refuser son extradition vers le Rwanda début octobre 2008. Sans la plainte déposée récemment par le CPCR (Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda), Monsieur Bivugabagabo ne serait nullement inquiété. On aurait pu s'attendre à ce que le Parquet, en présence d'accusations aussi graves, poursuive de lui-même ce présumé génocidaire .

 

Réaffirmons quelques principes simples:

 

  • Le génocide des Tutsi du Rwanda (et le massacre des Hutu d'opposition ) est une réalité unanimement reconnue par la communauté internationale (ONU) et par la communauté scientifique. Il est jugé par un tribunal pénal international basé à Arusha (TPIR) dont le mandat se termine fin 2009 pour les procès en première instance.

  • Un courant négationniste et révisionniste important existe ici en France, qui perce jusque dans les médias de masse, avec Pierre Péan en figure de proue (2). Ce courant négationniste et révisionniste persiste aussi sur Toulouse depuis de nombreuses années (3), manifesté par un groupe qui va jusqu'à apporter un soutien direct aux présumés génocidaires menacés d'extradition, manipulant pour cela certains défenseurs français des droits humains sincères mais mal informés (4).

 

Est-ce un hasard s'il y a tant de présumés génocidaires - et leurs amis - en France, pays accusé de complicité diplomatique, financière et militaire avec le gouvernement génocidaire rwandais ? (5) La justice française semble en tout cas ne pas s'offusquer du fait que l'on accorde l'asile à des présumés génocidaires. On s'étonne que le Parquet n'engage pas contre eux des poursuites.

 

La présence d'un présumé génocidaire à des événements consacrés à la mémoire et au souvenir est vécue par les rescapés comme une profonde blessure et un affront inacceptable. Elle amène à poser la question : en France, les présumés génocidaires se sentiraient-ils plus en sécurité que les rescapés ?

 

Si l'on doit se mobiliser contre la banalisation d'un génocide, on doit aussi se mobiliser contre la banalisation de l'inacceptable : un génocidaire présumé n'a pas à insulter de sa présence les rescapés. Ne serait-il pas plus honorable, pour notre justice, de prendre exemple sur d'autres pays (Belgique, Canada) qui traduisent devant leurs instances tous ceux qui sont soupçonnés de s'être rendus coupables du crime des crimes ? Ce serait le meilleur hommage que l'on puisse rendre à la fois aux victimes et aux rescapés.

 

(1) http://www.interpol.int/public/News/2008/RwandanFug20080109fr.asp &

http://www.ladepeche.fr/article/2008/01/10/424973-Enquete-Un-etudiant-rwandais-arrete-pour-genocide.html

(2) http://www.rue89.com/tag/pean

(3) http://iso.metric.free.fr/03/negationnisme-mvRoux.htm

(4) http://madraffin.centerblog.net/3733310-menaces-d-extradition-vers-le-Rwanda )

(5) http://survie.org/8-avril-2009-Colloque-a-l.html

http://cec.rwanda.free.fr/

 

Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda,

Contact : Alain GAUTHIER, président du CPCR 06 76 56 97 61
Courriel : collectifrwanda@aol.com

 

SURVIE Midi Pyrénées

Courriel : survie.midipyrenees@free.fr

 

Ligue des droits de l’Homme Toulouse
Courriel : ldh31@wanadoo.fr
 

 

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