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Survie Midi Pyrénées

actualites francafricaines, communiques, archives.

Emeutes sociales de Kédougou (Sénégal), appel...

28 Janvier 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

30 Janvier 2009


Le 23 décembre 2008, environ 2000 jeunes de Kédougou (région du sud-est du Sénégal), soutenus par l’immense majorité des 25 000 habitants, ont manifesté dans les rues contre la pauvreté, la spoliation des terres, pour l’emploi dans les mines d’or de Sabodala, pour la transparence du fonds social minier qui gère des milliards de francs CFA mais incapable de payer régulièrement le loyer de l’immeuble habité par les étudiants de Kédougou à Dakar. Ce fonds, alimenté par les compagnies minières (Arcelor Mittal, Oromin, LTD) opérant dans la région, est géré dans l’opacité totale par l’Etat alors qu’il est destiné à soutenir le développement des localités proches des zones d’exploitation aurifères et à la prise en charge sociale des étudiants.


La répression de la manifestation par l’armée a fait trois morts et de nombreux blessés. En réaction, les manifestants ont saccagé et incendié des locaux administratifs.
Les renforts de police et de gendarmes mobiles ont procédé à l’arrestation de 30 personnes considérées comme les instigatrices du mouvement.
Des aveux ont été arrachés par la torture et la violence.
Le 9 janvier 2009, le tribunal régional de Tambacounda a condamné 18 jeunes à des peines de 10 ans, 7 ans et 5 ans. Le lendemain, une dix neuvième personne a été arrêtée.
La lourdeur des sanctions traduit la volonté du gouvernement de criminaliser un mouvement qui est une révolte sociale contre l’injustice et la pauvreté, vécues par toute une région, pourtant, l’une des plus riches du Sénégal, par ses potentialités agricoles et minières.


Ce sont des étudiants pour la plupart dont une jeune fille en licence de sciences économiques, qui ont été condamnés pour avoir participé à une manifestation qui se voulait pacifique. Mais le refus des autorités administratives de légaliser la marche ainsi que le meurtre par balles de l’armée du jeune Sina SIDIBE ont conduit aux violences contre les biens de l’Etat.


Il importe aujourd’hui de tourner la page des événements douloureux pour ouvrir un dialogue constructif entre tous les acteurs du développement local, autour des préoccupations des populations de la région de Kédougou.

Dans cette perspective, nous, collectifs des Kédovins de France et d’Espagne, appelons les autorités de notre pays à libérer les 19 détenus de Tambacounda.
Nous invitons tous les militants des droits de l’homme et de la paix à agir pour obtenir la libération de ces jeunes.



Contact:collectifkedovinsdefrance@gmail.com
Blog :http://kedovinsdefrance.over-blog.com
Site : http://www.kedougounews.com
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Emeutes à Kédougou (Sénégal), tribune à l'association Coeur métis

22 Janvier 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

Mardi 20 Janvier 2009


Tribune à Muriel Biton,

Vice-présidente de l'association Cœurs Métis en France et fondatrice du GIE KEUR METIS à Kédougou.

Les émeutes de Kédougou (sénégal)


Kédougou, petite ville du bout du goudron dans le Sénégal Oriental, à 750 km de Dakar, 30 km de la Guinée et 80 km du Mali. Ville carrefour et cosmopolite (Peuls, Malinkés, Dialonkés, Bassaris, Bedicks... nouvellement Wolofs, Sérères, Diolas, Maures...), zone riche en minerais (or, marbre, fer...) Érigée en Région depuis 2008 alors que jusque-là, elle n'était qu'un département de la région de Tambacounda où il y avait le bagne !



L'arrivée depuis quelques années des sociétés minières, donne beaucoup d'espoir aux habitants de la zone, mais les retombées sociales sont ridicules: énormes problèmes d'eau en saison sèche (50° pendant 4 mois), et peu d'évolution dans les domaines de la santé, l'éducation et l'emploi. Les tensions montent, les étudiants demandent à organiser une manifestation pacifique pour exprimer leur mécontentement, elle leur est refusée trois fois. C'est donc sans encadrement qu'ils manifestent le 23 décembre dernier et que suite à la mort du jeune Sina Sidibé (tué d'une balle dans la tête par les militaires), le drame se produit : trois morts, de nombreux blessés, la disparition d'armes et des dégradations matérielles considérables. S'en suit une chasse aux sorcières, 44 personnes arrêtées, 21 personnes jugées le 9 janvier 09, condamnées à des peines allant de 5, 7 à 10 ans de prison ferme.


Voilà le contexte, ce qu'a été l'évènement du 23 décembre et les conséquences dramatiques, dans une région où les problèmes ne font que commencer, puisque les tensions ne sont justement pas retombées suite à ce procès injuste et arbitraire.


Les étudiants de Kédougou expriment très bien leurs revendications dans la lettre adressée au président Mr Wade. Après avoir essuyé trois refus des autorités pour organiser cette manifestation, ils l'ont quand même faite.

La lettre des étudiants écrite au président de la république : http://www.kedougounews.com/voir_news.php?id_news=105

 



Condamné à 10 ans de prison ferme suite aux événements de Kédougou !

Mais qui a peur d'Ithiar Paulin Boubane ?



Comment un étudiant sénégalais, pacifiste, visionnaire, acteur bénévole du développement pour le Sénégal Oriental a-t-il pu être condamné à 10 ans de prison ferme ?


L'histoire d'un étudiant généreux et ambitieux :

Ithiar Paulin Boubane (23 ans) est originaire de Egatch, dans la région de Kédougou. C'est un jeune de la brousse, une des ces brousses si éloignées de la capitale. Après un véritable parcours du combattant, il réussit brillamment ses études, empoche le bac à 18 ans, dans la ville de Kédougou, puis avec le soutien financier de sa communauté, part étudier à Dakar. Nouvelles études brillantes qui lui permettent d'intégrer en 2008 le Master Tourisme à la prestigieuse école supérieure IAM de Dakar. Car depuis le départ, Ithiar sait ce qu'il veut, étudier et apprendre pour retourner dans sa région et la développer. Il croit à un tourisme solidaire et écologique, qui bénéficierait d'abord aux populations, tout en préservant l'une des plus belles régions du Sénégal.


