TRIBUNE Rue 89. En 2004, Hervé Morin voulait en finir avec le néocolonialisme...,
Il y a trois ans à peine, l’actuel ministre de la Défense fustigeait les relents coloniaux de la politique de la France en Afrique et s’engageait devant l’association Survie à soutenir le changement (voir le courrier). Aujourd’hui
ministre de Nicolas Sarkozy, il cautionne en connaissance de cause la poursuite d’une politique anachronique et dangereuse au Tchad.
La condamnation du néocolonialisme français en Afrique figurait parmi les thèmes de campagne de plusieurs candidats à la dernière élection présidentielle. Nicolas Sarkozy, on s’en souvient, avait
lui aussi promis la rupture avec les "réseaux d’un autre temps" et s’était engagé à ne plus
défendre des chefs d’Etat illégitimes. Promesses vite contredites une fois arrivé au pouvoir, comme l’illustrent le soutien apporté par la France au tchadien Idriss Déby, les accolades avec Omar Bongo ou le tapis rouge déployé devant Mouammar Kadhafi.
Moins connues sont cependant les promesses émises sur la question par une autre personnalité politique aujourd’hui en charge d’un secteur clé de la "Françafrique", le ministre de la Défense,
Hervé Morin.
En décembre 2004, interpellé par l’association Survie dans le cadre d’une campagne contre le soutien de la France aux dictateurs africains, celui qui était alors le président du groupe UDF à
l’Assemblée écrivait ces quelques lignes à François-Xavier Verschave, président de Survie et auteur de plusieurs livres sur la question:
"Je partage avec vous la conviction que la politique africaine de la France a, depuis les années Foccart, mené un cours particulier, peu lisible, manquant de transparence et empreint de
clientélisme.
"Ces relations, marquées par le souvenirs de l’époque coloniale et reposant le plus souvent sur des relations personnelles d’homme à homme, n’ont plus lieu d’être aujourd’hui. L’UDF souhaite
qu’un nouveau cours soit donné à la politique africaine de la France pour lui donner enfin une vraie transparence, une vraie lisibilité. […] Je salue votre initiative […], vous pouvez compter sur
notre vigilance et notre soutien."
Parmi la trentaine de députés ayant répondu aux sollicitations de l’association dans le cadre de cette campagne, cette lettre apparaissait sans conteste comme une des plus argumentées et des plus
explicites.
Explicite mais peut être pas vraiment sincère. Car à peine plus de trois ans plus tard, si l’on se fie aux déclarations du même Hervé Morin sur la crise tchadienne et à sa défense de la prétendue
"légitimité" d’Idriss Déby, le changement de ton apparaît brutal. Malgré ses engagements précédents, le ministre Hervé Morin s’inscrit aujourd’hui dans la droite ligne de la politique
françafricaine de la "stabilité", celle qui consiste à soutenir les dictateurs en croyant défendre les intérêts français.
Il est vrai qu’il était sans doute plus facile de s’attaquer à la politique de Jacques Chirac depuis les rangs de l’UDF (alors quasiment un parti d’opposition) que d’oser critiquer aujourd’hui la
politique de Nicolas Sarkozy au sein même de son gouvernement. Les places sont chères et Hervé Morin n’est pas le plus en sécurité, si l’on croit certaines rumeurs… Le secrétaire d’Etat à la Coopération Jean-Marie Bockel,
qui a annoncé il y a peu vouloir "signer l’acte de décès de la Françafrique" mais quasiment muet sur la situation au Tchad, se montrera-t-il, lui, plus courageux?
Si les peuples africains ont bien "droit à la démocratie, comme tous les hommes", ainsi que l’écrivait le député Morin en 2004 dans son courrier, il y a cependant fort à redouter qu’ils attendent
encore longtemps que certains dirigeants français mettent en adéquation leur politique de coopération avec l’Afrique avec les principes défendus lorsqu’ils sont en campagne.
A moins que M. Morin ne pense vraiment, pour reprendre les propos contenus dans sa lettre, que le clientélisme a disparu de la scène franco-africaine, que la politique menée au Tchad ou en Libye
est plus lisible et plus transparente qu’en 2004 et que les relations d’homme à homme ne sont plus la règle.
On aimerait y croire aussi…
Par Fabrice Tarrit (Survie)
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http://www.rue89.com/2008/02/08/en-2004-herve-morin-voulait-en-finir-avec-le-neocolonialisme
7 février 2008. TCHAD.La France doit soutenir un processus de paix démocratique. Communiqué
7 février 2008. TCHAD.
La France doit soutenir un processus de paix démocratique.
