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Survie Midi Pyrénées

actualites francafricaines, communiques, archives.

Communiqué de Survie 1958-2008 : 50 ans de République Françafricaine.

7 Avril 2008 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

7 avril 2008. 1958-2008 :

Communiqué de Survie

50 ans de République Françafricaine.


Aujourd’hui, 7 avril 2008, on commémore le douloureux 14ème anniversaire du début du génocide des Tutsi au Rwanda qui, du 7 avril au 4 juillet 1994 a fait environ 1 million de victimes. Ce plan machiavélique d’extermination d’individus pour le simple fait d’être « tutsi » (ou pour s’être opposés à cette extermination) a été mis en œuvre grâce au soutien politique, diplomatique, militaire et financier que la France a apporté au régime d’apartheid de Juvénal Habyarimana dans un premier temps, puis aux génocidaires pendant et après le génocide lui-même.

Aujourd’hui très documenté, cet épisode a constitué la pire dérive d’un système de relations que la France entretient depuis les « Indépendances » avec les pays africains : la Françafrique. Le Rwanda a permis de voir jusqu’où était capable d’aller la République française, à savoir se rendre complice d’un génocide, pour défendre ses intérêts politiques ou économiques en Afrique, et ensuite nier toute responsabilité pour défendre l’honneur de son Armée.

Si la plupart des colonies françaises ont accédé à l’Indépendance en 1960, c’est bien dès 1958, en parallèle à l’instauration de la Vème République qui fêtera ses 50 ans cette année, qu’a été mise en place cette Françafrique néocoloniale, qui fait de la Vème République une « République françafricaine ».

Après un bref épisode consistant à tenter de mettre en place une Communauté avec les pays africains de l’ancien empire colonial, les indépendances formelles ont en effet été verrouillées par un ensemble d’accords économiques, monétaires, diplomatiques, militaires qui reviennent à établir une domination française de fait. Les hommes politiques africains qui ont eu d’autres ambitions pour leurs pays ont été éliminés par l’assassinat : Sylvanus Olympio en 1963, Thomas Sankara en 1988, ou par des coups d’Etat : Modibo Keita (1968), Amani Diori (1974), etc.

Tous les présidents français ont utilisé la trop fameuse « cellule africaine » de l’Elysée pour manipuler les pouvoirs africains. Lorsque, dans les années 90, des conférences nationales tenteront de réformer des relations opaques et corrompues et d’instaurer des régimes représentatifs, la manipulation des élections assurera la continuité du système. Omar Bongo (Gabon), Paul Biya (Cameroun), le clan Eyadéma (Togo), Lansana Conté (Guinée), Denis Sassou Nguesso (Congo-B.), Idriss Déby (Tchad), restent aujourd’hui en place grâce au soutien de la France. Le système de corruption mis en place est scandaleux. L’affaire Elf en a témoigné, même si les investigations sont restées très partielles, tandis que l’édification par les présidents africains de fortunes pharaoniques (« biens mal acquis ») commence à engendrer enquêtes et plainte.

Après avoir promis une rupture avec ce système de corruption, le président français Nicolas Sarkozy a donné des gages aux régimes les plus corrompus, avec comme dernier épisode l’éviction de Jean-Marie Bockel de son poste de Secrétaire d’Etat à la Coopération à la demande des principaux prédateurs qui, précisons-le, sont aussi bien des Présidents africains dictateurs que des affairistes français implantés en Afrique.

Afin de dénoncer cette perpétuation du néocolonialisme français en Afrique et de susciter un mouvement de réprobation, Survie lance aujourd’hui un « Moi(s) contre la Françafrique ».

Ce « Moi(s) » se déroulera du 7 avril (date du début du génocide au Rwanda en 1994) au 13 mai (le 13 mai 1958 pouvant être considéré comme l’avènement de la Vème République avec le retour au pouvoir du général de Gaulle). Conférences, projections-débats, concerts, manifestations seront organisés un peu partout en France sur les sujets aussi cruciaux que le soutien militaire à Idriss Déby au Tchad, le pillage de l’uranium nigérien par Areva, les biens mal acquis des dictateurs africains en France, etc. (Voir le dossier de presse ci-joint).

En cette année 2008, et à l’occasion du 50ème anniversaire d’une Vème République Françafricaine, il est plus que temps d’opérer une véritable rupture avec la Françafrique et de mettre en œuvre une réforme de la politique de la France vis-à-vis du continent africain par l’arrêt du soutien aux dictatures, la promotion de la démocratie et la défense des droits de l’Homme, la conditionnalisation de l’aide à la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, l’instauration d’un contrôle sur les activités des multinationales françaises en Afrique, la fin de l’ingérence militaire, la fin du domaine réservé de l’Elysée et l’instauration d’un contrôle parlementaire sur la politique extérieure de la France. Un engagement à encourager à tous les niveaux, politiques et citoyens.

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Eviction de J.M. Bockel - Communiqué de Survie

20 Mars 2008 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

Communiqué de Survie, le 21 mars2008

 

Eviction de J.M. Bockel
La Françafrique, on l’aime ou on la ferme



Le dessaisissement de Jean-Marie Bockel du portefeuille de Secrétaire d’Etat à la Coopération, dans le cadre du remaniement ministériel post-municipales, est une véritable sanction à l’encontre de celui qui avait annoncé en janvier dernier vouloir « signer l’acte de décès de la Françafrique ». Dans une dépêche de l’AFP du 19 mars, un ministre affirmait qu’il n’excluait pas « qu'il y ait eu des pressions, notamment d'Omar Bongo (président du Gabon), pour faire partir Bockel du Quai d'Orsay », ce que confirmait une source proche du pouvoir gabonais : « Libreville a bien demandé un changement de tête à la Coopération » (AFP, 20 mars).
En cédant aux pressions du dictateur gabonais, co-auteur de facto de ce remaniement ministériel, Nicolas Sarkozy pose ici un nouvel acte françafricain confirmant une nouvelle fois, si besoin en était, la perpétuation de pratiques vieilles de 50 ans.