Mais ce n'est pas tout, conscient des difficultés paysannes et de scolarisation dans sa région, Ithiar Paulin Boubane s'est très tôt engagé bénévolement pour le développement du Sénégal Oriental :

- Depuis 4 ans, il participe à des actions utiles et solidaires dans les domaines de l'agriculture, de la scolarisation et du tourisme solidaire avec le GIE KEUR METIS à Kédougou. En 2008, il devient secrétaire du GIE KEUR METIS, et principal correspondant de l'association Cœurs Métis en France.

- Parallèlement, il crée et préside l'Association Nationale des Elèves et Etudiants Bassaris, l'ANEEB. Il s'agit d'une structure d'entraide et de relais pour le soutien scolaire et l'hébergement des élèves de brousse qui étudient à Kédougou, Tambacounda et Dakar.

Des projets utiles pour 2009

Cofinancer la fabrication de charrues pour encourager l'autosuffisance alimentaire, faciliter la scolarité de nombreux enfants en écoles de brousse et développer le tourisme solidaire en relation avec des partenaires français, tels sont les principaux objectifs des nombreux projets concrets que Ithiar Paulin Boubane comptait conduire en cette année 2009.



Une manifestation qui tourne mal

Décembre 2008, Ithiar Paulin Boubane revient à Kédougou pour passer les vacances de fin d'année en famille, et organiser ses actions avec le GIE KEUR METIS. Il retrouve ses amis et frères les étudiants de Kédougou, et d'autres jeunes, plus ou moins en galère, et dont l'avenir est incertain : ils se demandent en effet « Comment rester dans notre région natale si l'on n'y trouve pas d'emploi ? La migration vers Dakar d'abord puis l'émigration sur les pirogues ensuite sont-elles une fatalité ? Pourquoi les promesses de nos gouvernants ne sont-elles jamais tenues ? Pourquoi les sociétés minières recrutent-elles en masse du personnel étranger et pas nous ? Nos sœurs sont tentées par la prostitution, nos pères par la corruption, nos terres sont bradées, nos valeurs bafouées...Nous devons nous faire entendre car nous avons des droits... » En tant que grand frère, Ithiar Paulin Boubane s'implique dans l'organisation de la manifestation pacifique du 23 décembre et il m'écrit : «(...)Suite à une marche que nous, étudiants de Kédougou, avons organisé pour revendiquer et dénoncer certains fléaux comme le chômage et la propagation du SIDA, nous avons été contraints par la brigade et les militaires ! (...) ». Oui ! La manifestation déborde, des coups de feu, des blessés et même un mort...


Victime de sa générosité et de son intégrité ?

Peu après, Ithiar Paulin Boubane est cueilli dans son village à 80 km de Kédougou, puis emprisonné à Tambacounda. Il a été jugé vendredi 9 janvier 2009 et condamné avec d'autres jeunes Kedovins à 10 ans de prison ferme !

C'est vrai que Ithiar Paulin Boubane aurait mieux fait de ne penser qu'à sa réussite personnelle et s'assurer sa place au soleil...C'est vrai que Ithiar Paulin Boubane aurait mieux fait d'abandonner sa misérable région et d'aller remplir les pirogues de la honte... C'est vrai aussi qu'il aurait dû faire de la politique politicienne, égoïste et corruptrice... NON ! Ithiar Paulin Boubane a choisi d'être solidaire de sa région et des siens. Il a des convictions profondes : étudier dans son pays pour rester libre de vivre chez lui, en toute dignité. Voilà probablement pourquoi il a été condamné à 10 ans fermes. Jeune homme intègre, doux et généreux, jeune homme épris de justice, juste un peu indigné par ce qui se passe dans sa région... Jeune homme qui manifeste et qui paie pour les autres, parce qu'un jeune homme qui réfléchit et qui s'investit dans le bien être de sa communauté, c'est un jeune homme dangereux...10 ans fermes !!!!!


« Lorsqu'il faut choisir entre liberté et érudition, qui ne dira que l'on doit mille fois préférer la première à la seconde ? ».


C'est sûrement cet adage de Gandhi qui aura valu 10 ans fermes à Ithiar Paulin Boubane.

Mais aujourd'hui, où sont les preuves que Ithiar Paulin Boubane a participé aux dégradations et aux vols d'armes commises à Kédougou suite à la mort du jeune Sidibé ? Aujourd'hui, comment maintenir l'espoir de plusieurs générations si on emprisonne aussi facilement ceux qui arrivent à mener tant bien que mal leurs études, ceux qui s'impliquent personnellement dans le développement social de leur région ? Comment ne pas craindre que cela continue, que le sentiment d'injustice l'emporte et que la situation ne s'aggrave ?


Il faut libérer immédiatement Ithiar Paulin Boubane, Fatim Ba, Issa Diallo, Aliou Monekhata et leurs amis. Tous ces jeunes leaders associatifs, d'Ong, d'amicales sont les forces vives du futur de la région de Kédougou, ils sont engagés pour leur avenir, celui de leurs communautés. Ils sont embastillés à cause de leurs engagements ! Mais qui a peur d'eux ??


Muriel Biton, mbcoeursmetis@yahoo.fr

Vice-présidente de l'association Cœurs Métis en France et fondatrice du GIE KEUR METIS à Kédougou http://www.cœurs-metis.org


Informations supplémentaires sur:

 kedougounews.com.

et le blog du collectif kédovins de France http://kedovinsdefrance.over-blog.com 

 

Et un article écrit par Gilles Labarthe,(auteur du Dossier Noir sur "l'or africain") qui s'était rendu à Kédougou l'an dernier, pour faire le point sur la situation des sociétés minières de Sabodala :

http://www.datas.ch/article.php?id=551


 

 

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Décès de jean carbonare, ancien président de Survie

18 Janvier 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.


Décès de Jean Carbonare, ancien Président de Survie.


Bien chers amis, Jean nous a quittés hier soir [17 janvier 2009] dans son sommeil. Il était depuis dix jours à l'hôpital de Montélimar. Cette nuit, nous sommes allés le voir et il reposait sur son lit d'hôpital, paisible, les traits détendus, délivré, enfin apaisé. Lui, le grand voyageur, aspirait depuis quelque temps à ce dernier grand voyage et nous pouvons lui dire, comme le psaume 121 : « Oui, le Seigneur te gardera de ton départ à ton arrivée, dès maintenant et à jamais »


Marguerite Carbonare, ses enfants et ses petits enfants.