Communiqué du CCFD, Secours catholique, Survie, ACAT-France, Mouvement de la Paix, Réseau Foi et Justice Afrique-Europe Antenne France.
Les associations signataires sont préoccupées par la situation au Tchad qui demeure très confuse et dangereuse pour les populations civiles. Elles demandent
aux autorités françaises d’oeuvrer à l’instauration d’un dialogue national ouvert demandé par la société civile et de cesser de soutenir inconditionnellement le régime contesté d’Idriss
Déby.
Plusieurs de nos partenaires défenseurs des droits de l’Homme ont été menacés et pour certains sont obligés de se cacher pour assurer leur sécurité. Certains opposants politiques au régime du
président Déby seraient actuellement détenus au secret et risqueraient de ce fait d’être torturés et/ou de disparaître.
En tant qu’organisations françaises, nous nous interrogeons sur la position de la France et le rôle des militaires français de l’opération Epervier. Malgré son objectif affiché d’aider à
la stabilité de ce pays et de la sous-région, force est de constater que la France a une responsabilité importante dans les événements de ces derniers jours :
- Par son soutien sans faille à un régime contesté, non issu d’un processus démocratique digne de ce nom,
- Par son opposition répétée à soutenir un processus global de négociation pour la paix entre tous les acteurs politiques tchadiens. Initiative promue avec courage et détermination depuis plusieurs années par les membres du Comité de suivi de l’appel à la paix et à la réconciliation au Tchad.
Le règlement durable de la crise tchadienne ne peut se faire que par la mise en place d’un processus de paix soutenu par la communauté internationale, et non pas par un soutien militaire
inconditionnel au régime en place.
Au vu des positions du gouvernement français nous lui demandons :
- d’agir pour la libération immédiate des opposants politiques emprisonnés depuis dimanche et la protection des défenseurs des droits de l’homme.
- de laisser la place à un réel débat parlementaire pour clarifier son analyse de la situation et des actions diplomatiques et militaires entreprises depuis la semaine dernière. En particulier, La France entend-elle agir pour l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité - au-delà de la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité rendue publique lundi 4 février 2008- permettant d’encadrer tout engagement ultérieur dans ses opérations militaires au Tchad ?
- de s’engager réellement dans le soutien à un processus politique de résolution de la crise récurrente au Tchad, tel que le demande le Comité de suivi de l’appel à la paix et à la réconciliation au Tchad dans son communiqué du 4 février dernier : « toute victoire militaire entre Tchadiens ne peut être définitive et que seule une négociation politique menée avec la présence d’un arbitre et de médiateurs peut être gage d’une solution durable. Un tel processus nécessite la participation de tous les acteurs de la crise militaire et de la politique tchadienne. ». Et de mobiliser ses partenaires européens dans ce sens.
Téléchargez le communiqué
5 février - Tchad. Craintes pour la sécurité de figures de l’opposition tchadienne, communiqué d'amnesty international
Tchad. Craintes pour la sécurité de figures de l’opposition tchadienne
Amnesty International a lancé ce mardi 5 février 2008 une Action urgente en faveur de quatre dirigeants tchadiens de l’opposition arrêtés par les forces de sécurité à N’Djamena le 3 février.
Lol Mahamat Choua, Ngarlejy Yorongar, Ibni Oumar Mahamat Saleh et Wadel Abdelkader Kamougué sont des personnalités renommées de l’opposition politique.
Bien qu’on ignore toujours où ils se trouvent, des informations reçues par Amnesty International laissent à penser qu’ils seraient actuellement détenus dans le palais présidentiel.
« Ces dirigeants de l’opposition courent de graves risques d’être torturés ou victimes de disparitions forcées, a déclaré Tawanda Hondora, directeur adjoint du programme Afrique d’Amnesty International.
« Le gouvernement tchadien doit sans plus attendre révéler ce qu’il est advenu des quatre hommes et dévoiler les motifs de leur arrestation. Il doit également informer leurs familles et leurs avocats de leur sort. Enfin, les autorités doivent les inculper d’une infraction prévue par la loi ou les libérer sans délai. »
Jusqu’ici, les autorités n’ont fourni aucun motif légal concernant leur interpellation. Ce 5 février 2008, un porte-parole à la présidence a expliqué à Amnesty International qu’ils ne pouvaient « confirmer si ces quatre personnes [avaient] été arrêtées ».
« Il semble que le gouvernement tchadien profite du conflit actuel avec l’opposition armée pour mettre derrière les barreaux des personnes qui dénoncent sa politique de manière pacifique », a poursuivi Tawanda Hondora.