Après avoir passé dix mois au Secrétariat d’Etat à la Coopération et à la Francophonie, Jean-Marie Bockel vient d’être « déplacé », le 19 mars, au Secrétariat d’Etat à la Défense et aux Anciens combattants. Cette « sanction » constitue un nouvel épisode dans la vie de la famille françafricaine.
Déjà, en janvier dernier, le président Bongo avait appelé son ami Nicolas Sarkozy pour lui faire part de son mécontentement au lendemain du discours de J.M. Bockel, s’auto-désignant ainsi comme un des dictateurs corrompus visés par le Secrétaire d’Etat.
Plus récemment, c’est la diffusion dans les médias français (Le Monde du 31 janvier et France2 le 3 mars) de sujets sur son immense patrimoine immobilier acquis en France grâce au détournement de l’argent public gabonais qui a amené le despote gabonais à rappeler les intérêts français au Gabon à l’ordre.
La « rétrogradation » de Jean-Maire Bockel trouve incontestablement son origine dans ce discours prononcé en janvier par ce dernier dans lequel il rappelait le président français à ses engagements et l’appelait à accélérer la « rupture » promise avec la Françafrique.

Car c’est bien Nicolas Sarkozy lui-même qui avait évoqué, à plusieurs reprises, qu’il fallait « débarrasser [les relations franco-africaines] des réseaux d'un autre temps, des émissaires officieux qui n'ont d'autre mandat que celui qu'ils s'inventent » (discours de Cotonou au Bénin en mai 2006), et que « nous ne soutiendrons ni les dictatures, ni les pays dirigés par des régimes corrompus » (programme électoral de l’UMP en 2007).

L’illusion n’a toutefois pas duré longtemps, aux vues du rapide retournement de veste de Nicolas Sarkozy depuis son accession à la Présidence de la République : les visites officielles et accolades amicales avec les principaux dictateurs du continent : Bongo (Gabon), Sassou Nguesso (Congo-B.), Khadafi (Libye), Déby (Tchad) et autre Biya (Cameroun), défenseurs fidèles des intérêts privés français en Afrique (Total, Bolloré, Bouygues, etc.) ; le caractère « politique » du classement sans suite injustifié d’une plainte de trois associations dont Survie sur les « biens mal acquis » en France de plusieurs dictateurs africains ; et l’intervention militaire emblématique de la France au Tchad pour sauver le régime d’Idriss Déby, sont autant d’actes d’une politique qui entend se perpétuer.

En accédant à la demande du président gabonais d’écarter l’indiscipliné Secrétaire d’Etat, Nicolas Sarkozy solde définitivement ses promesses de rupture avec la Françafrique réduisant par ailleurs considérablement la portée et la crédibilité de ses annonces faites en Afrique du Sud. L’hypocrisie atteint des sommets, dans un jeu qui s’inscrit dans la logique d’un système qui prévaut à l’échelle internationale, qu’il faut corriger en profondeur.
Dans ce contexte, quelle sera la position du nouveau Secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet ? Et qu’elle sera l’attitude de J.M. Bockel en tant que Secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens combattants ? La fidélité aux convictions qu’il a publiquement affirmées, ou un retour dans les rangs ?
Toujours est-il qu’à l’examen des événements, on ne peut que constater que la Françafrique, que d’aucuns voient déjà morte, a certainement encore de beaux jours devant elle. Elle reste un des éléments clefs d’un système destructeur à l’œuvre.

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Omar Bongo a eu la peau de Jean-Marie Bockel

20 Mars 2008 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

Omar Bongo a eu la peau de Jean-Marie Bockel

 

Omar Bongo. Jean-Marie Bockel (Ch. Platiau/Reuters).

"C'est un signe intéressant." Le porte-parole du gouvernement gabonais a accueilli chaleureusement la "bonne nouvelle" du départ de Jean-Marie Bockel du secrétariat d'Etat à la Coopération. En clair: victoire par KO d'Omar Bongo qui, ayant demandé sa tête, a obtenu la dépouille du maire Gauche moderne de Mulhouse. Celui qui, dans ses vœux à la presse, appelait à signer "l'acte de décès de la Françafrique". Vous avez dit "rupture"?…

"L’un des premiers freins au développement, c’est la mauvaise gouvernance."

L'affaire avait fait grand bruit du côté de Libreville. A peine revenu de vacances, dans la litanie monotone des vœux, Jean-Marie Bockel avait lâché un pavé dans le marigot. Bien que réécrit par les conseillers de l'Elysée, son discours entendait marquer une certaine rupture…

"L’un des premiers freins au développement, c’est la mauvaise gouvernance, le gaspillage des fonds publics, l’incurie de structures administratives défaillantes, la prédation de certains dirigeants. Quand le baril est à 100 dollars et que d’importants pays producteurs de pétrole ne parviennent pas à se développer, la gouvernance est en question. Quand les indicateurs sociaux de ces pays stagnent ou régressent, tandis qu’une minorité mène un train de vie luxueux, la gouvernance est en question. Que deviennent ces revenus pétroliers? Pourquoi la population n’en bénéficie-t-elle pas? Est-il légitime que notre aide au développement soit attribuée à des pays qui gaspillent leurs propres ressources?"

Devant les journalistes, Bockel avançait un message très clair: fini les liens occultes des coulisses franco-africaines, vive la transparence! Le secrétaire d'Etat à la Coopération appelait même à renforcer les mécanismes d'évaluation des programmes d'aide, en les conditionnant à la "bonne gouvernance". Une idée pas vraiment neuve (voir le discours mitterrandien de la Baule en… 1990), mais pas forcément inutile.

Dans l'après-midi de ce mardi 15 janvier, le secrétaire d'Etat fait un addendum public à son discours où -détail important- il n'a pas lâché un seul nom. Dans un entretien au Monde, Jean-Marie Bockel cite un nom, un seul, celui du "président du Gabon". Badaboum! Au Palais du bord de mer, le sang du "sage" Omar Ondimba Bongo ne fait qu'un tour. A tel point qu'un communiqué officiel du conseil des ministres rappelle, le 17 janvier, à la France les règles de bienséance:

"De tels propos ne peuvent être mus que par l'ignorance des réalités de la coopération franco-africaine. Aussi, le gouvernement gabonais marque-t-il sa surprise face au constat suivant: à savoir que, depuis l'arrivée à la tête de la France du président Nicolas Sarkozy, soient véhiculés a un tel niveau de responsabilité des clichés méprisants faisant des Etats africains de vulgaires mendiants sollicitant sans fin l'aumône de la France.