Militant des droits de l'Homme qui a présidé l’association Survie de 1988 à 1994, Jean Carbonare nous a quittés le 17 janvier.

"Nous pouvons-faire quelque chose" était son mot d'ordre. Il refusait la fatalité de la misère, la fatalité économique, la fatalité de la guerre, la fatalité de la mésentente. Il détestait les mensonges politiques.


Il est l'un des rares français à avoir tenté d'inverser la mécanique génocidaire au Rwanda plus d'un an avant son déclenchement. Son intervention au journal télévisé de Bruno Masure sur Antenne2 à 20h le 24 janvier 1993 a représenté un moment fort dans son engagement humaniste : http://www.dailymotion.com/video/x1ed31_rwanda-quand-survie-alertait-le-mon_events




"Quand on place un dollar en Afrique, il en revient trois chez nous" nous expliquait-il quand il était notre président avant 1994.


Ce chrétien engagé refusait qu'on se croise les bras. Il consacra toute sa vie à mener des projets de développement dans divers pays africains. Après le génocide des Tutsi au Rwanda, alors âgé de presque 70 ans, il avait mis ses compétences dans le développement en Afrique au service du Rwanda pour aider les Rwandais à reconstruire leur pays en travaillant sur des projets de coopération technique (notamment la construction de logements pour les veuves du génocide et la mise en production de zones marécageuses) que lui avait confié le Président Bizimungu. Pour lui c'était un engagement logique.


C'est à ce moment là qu'il quitta la présidence de Survie, en juillet 1994, démission actée à l'Assemblée Générale qui a fait suite (mars 1995). Vers 1996, il se retira dans son village du sud de la France, Dieulefit, où il vient de mourir à l'âge de 83 ans. C'est un grand acteur du développement qui s'éteint, un infatigable interpellateur des consciences citoyennes, un exemple citoyen.


Odile Biyidi

Association Survie
210, rue St Martin
75003 Paris
http://survie.org


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GABON Coup de filet contre les militants anti-corruption.

7 Janvier 2009 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

6 janvier 2009: Communiqué de Survie


GABON Coup de filet contre les militants anti-corruption. 


Omar Bongo le 13 mars 2008 à Dakar (Finbarr O'Reilly/Reuters)


L’association Survie, extrêmement préoccupée par la nouvelle de l’arrestation de plusieurs représentants d’organisations de la société civile gabonaise dénonçant la corruption du régime d’Omar Bongo, tient à condamner cette tentative d’intimidation à leur égard et appelle les autorités gabonaises à procéder à leur libération immédiate.


D’après les informations relayées en fin de semaine dernière par des organisations françaises et africaines, les forces de sécurité gabonaises ont arrêté le mercredi 31 décembre 2008 Grégory Gbwa Mintsa, plaignant gabonais dans l’affaire des biens mal acquis en France par des chefs d’Etat africains (dont Omar Bongo), Marc Ona Essangui, Président de l’ONG Brainforest et coordonnateur de la coalition Publiez ce que vous Payez Gabon (relais local de la campagne mondiale éponyme pour la transparence des industries extractives) ainsi que Georges Mpaga, président du Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon (ROLBG). Les bureaux de Publiez ce que vous Payez Gabon et de l’ONG Brainforest ont été saccagés et les ordinateurs de ces organisations saisis.


La veille, le mardi 30 décembre, Gaston Asseko, journaliste et directeur technique à Radio Sainte-Marie et Léon Dieudonné Koungou, du journal Tendance Gabon, avaient déjà été arrêtés suite à leur convocation au bureau des services de renseignements de l’armée gabonaise.


Bruno Ben Moubamba, porte parole des Acteurs Libres de la Société Civile Gabonaise, qui a publié le 8 décembre 2008 une lettre ouverte demandant des comptes au Président Bongo sur sa gestion financière du pays, serait quant à lui activement recherché par les autorités gabonaises.


Les interpellés sont à ce jour toujours détenus dans les locaux de la police judiciaire gabonaise, sans qu’aucun motif n’ait été donné. L’état de santé de Grégory Gbwa Mintsa serait jugé préoccupant.


Survie condamne fermement cette opération coup de poing qui s’apparente à une tentative d’intimidation et à une prise d’otage dirigée contre des responsables de la société civile gabonaise qui ont eu le courage de lancer des initiatives citoyennes contre la corruption de leurs autorités, bravant ainsi un régime particulièrement répressif à l’encontre de ses adversaires.


L’organisation de ce coup de filet coordonné et le choix des cibles atteste de la fébrilité des autorités gabonaises, confrontées à une société civile de plus en plus lassée d’un régime figurant parmi les plus corrompus au monde et les moins à même d’assurer la prospérité de sa population, malgré des revenus pétroliers très confortables.


Cette répression est à mettre en parallèle avec le harcèlement subi en 2007 par Brice Mackosso et Christian Mounzéo, responsables congolais de la campagne Publiez ce que vous Payez, victimes d’un harcèlement judiciaire instrumentalisé par le pouvoir de Denis Sassou Nguesso, qui se voyait lui aussi reprocher la gestion des revenus pétroliers de son pays.


Survie appelle à la libération immédiate des détenus et demande aux autorités françaises, d’habitude si promptes à réagir pour démêler les entourloupes diplomatiques franco-gabonaises (cf la visite de Claude Guéant et Alain Joyandet à Libreville en avril 2008 suite à l’enquête de la justice française sur les biens mal acquis du dictateur gabonais en France et à l’éviction de Jean-marie Bockel), de condamner fermement cette violation manifeste des droits de l’Homme dans ce pays présenté comme « ami » de la France.


Le mutisme des autorités françaises dans cette affaire serait une preuve supplémentaire du renoncement de notre pays à la défense des droits de l’Homme lorsque des intérêts stratégiques sont en jeu, renoncement clairement annoncé par Bernard Kouchner dans son allocution du 10 décembre 2008. L’absence de réaction du secrétariat d’Etat de Rama Yade constituerait quant à elle une nouvelle preuve à charge de l’inutilité d’une institution, qui n’a jamais émis le moindre positionnement sur les violations des droits de l’Homme commises dans les pays dominés par des dictateurs africains amis de la France.