« Tandis que le monde a les yeux rivés sur les combats qui font rage, ces personnes sont arrêtées chez elles – et nous ne savons pas ce qui va leur arriver par la suite. »
L’organisation redoute que ces quatre hommes ne subissent le même sort que les militaires et les civils détenus par les forces de sécurité après l’attaque menée par les groupes armés d’opposition contre N’Djamena en avril 2006. Le gouvernement tchadien persiste dans son refus de livrer des renseignements à leur sujet, de révéler leur état de santé ou même de confirmer s’ils sont toujours en vie.
Page issue de :
Le Tchad dans les JT : les ressortissants vont bien, merci (site de télérama)
Le 5 février 2008 à 15h28
Le Tchad dans les JT : les ressortissants vont bien, merci
Tout, vous saurez tout sur le sort des ressortissants étrangers de N'Djamena. Sur TF1 comme sur France 2, c'est la priorité éditoriale de tous les JT. Et le conflit tchadien ? Laissez tomber, c'est trop compliqué.
C'est Hervé Morin, le ministre de la Défense, qui l'a dit samedi dans le 20 Heures de France 2 : « La France se préoccupe d'une seule chose, c'est d'assurer la sécurité du millier
de compatriotes que nous avons sur place. » Ça tombe bien, les télés ont exactement le même souci : depuis vendredi et la tentative de renversement du pouvoir tchadien, elles se
passionnent pour « les ressortissants ».
Dès vendredi, alors que les rebelles sont encore à 50 kilomètres de N'Djamena, on ne s'inquiète que de « la sécurité des 2 000 ressortissants français » (TF1, 20H). Le
lendemain midi, sur France 2, les « ressortissants » ne sont plus que 1 500, et l'un d'entre eux témoigne au téléphone alors que « les rebelles ont pris N'Djamena ». Peu à
peu, des images de la capitale tchadienne arrivent, « essentiellement envoyées par l'armée française », précise Claire Chazal (TF1, 2 février, 20H) tandis que France 2
incruste la mention « Images ECPA / Armée française » (2 février, 20H).
Sur France 2, une source militaire est même un gage de sérieux : « Ces images tournées par l'armée française le prouvent : quand les forces tricolores croisent les rebelles, elles observent
une stricte neutralité. » Mais oui, bien sûr, et comme dirait Jean-Michel Aulas : « Ces images tournées par OL TV le prouvent : il y avait penalty pour l'Olympique lyonnais. »
Quant aux images des rebelles et des combats, elles viennent… de la chaîne qatarie Al-Jazira. France 2 dispose tout de même de quelques secondes d'images assez confuses – « prises par un
sympathisant » – montrant de vagues « rebelles » s'entraînant dans l'est du Tchad en décembre dernier. Et ne se prive pas de les resservir dans chacun de ses JT.
Avec tout ça, pas facile de savoir ce qui se passe « sur le terrain ». Sur France 2, samedi à 20 heures, un journaliste relate que « les rebelles entrent dans N'Djamena presque
sans résistance » avant de préciser : « En trois heures de violents combats, ils atteignent les abords du palais présidentiel. » Il faudrait savoir. TF1 ajoute à la confusion :
« Le président Déby a resserré l'étau autour du palais présidentiel », annonce dans le 20H du 3 février la même journaliste qui, à 13 heures, avait familièrement appelé le
dictateur tchadien « le président Idriss ».
Au total, chaque chaîne n'a consacré qu'un seul sujet de moins de deux minutes à une très sommaire explication de la guerre. Sur TF1, c'était samedi soir, et sur France 2, hier soir lundi. Il
ne fallait pas les rater. Sinon, l'analyse consiste à recueillir le discours officiel tenu par Bernard Kouchner (France 2, 3 février, 20H) et Nicolas Sarkozy (TF1, 4 février,
20H), à savoir : Idriss Déby représente un pouvoir légitime élu démocratiquement, et il est insupportable de vouloir le renverser par la force – rappelons que le président tchadien est
arrivé au pouvoir par un coup d'Etat, a fait modifier la constitution pour rester président à vie, qu'il a préempté l'intégralité de la rente pétrolière et qu'il a armé la rébellion soudanaise
ainsi que des milices meurtrières dans l'Est du Tchad.