Le Gabon s'étonne de cette attitude d'autant plus inacceptable quand on sait les avantages que tirent la France et les autres Etats occidentaux de leurs rapports économiques avec notre pays depuis toujours, avantages mutuels par ailleurs."

En coulisse, le syndicat des chefs d'Etat africains s'organise. Bongo, Sassou (président du Congo) et Biya (président du Cameroun) prennent leur téléphone pour réclamer à Nicolas Sarkozy la tête de l'impétrant. Les jeux sont faits.

"Tuer les petites pratiques moribondes et renouveler notre manière de dialoguer avec les Africains"

Deux mois plus tard, la sanction tombe, alors même que le flamboyant Bockel s'est ravisé. D'ailleurs, le secrétaire d'Etat à la Coopération faisait preuve d'une grande modération dans sa volonté de "rupture", misant sur la volonté du président de la République:

"Pour faire évoluer les choses, on peut provoquer le conflit. Ma méthode est différente, forte et pédagogique, non idéologique. Il s'agit de conditionner notre aide à une bonne gouvernance, faire comprendre à l'opinion et aux dirigeants que ce serait plus efficace.(…) Le moment est venu d'une piqûre de rappel pour aller plus loin dans la démarche de rupture et mettre nos principes en actes. Tuer les petites pratiques moribondes et renouveler notre manière de dialoguer avec les Africains. Le président sera en Afrique à la fin de février: c'est le bon moment."

Présomptueux… En Afrique du Sud, devant le Parlement réuni au Cap, Nicolas Sarkozy a bien proposé une révision des accords militaires. Mais de vraie rupture, point. Et surtout, il n'a pas précisé sa méthode.

Jean-Marie Bockel a-t-il été victime d'un reportage de France 2?

Mais un reportage diffusé sur France 2 début mars n'a sans doute pas aidé à reconduire le patron de la Coopération. Reprenant les informations mises au jour par les policiers l'été dernier, la chaîne publique montre l'étendue du patrimoine immobilier du président Bongo: 33 appartements ou maisons, un hôtel particulier de 18 millions d'euros…

Re-colère d'Omar Bongo qui, en guise de représailles, expulse deux ressortissants français. Evoquant une véritable "cabale" et un "complot contre le Gabon et son président", le porte-parole du gouvernement, René Ndemezo’ Obiang, fustige la diffusion du reportage dans un communiqué:

"En autorisant la diffusion par les chaînes publiques de reportages divulguant l'adresse privée du président de la République gabonaise en France, mettant ainsi en danger son intégrité physique ainsi que celle de sa famille, les autorités françaises ont manqué à leurs obligations de protection d'un chef d’Etat en exercice."

Le ton menaçant et inhabituellement peu diplomatique laisse augurer des conversations houleuses échangées entre les deux palais. Deux semaines plus tard, Bockel fait ses valises pour les Anciens combattants, où il pourra méditer sa propre réponse faite au Monde, qui l'interrogeait sur le précédent de Jean-Pierre Cot, écarté en 1982 de la Coopération par François Mitterrand pour cause de réformisme trop enthousiaste:

"C'est un vieil ami. Il s'est vite isolé et n'a pas forcément fait la bonne analyse. Moi, je suis avant tout un pragmatique. Je sais gérer les gens, les budgets, les contradictions. Je sais qu'on ne décalquera pas du jour au lendemain notre morale en Afrique. Je sais aussi que l'Afrique est le continent de demain, et qu'il en va de l'intérêt de la France de mettre en œuvre cette rupture. La jeunesse africaine l'attend."

Elle attendra encore un peu, la jeunesse africaine.

 

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L'Afrique répond à Sarkozy : Contre le discours de Dakar

13 Mars 2008 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

 L’Afrique répond à Sarkozy
Contre le discours de Dakar
Collectif sous la direction de Makhily GASSAMA


Format : 14,5 x 22 cm
480 pages
Prix de vente TTC : 19,8 €
ISBN : 978-2-84876-110-7
Parution le 21 février 2008


Présentation

Le 26 juillet 2007 à Dakar, lors de sa première visite en Afrique subsaharienne, Nicolas Sarkozy a prononcé son discours fondateur de la nouvelle politique africaine de la France. Le ton se voulait amical, un salut fraternel adressé aux jeunes d’Afrique. Mais derrière les paroles lénifiantes sur « l’âme de l’Afrique » ou la « Renaissance africaine » qu’il appelait de ses vœux, le président français a tenu des propos qui ont profondément blessé les Africains. Il y a eu, bien sûr, le désormais légendaire « paysan africain », selon Sarkozy, qui « ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles »… Mais aussi, comme certains l’ont noté, dans le ton parfois conciliant du discours, une manière sournoise de réévaluer l’œuvre de la colonisation : « [Le colonisateur] a pris, mais je veux dire avec respect qu’il a aussi donné. Il a construit des ponts, des routes, des hôpitaux, des dispensaires, des écoles. » Aucun signe de repentance qui aurait libéré le dialogue… Par contre le ton, à la fois paternaliste et arrogant, avait surpris et irrité...

Passé ce moment d’exaspération, un groupe d’intellectuels africains ont décidé de donner la réplique en attirant l’attention sur les vrais enjeux, sur les questions essentielles qui interpellent le vieux continent...  Quelle est la responsabilité réelle des Africains dans les souffrances intolérables qu’endurent les populations (violences génocidaires, guerres fratricides, dictatures, gaspillage et pillages des ressources, persistance du pacte colonial, etc.) ? Quelle place pour l’Afrique dans la mondialisation ? Comment lutter contre la collusion de l’État français avec les dictateurs du continent ? Comment mettre un terme aux affreuses manipulations des Indépendances par la classe politique française? Comment combattre le révisionnisme sournois qui réécrit l’histoire de la Traite négrière et de la colonisation ? Pourquoi des arguments racistes peuvent-ils être développés en terre africaine par le chef d’État d’une puissance moderne, d’un pays colonisateur de surcroît ? Quels effets de tels propos peuvent-ils avoir sur la jeunesse africaine en risquant de l’enfermer dans des clichés éculés ?