Contact presse : Olivier THIMONIER olivier.thimonier(at)survie.org Tél. : 01 44 61 03 25


Voir l'article de RUE 89 :

Meilleurs voeux de Bongo au Gabon: cinq opposants en prison

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Collectif pour la défense des terres malgaches - Affaire Daewoo

26 Décembre 2008 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

le 23  décembre 2008 - communiqué du


Collectif pour la défense des terres malgaches

Affaire Daewoo

 

Nous avons appris le 19 novembre dernier, par la presse internationale, les déclarations du directeur financier de Daewoo Logistics, Shin Dong-hyun, annonçant la signature d’un bail emphytéotique de location pour 99 ans, entre cette société et les autorités malgaches, de 1,300 millions d’hectares de terrains arables. Les détails du contrat sont préoccupants et sans précédent :

- La surface louée représente l’équivalent de la moitié de la Belgique , et correspond à la moitié des surfaces cultivables à Madagascar.

- Les termes du contrat  ne prévoient pas de versement d’argent à l’Etat malgache, les investissements dans les infrastructures nécessaires à la réalisation du projet tiendraient lieu de ‘prix de location’.

 

Les principaux ministres malgaches concernés ainsi que les représentants de Daewoo à Madagascar ont démenti en insistant sur le fait que le projet en est seulement au stade de prospection de terrains et de négociations. Mais différents témoignages venant du terrain montrent que les protagonistes de cette affaire sont déjà passés à l’acte dans différentes régions : Madagascar Futur Entreprise Group, représentant de Daewoo sur place, a déposé des demandes d’acquisition de terrains et a parfois déjà obtenu l’autorisation pour 94 182 hectares dans le district de Brickaville, 33 767 hectares dans le district de Toamasina II,  40 000 hectares dans le district de Vatomandry, plus de 50 000 ha dans le district de Maintirano. De vastes terrains dans la région SAVA seraient déjà également en cours de transfert de propriété.

Ces informations parues dans la presse sont confirmées par les populations locales qui ont vu ou entendu parler d’Asiatiques effectuant des mesures de terrains avec les autorités régionales en vue de l’acquisition de terrains. Ainsi 

-       des responsables locaux sont complices,

-       certains ont peur d’en parler par peur de représailles,

-       d’autres n’avaient pas compris les tenants et les aboutissants de ces « opérations » sur le terrain, pensant qu’il s’agissait d’une opération qui apporterait des bienfaits à la localité ou à la région,

-       Les transactions se déroulent en l’absence de transparence de la part des autorités.

 

Cette « location » de terres est particulièrement inacceptable car

-       la location pour 99 ans - renouvelable - porte sur des superficies immenses réparties dans plusieurs régions et porte atteinte à l’existence future d’une patrie pour l’ensemble des Malgaches qui considèrent les terres de leurs ancêtres comme un bien « sacré » ;

-       cette location pour 99 ans spoliera de nombreuses familles, et à terme la majorité des paysans, des terres où elles vivent et travaillent pour vivre et survivre ;

-       elle a été faite dans le dos des populations malgaches, « dans le secret » sans respect des procédures habituelles, alors qu’elle engage des parties importantes du territoire et donc la souveraineté nationale ;

-       la contrepartie ‘gratuite’ entretient de gros soupçons sur la vente du patrimoine national pour l’enrichissement d’un petit nombre d’individus au détriment des générations futures ;

-       Le traitement des dossiers des terrains convoités par Daewoo bénéficie de faveur particulière dans sa rapidité alors que les paysans et tous les citoyens malgaches rencontrent des difficultés insurmontables dans la lenteur des procédures pour acquérir des titres de propriété ;

-       Les plantations programmées et effectuées par Daewoo inquiètent gravement car les récoltes sont destinées à être exportées immédiatement pour l’alimentation des Coréens, et non pour celle des Malgaches. Par ailleurs, les informations diffusées par la presse internationale parlant de culture de maïs dans la partie ouest de l’île – le maïs est réputé pour dessécher les terres de culture -, les semences de maïs seraient importées de Costa Rica et des Etats-Unis – ne s’agira-t-il pas de maïs transgénique ? La partie Est de l’île serait destinée à la plantation de palmiers à huile dont les semences viendraient d’Indonésie : certains palmiers à huile cultivés dans ce pays sont pourtant célèbres pour tuer toute la végétation environnante et détruire la biodiversité (« l’huile tueuse »).

 

Tenant compte de tous ces éléments,  

Nous, membres du Collectif pour la Défense des Terres Malgaches, avons décidé de nous regrouper et d’agir pour


-       Exiger des responsables qui participent à tous les niveaux à cette location d’arrêter immédiatement toutes les actions et toutes les procédures engagées afin de réviser les termes du contrat,

-       Demander aux autorités malgaches de faire preuve de transparence et de donner à la population malgache et aux populations du monde toutes les informations sur cette affaire,

-       Exiger des autorités et responsables qu’ils respectent les lois et procédures en vigueur, notamment les formalités de publicité visant l’information des voisins et opposants éventuels,

-       Se rapprocher des citoyens et paysans malgaches pour leur manifester notre soutien et les encourager dans les luttes qu’elles mènent pour la défense de leurs terres,

-       Lancer un appel à tous nos compatriotes au pays et à l’extérieur pour être vigilants, et dénoncer toute décision ou tentative de priver les populations malgaches progressivement des terres de leurs ancêtres au nom d’un libéralisme aveugle,

-       Alerter l’opinion internationale sur les agissements dangereux de cette sorte dans notre pays et appeler le soutien et la solidarité de tous,

-       Appeler les ressortissants des pays qui subissent déjà la même situation, à travailler ensemble pour que cette nouvelle forme de néocolonialisme qui se développe dans plusieurs pays, cesse immédiatement grâce à la coordination de nos actions.

 

L’opinion publique malgache, informée par la presse internationale, est particulièrement en alerte car plusieurs grands projets déjà en cours à Madagascar démontrent la réalité de contrats dont les termes conjuguent une exploitation drastique des richesses du pays par les investisseurs étrangers avec des bénéfices insignifiants pour la nation et les populations malgaches.

 

 

LE COLLECTIF POUR LA DÉFENSE DES TERRES MALGACHES

 

Est un collectif d’individus d’origine malgache, déterminés à unir leurs forces et à travailler ensemble pour s’opposer à la spoliation des paysans et des citoyens malgaches de leurs terres.

 

Son objectif est de rassembler les Malgaches sans discrimination aucune, prêts à s’investir pour la réalisation de cet objectif.

 

Ses actions dans le court terme consisteront notamment à :

-       Défendre les terres malgaches en collaboration avec les populations et organisations au pays,

-       Diffuser des informations sur la situation à Madagascar auprès des populations et organisations  dans le monde pour qu’elles soutiennent les paysans malgaches dans leur lutte pour la défense de leurs biens et de leurs terroirs,

-       Diffuser des informations auprès des Malgaches de toutes les régions sur ce qui se passe dans le monde et sur les objectifs, méthodes et risques liés à des opérations telles que celle-ci, pour qu’ils soient vigilants et sachent se défendre,

-       Echanger et collaborer avec les populations des autres pays victimes des prédateurs similaires pour défendre leurs paysans et leurs terres.

 

 

Paris, le 23  décembre 2008

 

Si vous souhaitez nous rejoindre, nous soutenir, envoyer des messages et propositions, contactez-nous à l’ adresse e-mail : patrimoinemalgache@yahoo.fr

 

Vous pouvez aussi signer la pétition:

Pétition « Affaire DAEWOO » Défense des Terres Malgaches

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Madagascar- L’affaire Daewoo confirmée ...

17 Décembre 2008 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

 www.laverite.mg du 16-12-2008

Madagascar, l'affaire Daewoo confirmée


La société Daewoo Logistics Corporation (Dwl) n’est plus en phase de prospection de terrains. Plusieurs demandes ont  été déposées au service régional des domaines de Toamasina pour des terrains de plus de 170 000 ha au mois d’octobre dernier. Les procédures semblent avoir été  ignorées au grand dam de la population locale. La grogne gagne du… terrain dans le district de Brickaville, Toamasina II et Vatomandry. On craint un soulèvement populaire pour contester la spoliation des terres par des étrangers.

Contrairement aux explications officielles apportées par Daewoo Logistics Corporation sur la situation actuelle  de son projet d’investissement dans le secteur agricole à Madagascar, cette entreprise sud-coréenne, a bel et bien déposé des demandes d’acquisition de terrains dans la région Atsinanana. Cette entreprise sud-coréenne, par sa filiale « Madagascar Futur Entreprise Group » (Mfe) sise au 2è étage de l’immeuble Assist à Ivandry à Antananarivo, a déposé le 8 octobre 2008 deux dossiers au service régional des Domaines à Toamasina.
Il s’agit de l’affaire n° 24 293 BRICKA  pour un terrain de 94 182 hectares dans le district de Brickaville et de l’affaire n° 24 294 TAM dans le district de Toamasina II, d’une superficie de 33 767 hectares. Dans le district de Vatomandry, une demande a été également formulée par cette société pour l’acquisition d’un terrain de près de 40 000 hectares. En tout, la société

« Madagascar Futur Entreprise Group », pour ses plantations de palmier à huile, à déjà déposé des demandes en bonne et due forme au service régional des Domaines de Toamasina. A vrai dire, cette société sud coréenne n’est plus en phase de « prospection  de terrains afin d’identifier les terrains cultivables », mais, tout au contraire, elle est déjà dans une phase plus avancée. Dans la région  Melaky, plusieurs terrains ont également été demandés par la société Mfe.

Procédures exceptionnelles ?

Malgré l’immensité des terrains demandés par cette société étrangère, les dossiers sont tenus top secret. C’était après la publication de cette information dans les médias étrangers et locaux que cette affaire a été étalée au grand jour. Toutefois la célérité du traitement des dossiers des Sud-coréens a suscité beaucoup de commentaires. En fait, ces dossiers n’ont pas suivi les procédures classiques.

Les fokontany et les communes concernées n’ont pas été mis au courant de ces demandes. Or, selon le texte en vigueur (en attendant le nouveau), la carte du premier repérage effectué par les agents du service topographique devrait être affichée, pendant 15 jours au bureau du fokontany, en vue d’une éventuelle opposition. Pire, selon des représentants de la population, ils n’ont jamais assisté aux travaux des membres de commission en leur qualité d’opposants et de voisins. Personne n’est en mesure d’annoncer s’il existe des procès-verbaux de constatation de mise en valeur ou non. Interrogés, les agents du service régional des Domaines de Toamasina ont opté pour le mutisme total. Visiblement, ils craignent des sanctions sévères s’ils divulguent quelques bribes d’information aux journalistes.

Une source généralement informée nous a signalé que le Chef de région ainsi que les districts de Brickaville et de Toamasina II ont déjà émis des avis favorables à ces demandes. Des témoins ont affirmé que des paysans ont déjà mis en valeur les terrains en question. Mais, à cause de leur ignorance, leurs terrains n’ont  pas été  immatriculés auprès du service des Domaines. En fait, les dossiers des Sud coréens bénéficient d’un traitement exceptionnel.
Quoi qu’il en soit, la tension monte de plusieurs crans dans les zones touchées par les demandes de terrains. Les paysans sont prêts à défendre leurs biens et à s’opposer à toutes formes de spoliation de leurs terrains. Un soulèvement populaire est à craindre si les autorités restent indifférentes à leurs revendications. Parallèlement, des natifs de ces zones commencent à s’organiser pour barrer la route aux Sud coréens. Des zones d’ombre entourent ce projet d’investissement agricole d’une superficie de 1,3 million d’hectares dans l’ensemble de l’île.
Alphonse Maka

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L'affaire Zongo, un scandale africain enlisé depuis dix ans

13 Décembre 2008 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.


L'affaire Zongo, un scandale africain enlisé depuis dix ans



Norbert Zongo (DR)Il enquêtait sur la mort mystérieuse du chauffeur de François Compaoré, frère du président du Burkina Faso, Blaise Compaoré. Le 13 décembre 1998, le journaliste burkinabé Norbert Zongo était assassiné avec trois autres personnes. L'enquête sur la mort du fondateur de l'hebdomadaire L'Indépendant s'est terminée par un non-lieu délivré en 2006, malgré le tollé qu'elle avait provoqué en Afrique et dans le reste du monde la mobilisation incessante depuis.