Ces vingt penseurs et artistes ont décidé de combattre avec vigueur (et rigueur !) les arguments de Nicolas Sarkozy et, surtout, d’élargir le débat aux véritables défis pour l’Afrique d’aujourd’hui et de demain.

Liste des auteurs

• Zohra Bouchentouf-Siagh : professeur de linguistique et de littérature française et francophone (Alger, Vienne)
• Demba Moussa Dembélé : économiste (Dakar)
• Mamoussé Diagne : essayiste,  professeur (Université Ch. Anta Diop, Dakar)
• Souleymane Bachir Diagne : essayiste, professeur (Dakar, Chicago)
• Boubacar Boris Diop : écrivain (Dakar)
• Babacar Diop Buuba : professeur (Université Ch. Anta Diop, Dakar)
• Dialo Diop : médecin biologiste (Dakar)
• Makhily Gassama : essayiste (Dakar)
• Koulsy Lamko : écrivain, professeur (N’Djaména)
• Gourmo Abdoul Lô : avocat, professeur (Nouakchott, Le Havre)
• Louise-Marie Maes Diop : géographe (Dakar)
• Kettly Mars : romancière (Haïti)
• Mwatha Musanji Ngalasso : essayiste, professeur (Université Montaigne, Bordeaux)
• Patrice Nganang : écrivain, essayiste, professeur (Cameroun, USA)
• Djibril Tamsir Niane : écrivain, historien (Conakry)
• Théophile Obenga : égyptologue, linguiste, historien, professeur (France, Université d’État de San Francisco USA)
• Raharimanana : écrivain (Madagascar)
• Bamba Sakho : docteur en sciences, chercheur (France)
• E. H. Ibrahima Sall : économiste
• Mahamadou Siribié : doctorant en Science politique (Nice, France)
• Adama Sow Diéye : professeur (Université Ch. Anta Diop, Dakar)
• Odile Tobner : professeur (Cameroun, France)
• Lye M. Yoka : professeur (Kinshasa)

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11 mars 2008. Demande de création d’une Commission d’enquête parlementaire sur le rôle de la France au Tchad.

9 Mars 2008 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

11 mars 2008. Demande de création d’une Commission d’enquête parlementaire sur le rôle de la France au Tchad. Courrier Acat-France, Survie, Secours catholique, Réseau Foi et Justice, groupe Afrique d’ATTAC, Cédétim/Ipam, Peuples solidaires, Mouvement de la paix.

Courrier pour la création d’une Commission d’enquête parlementaire sur le rôle de la France au Tchad adressé aux membres de la Commission des Affaires Etrangères, de la Commission de la Défense, aux présidents des groupes parlementaires, au président du groupe d’amitié France-Tchad et au président de l’Assemblée nationale.

 

Pour appuyer cette démarche, nous vous invitons à relayer ce courrier auprès du député de votre circonscription.

 

Paris le 11 mars 2008

 

Objet : demande de création d’une Commission d’enquête parlementaire sur le rôle de la France au Tchad

 

Madame, Monsieur,

 

Nos associations suivent avec une extrême inquiétude la dégradation continuelle de la situation politique et des droits de l’Homme au Tchad depuis plusieurs années et dénoncent l’usage régulier de la violence dans le maintien ou pour l’accession au pouvoir dans ce pays.

 

L’engagement militaire, diplomatique et politique de la France a été déterminant dans le maintien au pouvoir du régime du Président Idriss Déby Itno ces dernières années, principalement pour repousser les attaques rebelles sur N’Djamena en avril 2006 et en février 2008.

 

Entre avril 2006 et février 2008, la France, sous couvert de son accord de coopération technique militaire, a fortement armé le régime de Déby : livraison de véhicules blindés belges (AML) et d’avion suisse (Pilatus PC- 7), contrat de missiles, en contradiction avec le Code de conduite de l’Union européenne.

 

De nombreux témoignages mettent en doute la version officielle de la France quant au degré de son intervention lors de ces deux offensives rebelles. Aux plus forts des combats, les 1er, 2 et 3 février 2008, la France a assuré un soutien multiforme sans faille au Président Déby :

  • fourniture de renseignements sur les mouvements des rebelles et sur leurs communications ;
  • acheminement d’armes et de munitions ;
  • des informations concordantes mentionnant un engagement militaire dans les combats ;
  • mobilisation des diplomates au sein des instances internationales pour appeler à la condamnation de l’attaque des rebelles et pour demander aux Etats d’apporter leur appui au gouvernement du Tchad ;
  • mise en garde des rebelles sur une possible intervention militaire française.

Nous constatons que ce soutien inconditionnel au régime de Déby comme garant de la stabilité du Tchad est un échec. Après avoir réussi à repousser l’offensive des rebelles sur N’Djamena, le régime du Président Idriss Déby Itno a fait arrêter trois des principaux opposants démocratiques, dont un est toujours porté disparu, et entrepris des actes d’intimidations à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme et des journalistes indépendants. Aujourd’hui, l’accord électoral du 13 août 2007 est caduc. Seul un dialogue national approfondi tourné vers la paix et la réconciliation, comme le propose le Comité de suivi de l’appel à la paix et à la réconciliation nationale au Tchad, est en mesure d’empêcher une prise du pouvoir par la force et d’assurer une stabilité à long terme.

 

En cette période cruciale de refonte de la politique de la France en Afrique, il nous semble indispensable de rendre davantage transparents les agissements de la France au Tchad. Ce souci de clarté affiché par la Président Nicolas Sarkozy le 28 février lors du discours du Cap en Afrique du Sud doit maintenant se matérialiser par des actes concrets.

 

A cet effet, nous pensons nécessaire que le Parlement français se saisisse pleinement de ce dossier et crée une commission d’enquête pour établir la vérité sur l’implication de la France dans le conflit tchadien.

 

Cette commission pourrait faire remonter ses investigations à l’année 2005, année charnière au cours de laquelle la constitution tchadienne a été amendée pour permettre au président de se présenter une troisième fois, alors que le parlement tchadien modifiait la loi 001, dispositif législatif destiné à contrôler l’utilisation des revenus pétroliers pour éviter leur détournement et leur utilisation à des fins militaires. Ces mesures, perçues comme autant de provocations ont suscité une vague d’hostilité contre le régime et le déclenchement de rebellions armées.