Partenaire de Rue89, L'Observateur Paalga revient sur les "dix si longues années" qui ont suivi la mort de Zongo et des "trois autres occupants d'infortune de la 4X4 qui les conduisait", "carbonisés [...] dans des conditions cannibalesques":

 


"On cherche vainement un précédent dans les annales du crime dans notre pays [...] Rarement, de mémoire de journaliste, notre pays aura été plongé dans une crise que tous les superlatifs ne suffisent pas à qualifier.[...]

Capture du site de L'Observateur Paalga (DR).

Quelques jours après ce quadruple assassinat de Sapouy, on se souvient encore qu’une Commission d’enquête indépendante (CEI) avait été instituée, et qui avait conclu que cette mise à mort brutale et atroce était motivée par les activités professionnelles de Norbert Zongo, et particulièrement par l’affaire David Ouédraogo, dont notre confrère avait fait sa manette rédactionnelle."

Une commission d'enquête, "première sur le continent", non suivie d'effets


Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré, était mort torturé. Le frère du Président a été brièvement inculpé pour ce crime, avant que le tribunal n'abandonne les poursuites.

Capture du site norbertzongo10ans (DR).

Après la mort de Zongo, des manifestations s'organisent au Burkina et dans des pays voisins. Blaise Compaoré est contraint de créer la CEI, "une première sur le continent", à laquelle participe notamment Robert Ménard, alors secrétaire général de Reporters sans frontières. Le 7 mai 1999, la commission rend ses conclusions au Premier ministre. Le blog "Norbert Zongo 10 ans" en en rappelle les suites, plutôt décevantes:

"Mise en place suite au mécontentement populaire, elle a conclu, après avoir auditionné plus de deux cents personnes, que “concernant les mobiles de ce quadruple meurtre (...), il faut les chercher du côté des enquêtes menées depuis des années par le journaliste, et notamment sur ses récentes investigations concernant la mort de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré, conseiller à la présidence” et frère du chef de l’Etat.

Le rapport donnait également les noms de six “sérieux suspects” dans cette affaire, tous membres du Régiment de la sécurité présidentielle. Seul l’un d’entre eux, Marcel Kafando, a été inculpé en 2001 “d’incendie volontaire” et “assassinat”. Egalement condamné en 2000 pour avoir “séquestré et torturé à mort” David Ouédraogo, le sergent Kafando a pourtant passé pendant toutes ces années, des jours tranquilles à son domicile de la capitale, percevant toujours sa solde de militaire."

"Au bord de la chute" en 1998, le régime s'est "refait une santé"

Capture du site de San Finna (DR).

Dans l'article qu'il consacre à "l'enterrement du dossier Norbert Zongo", l'hebdomadaire San Finna remarque que "si le régime ébranlé, au début, a été au bord de sa chute, il a pu depuis se refaire une santé, en raison certes de ses capacités de résistance propres mais aussi à cause des égoïsmes et du manque d’anticipation des acteurs politiques et de la société civile":

"[C'est] la raison du plus fort. Il n’est que de citer les lenteurs excessives de procédure, la cascade des disparitions des suspects sérieux, les décisions de justice autoritaires de non-lieu."

La rédaction de l'hebdomadaire salue les initiatives visant à faire pression sur le pouvoir burkinabé pour qu'il rouvre l'enquête, comme la pétition internationale, mais semble plutôt pessimiste:

"C’est bien qu’il y ait des actions multiformes mais ce n’est pas assez; tant qu’il n’y aura pas de consensus, de dépassement de soi, on n’aura pas ce qu’on veut: la vérité et la justice."

"La résolution du dossier implique la chute du régime"


Sur le blog Norbert Zongo 10 ans, un internaute, Zedy, regrette qu'on n'en connaisse pas plus sur la vie du journaliste:

"Il faut des dates pour montrer combien [son] parcours était labourieux, patient, persévérant et assez instructif pour les jeunes d'aujourd'hui! Nous savons beaucoup plus de l'américain Obama que du burkinabé Norbert Zongo! Ce n'est pas normal!"

Pour un autre internaute, Tenkougri, qui commente l'article de L'Observateur Paalga, "ce dossier clair a été embrouillé a dessein car sa résolution implique la chute du régime et le départ de beaucoup de “puissants”.


La France complice de l'enlisement du dossier?


Le blog Basta, publié en France par "l'alliance zapatiste de libération sociale", relaie un appel signé par plusieurs organisations africaines et françaises. Pour elles, la France est complice de l'enlisement de l'affaire Zongo:

"Forts du soutien que vient de leur renouveler la France à l’occasion de leurs récents séjours en France, Blaise Compaoré et son Premier ministre sont repartis rassérénés et encore plus déterminés à poursuivre leur gestion liberticide du pouvoir au Burkina Faso. C’est pourquoi, nos organisations, déterminées à amplifier leurs actions de solidarité avec le peuple burkinabé, appellent leurs militants et l’opinion démocratique à manifester dans l’unité leur dénonciation du soutien multiforme qu’apportent Nicolas Sarkozy et le réseau françafricain au régime criminel de Blaise Compaoré [...]"

Ces organisations appelaient ce samedi à un rassemblement devant l'ambassade du Burkina Faso à Paris. Une vingtaine de personnes se sont déplacées.

Parmi les nombreux hommages rendus depuis dix ans à Norbert Zongo, on peut citer celui de la star ivoirienne du reggae Tiken Jah Fakoly, qui place Zongo parmi les "martyrs" du continent:


"Ils ont oublié Norbert Zongo", chante Fakoly en désignant les gouvernants africains. Au Burkina, ses confrères pensent encore à lui. Depuis janvier 1999, à Ouagadougou, une lampe à pétrole brûle sans cesse devant le centre national de presse Norbert-Zongo. "Jusqu'au jour où la lumière judiciaire sera faite" sur cette affaire, rappelle l'Observateur.