 

Il est donc primordial qu’une commission d’enquête aborde :

 

Sur le plan diplomatique et politique

  • les formes de soutien apportés depuis 2005 par la diplomatie française au régime tchadien à travers les rencontres et visites officielles, la validation des scrutins contestés, la défense du régime devant les organisations internationales, etc
  • les évolutions éventuelles dans la diplomatie intervenues entre 2006 et 2008 pour tenir compte du risque d’escalade de la violence
  • le degré d’implication de la France dans le processus de paix, sa capacité de dialogue avec les partis d’opposition, la société civile, la concertation établie avec les partenaires européens sur ces différents points
  • la gestion diplomatique de la crise de février 2008, l’articulation entre l’Elysée, les ministères et les ambassades, l’information communiquée aux partenaires internationaux (ONU, UA, UE et notamment les pays engagés dans l’Eufor)

Sur le plan militaire :

  • le cadre et les modalités d’intervention des forces françaises au Tchad prévues par les accords de coopération, la pertinence de ces accords au vu des dérives du régime en place
  • les ventes et transferts d’armes opérés au profit de l’armée tchadienne
  • le degré d’engagement de l’armée française, en avril 2006 et en février 2008, l’influence de cet engagement sur l’issue militaire des combats
  • le fonctionnement et les éventuels dysfonctionnements du dispositif de commandement français au Tchad, le processus décisionnel (au niveau de l’Etat major et de l’exécutif), le rôle du Commandement des Opérations Spéciales, l’information transmise au parlement et aux commissions (Affaires Etrangères, défense)
  • le rôle des services de renseignement français (DGSE, DRM) au Tchad pendant et hors période de conflit, le soutien apporté au régime tchadien Sur le plan des violations des droits de l’Homme
  • le degré de connaissance par la diplomatie française des violations des droits de l’Homme commises par le régime pendant et depuis la bataille de février 2008, concernant notamment les opposants emprisonnés et les militants associatifs menacés, les pressions éventuelles exercées sur le régime
  • le dialogue mené avec les associations de défense des droits de l’Homme représentatives dans la perspective de la création de commissions d’enquête sur les violations commises par le régime

Nous vous demandons donc d’agir dans ce sens et de peser de tout votre poids pour que cette Commission d’enquête parlementaire soit instaurée.

 

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de notre considération distinguée.

 

Signataires : Acat-France, Survie, Secours catholique, Réseau Foi et Justice, groupe Afrique d’ATTAC, Cédétim/Ipam, Peuples solidaires, Mouvement de la paix.

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Les associations signataires du courrier sont membres de la Plateforme citoyenne France-Afrique. Lancée en juillet 2007, cette Plateforme regroupe une dizaine d’organisations de solidarité internationale qui souhaitent promouvoir auprès des pouvoirs publics une politique de la France en Afrique responsable et transparente, émancipée des écueils du passé. La Plateforme a notamment publié un Livre blanc pour une politique de la France en Afrique responsable et transparente (L’Harmattan)

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3 mars 2008. Cameroun. Violences meurtrières : l’expression d’un "ras-le-bol" généralisé. La répression brutale comme seule réponse. Communiqué de Survie

2 Mars 2008 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

3 mars 2008. Communiqué de Survie

Cameroun. Violences meurtrières :
l’expression d’un "ras-le-bol" généralisé. La répression brutale comme seule réponse.


Depuis la fin du mois de janvier, les manifestations contre la réforme constitutionnelle supprimant la limitation des mandats présidentiels que projette Paul Biya se sont succédées à Douala.

 

En février, le pouvoir a fermé la télévision privée Equinoxe qui avait montré des images de ces manifestations. Le samedi 23 février, une manifestation interdite est dispersée mais l’embrasement spontané d’un quartier populaire de Douala tourne à l’émeute avec des barricades, des pillages et des destructions visant des édifices publics mais aussi, spécialement, les guérites du PMUC, société française gérant les paris sur les courses en France. Les forces de police tirent et font plusieurs victimes. Le lundi 25 février, la grève des taximen contre la hausse du prix de l’essence s’accompagne à Douala d’un redoublement des émeutes qui font encore plusieurs morts. La grève est totale dans les principales villes du Cameroun aussi bien pour les taxis que pour les motos-taxis. Le mardi, les taxis occupent les stations services pour empêcher l’approvisionnement des particuliers. Le mercredi 27, Yaoundé s’embrase à son tour. Le soir, le président Paul Biya fait à la télévision d’Etat une intervention pour menacer les émeutiers et dénoncer l’opposition qui serait derrière eux. Enfin, le 28, la police confisque tout le matériel de la radio Magic FM, qui avait le tort de donner la parole aux auditeurs.

 

Ces journées d’émeute ont fait officiellement une vingtaine de victimes. Le bilan réel dépasse certainement la centaine. L’armée a pris position en permanence aux principaux carrefours des grandes villes. Outre les rafles de manifestants, parmi lesquels de simples passants, la police traque les « meneurs » dans les quartiers. La répression est brutale et devrait inquiéter les organisations internationales des droits de l’Homme. La surveillance de la population se fait plus étroite. Tous les procédés de la dictature sont en vigueur. Les journaux ont été convoqués par le ministre de la Communication pour leur intimer l’ordre de ne pas «  jeter de l’huile sur le feu », c’est-à-dire de s’abstenir de toute opinion critique.

 

En réalité, derrière ces émeutes, il y a les 25 années de gestion calamiteuse, faite de gabegie et de corruption, du régime Biya. Appuyé d’abord sur un parti unique hérité des années Ahidjo, puis sur des élections régulièrement et scandaleusement truquées, le pouvoir, voué uniquement à la conservation de ses prébendes, a laissé pourrir une situation économique et sociale désastreuse, où 10 % de la population active a un emploi, le reste étant voué à l’économie informelle, où la hausse des produits de première nécessité rend chaque jour plus lourd le poids de la misère, tandis que l’enrichissement gigantesque de l’oligarchie au pouvoir s’étale impudemment.