Photo : Norbert Zongo (DR)

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"Madagascar 1947" : censure d’Etat pour une pièce de théâtre

12 Décembre 2008 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

13 décembre 2008

47 de Raharimanana / mise en scène Thierry Bedard / notoire de l'étranger(s)

Lettre au Ministre des Affaires Étrangères


Objet :
spectacle 47 / Raharimanana / mise en scène Thierry Bedard
créé le 19 septembre 2008
au Centre Culturel Français Albert Camus / Antananarivo / Madagascar
présenté le 26 septembre 2008
au Festival des Francophonies en Limousin, puis en tournée en France.


Le 15 novembre 2008

à Monsieur Bernard Kouchner, Ministre des Affaires Etrangères et Européennes,


En septembre dernier, une équipe française et malgache a créé un spectacle intitulé 47, qui traite de l’insurrection malgache contre la colonisation française. Un spectacle qui “nous interroge sur les rapports entre colonisés et colonisateur, entre pouvoir actuel et passé, sur le silence de part et d’autre, sur l’écriture de l’histoire par le Nord et la nécessité d’interroger cette histoire par le Sud”.

Un spectacle, comme l’ont souligné tous les critiques, qui ne présente aucun manichéisme, et traite avant tout du silence effroyable qui pèse sur cette tragédie oubliée. Que ce travail soit porté par des français et des malgaches, amène un "sensible" qui a bouleversé les spectateurs aussi bien à Antananarivo qu'en Métropole …

Le 5 novembre 2008, à Addis Abeba, a eu lieu une Réunion régionale annuelle de programmation culturelle et artistique pour la zone de "l’Afrique Australe Orientale et de Océan Indien", qui a succédé à une réunion présidée par la Directrice générale de la DgCID, Mme Anne Gazeau-Secret, réunissant les conseillers de coopération et certains directeurs de CCF et Alliances françaises, ainsi que des représentants de l'Etat (Ministère de la Culture) à Mayotte et à La Réunion. 

A la demande de la “direction politique” (?) de la DgCID, le spectacle 47, soutenu dès l’origine par Culturesfrance, et ayant reçu un avis favorable pour une tournée dans l’Océan Indien, a été retiré des propositions de programmation.

Nous souhaiterions donc urgemment connaître les raisons qui ont justifié ce retrait inacceptable.

A Madagascar, une grande partie de la "société civile", nous a rendu hommage, et l'ensemble des historiens (en particulier des jeunes historiens) proches de Lucile Rabearimanana, cette grande historienne spécialiste de l'histoire contemporaine, était en accord avec notre démarche. Cette personne était présente aux deux représentations et a organisé une rencontre à l'Université. Elle a dit publiquement l'importance de l'accord entre des artistes et des scientifiques - c'est rare -, car notre travail traitait avec justesse de ce rapport complexe entre la mémoire et l'Histoire. Et en particulier, de l’Histoire de France. Il nous semble que le texte travaillé, d’après Madagascar 1947 publié en 2007, est "en ordre" sur cette question. Une question de plus en plus “lourde” en France ...

Un sujet qui a immédiatement rencontré un public important en Métropole, un sujet qu’il nous semble absolument nécessaire de “porter”, dans les Centres Culturels Français.

Nous aimerions donc connaître votre sentiment – c’est certainement le bon terme -, et votre position sur ce sujet.

Est-il impossible de revenir sur l’histoire commune, en ce cas, de nos deux pays ? Tel que l’avait en particulier proposé le Président de la République Jacques Chirac, en 2005. Soixante ans après un drame qui a fait des dizaines de milliers de victimes, pour la plupart civiles. Drame qui a une portée en Afrique, comme vous le savez, très importante.

Est-il impossible de présenter notre travail, exemplaire, sous la responsabilité “morale” du Ministère des Affaires Etrangères ?

Ou, plus benoîtement, est-ce que la “question culturelle” est encore une question importante au sein de votre Ministère ?

Dans le cas de notre démarche, nous souhaitons insister encore une fois sur le caractère de cette rencontre entre des artistes malgaches et français, qui n’hésitent pas à se confronter à leur histoire commune aussi violente soit elle. Ce que de nombreux artistes et intellectuels des deux continents énoncent actuellement comme nécessaire, sans parler de l’urgence de telles rencontres …

Nous ressentons donc évidemment l’interdit de présenter notre travail comme une “Censure d’Etat”. Rare et incompréhensible. Censure contre laquelle nous sommes près à nous opposer.

En attente de votre réponse, Monsieur le Ministre, veuillez agréer l’expression de nos salutations distinguées.


Jean Luc Raharimanana, écrivain,
Thierry Bedard, metteur en scène, et toute l’équipe du spectacle 47,
Jutta Hepke, Éditions Vents d’ailleurs.

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L’UNICEF ne doit pas cautionner le pillage de l’Afrique !

10 Décembre 2008 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

mardi, 9 décembre 2008

L’UNICEF ne doit pas cautionner le pillage de l’Afrique !



Le 24 octobre dernier, l’UNICEF-France a signé un partenariat avec la Compagnie Fruitière, autour du slogan « 1 kilo de fruits acheté = 1 sourire pour un enfant en Afrique ». Il s’agit en effet pour cette grande entreprise de reverser, pour chaque kilogramme de fruits vendu en France, 2 centimes d’euros à l’UNICEF pour financer des actions, notamment en faveur de la scolarisation des filles au Sénégal. En échange l’UNICEF autorise la Compagnie Fruitière, grande entreprise d’importation de fruits tropicaux (bananes, mangues, ananas, etc…), à communiquer largement sur ce partenariat, en utilisant notamment le logo du Fonds des nations unies pour l’enfance.


Nous pourrions nous réjouir de ces fonds supplémentaires pour financer l’action de l’UNICEF en faveur des enfants africains. Mais le poids politique de ce partenariat doit se mesurer à la lueur des conditions sociales et environnementales de production dans les plantations de la Compagnie Fruitière ou de ses filiales comme la PHP :


• ouvriers agricoles sous-payés (exemple : 25 000 F CFA au Cameroun, soit moins de 38€/mois, jusqu’aux émeutes de février dernier)


• conditions de travail inacceptables et discipline de fer (Mgr Christian Tumi, archevêque de Douala, témoigne : « les droits fondamentaux des gens ne sont pas respectés » )


• recours à l’appareil répressif local pour étouffer les revendications de la société civile (exemple : emprisonnement du maire de Njombe Penja, au Cameroun, qui avait averti les autorités que « les sociétés [dont PHP] ne payaient pas d’impôts ni de taxes depuis trente ans » , n’acceptant pas que sa commune continue à être « une zone très riche avec des populations très pauvres » )


• pratiques agricoles au mépris de l’environnement local et de la santé des travailleurs (exemple : dans les plantations de Côte d’Ivoire, emploi d’un pesticide hautement toxique, le DBCP, interdit aux USA)


« nous ne sommes pas des esclaves ! »

Hélas les exemples ne manquent pas et il nous serait impossible de les énumérer tous ici.