 

Depuis des années, nombreux sont ceux qui ventent les mérites d’un régime « stable » pourvu de richesses : pétrole, bois, minerais, exploitées notamment par des multinationales françaises avec Total et Bolloré en tête. A partir de quel nombre de victimes consentira-t-on à s’intéresser au sort d’une population muselée par la force et spoliée de ses droits et de ses richesses ?

 

Face à la réalité incontournable de ce dont souffrent les populations camerounaises, la France officielle ne semble pas avoir d’indignation à exprimer. Notons que cela ne date pas d’hier. Et rappelons que le Burkina Faso, après 20 ans de pouvoir unique, connaît aujourd’hui une situation du même ordre. Les populations burkinabé qui en souffrent n’attirent pas davantage l’attention de Paris.

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APPEL A MANIFESTER DE LA COMMUNAUTE GABONAISE DE TOULOUSE

1 Mars 2008 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

SAMEDI 1 MARS 2008 /14 HEURES

MANIFESTATION De la PLACE DU CAPITOLE à la place SAINT ETIENNE


LA MAISON DU GABON, L’AGATE
 


APPEL A MANIFESTER DE LA COMMUNAUTE GABONAISE DE TOULOUSE
 

La communauté gabonaise de France en général, celle de Midi-Pyrénées en particulier, et les associations : l’AGATE et La Maison du Gabon, très éprouvées par l’expulsion illégale de Raïssa, étudiante, boursière de l’Etat gabonais, dénoncent, la violation répétitive et systématique des accords franco-gabonais  liés à l’immigration par les préfectures de France  et principalement celle de Toulouse. Nous exigeons le retour immédiat de Raïssa et des garanties pour que de tels actes ne se reproduisent plus.
 


Nous vous informons  que la marche de dénonciation et de solidarité aura lieu le Samedi  1er mars 2008. Le départ est  prévu à 14 heures de la place du Capitole, le cortège prendra la direction de la place Saint Etienne. Une pétition,  des dossiers de gabonais mis dans l’irrégularité par les décisions des préfectures  et une lettre évoquant les violations et les références aux textes applicables aux gabonais seront remis au préfet de la Haute-Garonne.
 

Nous attendons dorénavant que les préfectures appliquent aux ressortissants gabonais la loi, c'est-à-dire les textes qui lient leur pays à la France et non les circulaires et les notes de service. La communauté gabonaise invite les associations gabonaises de France, de défense des droits de l’homme, de défense des droits des étrangers, les syndicats étudiants, la communauté étrangère de Midi-Pyrénées et nos amis français à se joindre à elle pour dire :

 

 
NON aux violations des accords franco- gabonais liés à l’immigration et à la fabrication de sans papiers Gabonais 

NON aux expulsions des étrangers protégés par les traités, 

NON aux Rafles, non aux Expulsions 

NON, aux expulsions d’ enfants et étudiants étrangers scolarisés


RETOUR IMMEDIAT DE RAÏSSA


SUPERIORITE DU CESEDA SUR LES ACCORDS FRANCO GABONAIS :

Cessez ça ! 

Personnes à contacter

0667119074 Maison du Gabon

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29 février 2008. FRANCE-TCHAD. Le masque est tombé. Communiqué de Survie

29 Février 2008 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

29 février 2008: communiqué de Survie


France-Tchad

Le masque est tombé


Le voyage du président français Nicolas Sarkozy au Tchad ce 28 février n’aura servi à rien sauf à cautionner l’enlèvement et la probable élimination physique de représentants de l’opposition démocratique par le régime Déby. La France, qui essaie de faire croire le contraire (mais n’y arrive pas), se rend ainsi une nouvelle fois complice de la dictature tchadienne et fait déjà voler en éclat les promesses du discours du Cap prononcé par le président français ce même 28 février.

Tout un chacun sait (et Nicolas Sarkozy en premier lieu) que les autorités tchadiennes manient le mensonge au sujet des opposants tchadiens disparus depuis le 3 février dernier. Il n’y a plus de doute depuis plusieurs jours : ce sont bien des militaires du régime qui ont enlevé les deux opposants Ibni Oumar Mahamat Saleh, secrétaire général du Parti pour les Libertés et la Démocratie (PLD) et Ngarlejy Yorongar, dirigeant du Front d’Action pour le Renouveau (FAR).
Si Lol Mahamat Choua, président du Rassemblement pour la Démocratie et le Progrès (RDP), également enlevé, a finalement été « retrouvé vivant », il apparaît de plus en plus clair aujourd’hui que les deux autres opposants ont probablement été éliminés.
L’allocution d’Idriss Deby ce jeudi 28 février, affirmant que le bilan de la bataille de N'Djamena (des 2 et 3 février derniers) s'élevait finalement à « 400 morts ou disparus parmi lesquels des chefs de partis politiques », sonne comme un aveu.

La veille de l'arrivée du président français à N'Djamena, la primature tchadienne avait annoncé que le député Ngarlejy Yorongar, lui aussi « retrouvé vivant », allait prendre la parole publiquement à l'occasion de cette visite. Une annonce grotesque reprise par les autorités françaises qui sont depuis restées sourdes aux témoignages des proches des opposants disparus, que le président français a refusé d’entendre à l’occasion de sa visite.

C’est ainsi que l’annonce faite hier par le président français d’avoir obtenu « la création d'une commission d'enquête internationale sur la disparition des opposants et […] plaidé pour une reprise du dialogue inter-tchadien » est plus qu’indécente. Elle est purement scandaleuse.
Faut-il d’ailleurs préciser que cette commission d’enquête sera présidée par un dignitaire du régime, Nassour Ouaïdou, président de l'Assemblée nationale, ancien Premier ministre et membre de la majorité présidentielle ?

Comment ensuite interpréter les propos du président français tenus hier devant le Comité de suivi de l'accord du 13 août 2007 (1) auquel l'opposition refuse de participer dans l'attente que le sort des disparus soit clarifié ? Arguant que les membres de l’opposition « ne peuvent pas pratiquer la politique de la chaise vide », puisque « pour se réconcilier, il faut être deux », le président français fait ici preuve d’un cynisme et d’un dédain qui dépassent l’entendement.

Depuis plusieurs années, la France est priée d'encourager et soutenir les demandes de la société civile tchadienne pour l'organisation d'un dialogue inclusif  (comprenant l'opposition armée et l’opposition non-armée) destiné à prendre le (long, difficile mais indispensable) chemin vers la paix et la réconciliation, suivi d'élections incontestables. Le drame que subit aujourd'hui le peuple tchadien est une conséquence de l'inconséquence française qui s'est constamment abstenue d’apporter une quelconque contribution à ce dialogue. Dans ces conditions, on ne pouvait que craindre le pire. On ne pouvait que craindre que Paris soutiendrait, quoiqu'il arrive, son dictateur préféré. Ainsi fut-il. Déby a bénéficié du soutien français (en renseignements, en armes, en munitions) nécessaire pour se maintenir au pouvoir, et entamer la chasse aux opposants et aux dirigeants des organisations de la société civile.

Qui va maintenant empêcher le régime criminel et corrompu d'Idriss Déby de poursuivre ses frasques ? Qui va protéger la population, le temps et l'espace nécessaires pour l’établissement d’un dialogue inclusif ? Qui va permettre le retour des dirigeants de la société civile et leur rétablissement dans leurs droits ? Certainement pas la France, qui s'est totalement disqualifiée pour une telle tâche et qui continue de disqualifier l’Eufor dont l’impartialité ne peut être que remise en cause du fait de la participation de plus de 500 soldats français détachés du dispositif Epervier, pierre angulaire du régime Déby.

C’est un appel à la Communauté internationale que nous lançons à nouveau aujourd’hui. L'ONU doit en effet prendre ses responsabilités. L’ONU doit intervenir afin que la France, juge et partie, cesse d’être un interlocuteur pour le « règlement » de la crise tchadienne.

En marge de cet engagement éhonté de la France au Tchad, les promesses de rupture à nouveau prononcées au Cap en Afrique du Sud par le président français ne font pas illusion. La France, et son tout nouveau président Nicolas Sarkozy, perpétuent une politique qui, sous couvert de « stabilité », n’en finit pas de contribuer à plonger le Tchad dans le chaos.

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(1) Accord signé entre la majorité présidentielle et l'opposition politique, prévoyant l’organisation d’élections libres et transparentes d'ici à 2009 et dont Lol Mahamat Choua (arrêté puis placé en résidence surveillé par le pouvoir tchadien) préside le Comité de suivi.
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Relations France-Afrique : une "rupture" annoncée, mais loin d'être déjà "effective" (Le monde.fr)

29 Février 2008 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

29.02.08  LEMONDE.FR

Relations France-Afrique : une "rupture" annoncée, mais loin d'être déjà "effective"

Au cours de sa visite officielle en Afrique du Sud, Nicolas Sarkozy a promis, jeudi 28 février, de réexaminer le "cadre" et les "objectifs" de la présence militaire de la France sur le continent africain, annonçant la renégociation de "tous les accords militaires de la France en Afrique". Olivier Thimonier, secrétaire général de l'association Survie, qui avait participé à la rédaction d'un Livre blanc pour une politique de la France en Afrique responsable et transparente (L'Harmattan, 2007), attend que ce discours se traduise dans les actes.


Comment interprétez-vous l'annonce faite, jeudi 28 février, par Nicolas Sarkozy d'une renégociation des accords militaires entre la France et les pays africains ?

C'est un signe positif. Jusqu'à aujourd'hui, aucun chef de l'Etat n'avait osé remettre en cause des accords de coopération qui datent, pour certains, des indépendances. Le fait que le président propose d'associer le Parlement français aux grandes orientations de la politique de la France en Afrique est une bonne chose. Et, bien évidemment, nous sommes d'accord avec l'idée que la France n'a pas vocation à maintenir indéfiniment des forces armées sur le continent africain. Mais nous n'en sommes pour l'instant qu'à un discours ; il va falloir maintenant que le président français mette concrètement en application ces déclarations.

On peut s'interroger sur le fait que les accords renégociés soient élaborés en réponse aux intérêts stratégiques de la France ainsi qu'à ceux des partenaires africains. Or, qui sont ces partenaires ? Pour la plupart, ce sont des régimes dictatoriaux, qui utilisent la force comme mode de gestion du pouvoir. Il nous semble pernicieux d'établir des accords de défense avec de tels régimes, sachant qu'il faudrait également que les pays africains débattent, au sein de leurs Parlements, de la signature de ces futurs accords.

Par ailleurs, je suis étonné qu'il ne soit pas question dans ce discours du détournement des ressources naturelles ou de la corruption par les régimes en question. Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Bockel [secrétaire d'Etat chargé de la coopération et de la francophonie] avaient déjà pointé du doigt la question de la bonne gouvernance des pays africains, or le président n'y a fait aucune allusion dans son discours du Cap.

Peut-on s'attendre à un désengagement des troupes  françaises en Afrique ?

Je ne crois pas que cela soit la volonté du président français, même s'il semble vouloir faire évoluer la politique de la France en Afrique. Avec ce qui se passe au Tchad, on a une preuve que la France continue de s'impliquer militairement dans les conflits en Afrique. Ce conflit au Tchad est un conflit interne. La France dit qu'elle n'a pas voulu arrêter l'avancée des rebelles, mais, en fournissant des armes aux troupes du gouvernement, elle a quand même sauvé le président Idriss Déby. Donc, finalement, elle s'est ingérée dans ce conflit. Le discours prononcé par Nicolas Sarkozy au Cap semble en décalage avec l'attitude de la France au Tchad, notamment dans le contexte d'emprisonnement d'opposants par le régime. Nicolas Sarkozy demande l'instauration d'un dialogue inclusif et accuse les opposants de faire la politique de la chaise vide. C'est scandaleux. Les opposants tchadiens sont pourchassés, leurs responsables sont arrêtés, les membres de la société civile sont en fuite ou se cachent... Demander l'instauration d'un dialogue dans ce contexte-là, alors que la France a une part de responsabilité dans la situation, cela paraît osé de la part du président français.

Pendant sa campagne, Nicolas Sarkozy avait promis une rupture par rapport à la traditionnelle "politique africaine" de la France. Cette rupture vous semble-t-elle en marche ?