Pour ces différentes raisons nous pensons que la Compagnie Fruitière porte le plus souvent une lourde responsabilité dans le fait que des enfants africains aient « perdu le sourire » . Pour mémoire, rappelons que la jeunesse camerounaise s’en est prise, lors des « émeutes de la misère » de février dernier, aux sociétés françaises dont la PHP, au cri de « nous ne sommes pas des esclaves ! » .


Le partenariat signé avec cette institution permet donc à la Compagnie Fruitière non seulement de dissimuler cette terrible réalité, mais également de délivrer une publicité quasi-mensongère à faible coût. En effet, les dons qu’elle effectue pour cette action, contrepartie à l’utilisation de la notoriété et du logo de l’UNICEF, sont fiscalement déductibles pour l’entreprise.


Nous demandons donc à l’UNICEF de renoncer urgemment à ce partenariat et de le dénoncer par voie de presse, afin de ne pas cautionner davantage ce scandale. La direction pouvait ne pas en avoir conscience lors de sa signature, mais aujourd’hui elle sait ; nous demandons donc qu’elle agisse.


Note : Pour soutenir cette action, rendez-vous sur le site Internet cyber@cteurs, pour envoyer un courrier type à l’UNICEF.
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Madagascar, Daewoo et le néocolonialisme

4 Décembre 2008 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

Mercredi 3 décembre 2008


Dénonçons la course aux terres agricoles, nouvelle pratique de « néocolonialisme » : le cas de Madagascar


Depuis le 19 novembre dernier, l’attention de la presse et de l’opinion publique internationales se focalise sur Madagascar à la suite de l’annonce par un ministre sud-coréen de la signature d’un contrat de ‘location’ de 1,300 millions d’hectares de terrains arables pour 99 ans par une société sud-coréenne Daewoo Logistics en vue de la culture de maïs et de palmiers. Les détails du contrat révélé par la presse internationale, suite aux déclarations faites par le directeur financier de Daewoo Logistics, Shin Dong-hyun, lundi 17 novembre à la presse sud-coréenne sont préoccupants et sans précédent :


- La surface louée représente l’équivalent de la moitié de la Belgique. Ou encore de la moitié des surfaces cultivables à Madagascar.


- Daewoo plantera du maïs sur 1 million d’hectares dans la zone Ouest et du palmier à huile à l’Est sur 300 000 hectares. Les semences de palmiers seront importées d'Indonésie et du Costa Rica, celle de maïs des Etats-Unis (Le Monde du 20 novembre 2008). La récolte brute sera envoyée en Corée du Sud.


- Les termes du contrat ressembleraient seraient plutôt à ceux d’un projet d’extraction puisque l’accord ne prévoit pas de versement d’argent à l’Etat malgache, les investissements dans les infrastructures nécessaires à la mise en place du projet tiendraient lieu de ‘prix de location’.


- Daewoo Logistics utiliserait essentiellement de la main d’oeuvre sud-africaine selon le Financial Times cité par l’AFP.


Les principaux ministres malgaches concernés ainsi que les représentants de Daewoo à Madagascar « démentent » en insistant sur le fait que le projet en est seulement au stade de prospection de terrains et de négociations. La presse maintient l’existence du projet car la société sud-coréenne aurait effectivement effectué plusieurs missions à Madagascar au cours de l’année 2008.


L’opinion publique malgache, informée par la presse internationale, est particulièrement en alerte car plusieurs grands projets déjà en cours à Madagascar démontrent la réalité de contrats dont les termes conjuguent une exploitation drastique des richesses du pays par les investisseurs étrangers avec des bénéfices insignifiants pour la nation et les populations malgaches. En effet, l’une des particularités des nouveaux contrats établis par rapport aux échanges inégaux qui ont toujours existé entre les investisseurs étrangers et les autorités malgaches successives réside dans la venue et l’utilisation de travailleurs et ouvriers d’origine étrangère en quantité plus que conséquente. Le bénéfice potentiel en termes de créations d’emplois locaux, n’est donc plus avéré. L’autre problème crucial dans la lutte pour la survie des paysans pauvres et des familles malgaches démunies réside actuellement dans le changement du système de propriété foncière, dont nous pourrons parler dans un prochain article.


La recherche de terres cultivables par les grands groupes internationaux dans les pays pauvres du Sud est une tendance rencontrée dans le monde actuellement. Les articles relatifs au projet Daewoo à Madagascar ont souvent cité le cas similaire de l’Angola et rappelé l’alerte déclenchée par le système des nations unies publié dans un rapport du FAO qui avait mis en garde les pays en quête de terres à cultiver à l'étranger contre un système assimilé à du " néocolonialisme ".

Mais le cas malgache serait « le contrat, le plus important de ce type jamais conclu » (Financial Times du 19 novembre) et les conséquences négatives sur les paysans et sur la nation entière d’un tel projet sont inestimables. Comme l’ont noté justement certains observateurs, « même si ce contrat n’a pas été encore signé, en tout cas il est en marche, et ni la surface de 1,3 millions d’hectares, ni la durée de 99 ans et ni la gratuité n’ont été contesté par les autorités malgaches ».


Aussi, le soutien international spontanément provoqué par la divulgation de ce contrat devrait se poursuivre par une mobilisation internationale pour soutenir les paysans malgaches et les organisations locales qui luttent pour la défense de leur patrimoine, en coordination avec les dénonciations de cette tendance mondiale de nouvelle colonisation des terres évoquée par les Nations Unies. Seule cette action pourra empêcher la signature du contrat, si elle n’a pas encore eu lieu, ou fera reculer ceux qui ont osé le signer derrière le dos des citoyens malgaches et au détriment des générations futures.


Vololona. R.


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