Il y a eu quelques signes d'une nouvelle politique depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence française, notamment sur le dossier de l'affaire Borrel, le juge français assassiné à Djibouti, ou en ce qui concerne la présence sur le sol français de présumés génocidaires, un dossier dans lequel la justice française semble prête à prendre ses responsabilités. Maintenant, il y a aussi plusieurs éléments qui montrent une continuité dans les relation franco-africaines, comme par exemple les relations entretenues avec des personnages comme le président Omar Bongo du Gabon et le président congolais, Denis Sassou Nguesso, ou encore la visite officielle de Mouammar Kadhafi à Paris en novembre dernier. Enfin, l'attitude de la France au Tchad montre que la rupture est loin d'être effective. La rupture ne se fera pas du jour au lendemain, mais par avancées progressives. Pour le moment, on n'en est qu'au stade du discours, il va falloir que des actes concrets soient engagés.

Propos recueillis par Mathilde Gérard

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27 février 2008. Tribune de la Plate Forme citoyenne France Afrique sur Libération. Françafrique : à quand la rupture ?

26 Février 2008 , Rédigé par survie.midipyrenees@free.fr Publié dans #Actualités françafricaines, communiqués, archives.

27 février 2008.

Tribune de la Plate Forme citoyenne France Afrique sur Libération.
Françafrique : à quand la rupture ?

 

Rebonds publié mercredi 27 février 2008 dans Libération

Au Tchad, la France vient encore de manquer une occasion d’entamer la rupture promise avec la Françafrique. Le « soutien sans faille » apporté par Paris a surtout encouragé Idriss Déby à bâillonner durablement l’opposition et à saboter le fragile processus de dialogue démocratique. Nicolas Sarkozy saura-t-il tirer les leçons de ce nouvel échec pour amorcer entre la France et l’Afrique « une relation nouvelle, assainie, décomplexée, équilibrée, débarrassée des scories du passé », comme il l’a promis en mai 2006 à Cotonou (Bénin) ? Son deuxième voyage au sud du Sahara lui en offre une opportunité. La dernière, sans doute.

 

Car, seulement neuf mois après l’élection présidentielle, la liste des compromissions avec « les dictatures, les pays dirigés par des régimes corrompus », que l’UMP s’est pourtant engagée à ne plus soutenir, est déjà longue. Les quelques avancées sur le plan judiciaire, dans l’affaire du juge Borrel assassiné à Djibouti et dans celle des présumés génocidaires rwandais présents sur le territoire français, ne peuvent compenser le mépris affiché à Dakar, en juillet 2007, envers « l’homme africain », à qui jamais il ne viendrait « à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin ». Les honneurs réservés aux Bongo, Kadhafi, Sassou-Nguesso, Biya et consorts en disent long sur la promesse de « refonder la politique africaine de la France sur des relations transparentes et officielles entre pays démocratiques ». Que dire de l’impunité dont jouissent ces dirigeants sur le sol français, après le classement sans suite d’une enquête pour recel qui démontrait pourtant l’origine douteuse du patrimoine colossal de plusieurs d’entre eux ? Las ! la justice et le sort des populations africaines semblent ne pas peser bien lourd face à l’épouvantail de la concurrence chinoise et américaine agité par Paris et au poids démesuré des intérêts économiques de groupes comme Bolloré, Total ou Areva dans la diplomatie élyséenne.

 

Englué dans ce qu’il qualifiait naguère de « réseaux d’un autre temps », Nicolas Sarkozy est aussi de plus en plus isolé. Car l’opinion publique est lasse que la France piétine en Afrique les valeurs qu’elle prétend incarner. La nécessité d’une réforme profonde de ces relations est aujourd’hui comprise et voulue par de plus en plus de conseillers politiques ministériels, de fonctionnaires du Trésor, de diplomates, sans oublier les députés membres de la mission d’information parlementaire sur les relations franco-africaines, créée en septembre dernier. En janvier, Jean-Marie Bockel lui-même exhortait le chef de l’Etat à « aller plus loin dans la démarche de rupture » avec la Françafrique. En somme, les conditions de cette « rupture » semblent réunies. L’Elysée saura-t-il en profiter ?

 

En publiant un Livre blanc pour une politique de la France en Afrique responsable et transparente, les associations de la Plateforme citoyenne France-Afrique ont souhaité apporter des analyses et des propositions concrètes au débat. Lassées des discours incantatoires, elles attendent du président de la République des actes forts :

  • mettre fin au domaine réservé que s’est arrogé l’Elysée dans les relations franco-africaines, en permettant un contrôle parlementaire effectif, notamment sur les accords de défense et de coopération militaire signés avec les Etats africains ;
  • rompre effectivement avec les dictatures, diplomatiquement mais aussi symboliquement, par la saisie de leurs biens et avoirs mal acquis en France ;
  • cesser de recourir à l’argumentaire de la stabilité politique et de l’absence d’alternative, en soutenant massivement les processus démocratiques associant l’ensemble des forces politiques et de société civile ;
  • en cas d’intervention militaire, obtenir ex ante un mandat clair d’une instance multilatérale, mais aussi du Parlement français, à l’image de ce que fait l’Allemagne ;
  • européaniser la politique française en Afrique et conditionner la coopération au renforcement démocratique, dans l’esprit des accords de Cotonou ;
  • annuler les dettes africaines dites « odieuses », qui résultent d’un soutien passé de la France à des régimes dictatoriaux et dont la population n’a jamais bénéficié ;
  • obtenir des entreprises françaises la publication détaillée de ce qu’elles versent aux gouvernements africains et promouvoir expressément l’adhésion des pays africains à l’initiative de transparence des industries extractives.


Il y a un an, plusieurs centaines d’associations et syndicats africains écrivaient au candidat Sarkozy : « Vous avez une occasion historique d’engager votre pays dans un nouveau contrat de génération avec les peuples de nos pays. » Il serait temps de la saisir.

 

Les associations de la Plateforme citoyenne France-Afrique

 
 
  • Grégoire Niaudet, chargé de projet Afrique au Secours catholique-Caritas France
  • Olivier Thimonier, secrétaire général de Survie
  • Jean Merckaert, chargé de mission financement du développement au Comité catholique contre la faim et pour le développement

Publication du "Livre blanc pour une politique de la France en Afrique responsable et transparente" par la Plateforme citoyenne France-Afrique

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