Qui sont les méchants ? Qui sont les gentils ? La balance penche légèrement en faveur du dictateur au détriment des rebelles soutenus par le méchant Soudan… Les journalistes adoptent ainsi la
même « neutralité » que les autorités et l'armée françaises. Mais peu importe. L'important, c'est « les ressortissants ». A mesure qu'ils sont évacués vers Libreville
puis Roissy, les images et les témoignages se multiplient. Chaque JT comprend invariablement deux sujets consacrés au Tchad : l'un sur les ressortissants, l'autre sur « la situation sur
place ». Mais « la situation sur place » se résume à la situation des ressortissants ! Car les fameuses images tournées par l'armée le sont au cours de ses opérations
d'évacuation… des ressortissants. Un espoir, hier soir : David Pujadas annonce qu'un reporter a enfin pu se rendre « sur place ». Mais ce reporter, qui accompagne une unité française,
filme encore des évacuations de ressortissants… dont on retrouvera les images au même moment sur TF1.
Mais au fait, combien sont-ils, ces ressortissants ? Si leur nombre variait de 1 000 à 2 000 au début de la crise, les chaînes ont maintenant des chiffres très précis à fournir : « Près de
500 ressortissants ont pu être évacués ». « 397 ressortissants ont quitté N'Djamena. » « Sur place, 700 personnes ont été évacuées ». « Deux avions ont évacué 600 personnes. » « Plus de 800
étrangers résidant au Tchad. » « 525 ressortissants français sont arrivés ce matin à Roissy. » « Un premier avion est arrivé avec plus de 200 ressortissants étrangers dont 130 Français. » « Le
premier avion transportait 202 passagers », le deuxième « plus de 300 ». « 839 étrangers ont été évacués du Tchad vers le Gabon » (Jean-Pierre Pernaut, d'une précision très
Combien ça coûte ?, hier midi). Etc., etc. « La moitié sont Français, les autres sont étrangers », précise l'envoyé spécial de France 2. « Une quarantaine de nationalité,
une forte majorité de Français », corrige TF1. « Deux tiers sont Français, un tiers étrangers », confirme Bernard Kouchner sur France 2.
Et les Tchadiens ? Les Tchadiens ont un grand handicap : ils ne sont pas des « ressortissants » français. Ni même étrangers. Quelle faute de goût ! Alors, ils sont simplement « des
centaines » – des centaines de blessés. Ou « des milliers » – des milliers à fuir les combats et à se réfugier au Cameroun. Et c'est tout. Pas d'images, pas de sons, pas d'infos.
Mais les ressortissants se portent bien, merci.
Il y a pourtant eu ce témoignage d'une jeune rapatriée, hier soir sur TF1 : « Les employés avec qui on vit au quotidien, de les avoir laissés sur place sans savoir ce qu'ils sont devenus,
c'est ça le plus dur. » Chère ressortissante, nous sommes au regret de vous annoncer qu'il ne faut pas compter sur les chaînes françaises pour vous donner de leurs nouvelles.
http://television.telerama.fr/television/25120-le_tchad_dans_les_jt_les_ressortissants_vont_bien_merci.php
4 février 2008. TCHAD Agir enfin pour la paix. Communiqué de Survie
4 février 2008.Communiqué de Survie
Assez de paroles, des actes !
« Notre seule préoccupation, c’est l’évacuation des ressortissants français ». Ainsi s’exprimait samedi dernier le ministre de la Défense Hervé Morin au journal télévisé de France 2, interrogé sur l’entrée de troupes rebelles dans la capitale tchadienne. Pas un mot sur les Français d’origine tchadienne « oubliés » dans le plan d’évacuation, ni sur la disparition d’opposants historiques (il est confirmé que le Député Yorongar vient d’être enlevé à son domicile et plusieurs autres opposants auraient été arrêtés) ni sur les risques encourus par la population civile. Cette déclaration ministérielle laisse présager un désintérêt manifeste de la France pour sécuriser (même partiellement) la capitale en profitant de ses 1100 soldats déjà présents dans le pays.
Quel rôle la France entend-elle jouer dans ce nouvel épisode d’une crise tchadienne qu’elle a vu venir depuis des années ?
Dans le même journal télévisé, Bernard Kouchner rappelait que la France soutenait logistiquement et en informations (conformément à l’accord de coopération militaire avec le Tchad) le Président Idriss Déby, « élu » donc représentant de la « légalité » dans le pays. Le Ministre français des Affaires étrangères sait pourtant bien qu’Idriss Déby Itno n’a jamais été élu de façon « légitime ». Arrivé au pouvoir par la force le 1er décembre 1990 après avoir renversé le dictateur Hissen Habré, dont il a été durant huit années le bras droit et Chef d’Etat Major, Déby a organisé plusieurs élections présidentielles qui se sont avérées à chaque fois être des mascarades électorales : en 1996, en 2001 (fermement dénoncées par le Parlement européen) et en 2006, après avoir révisé la constitution à l’issue d’un référendum ubuesque tenu pour la circonstance.
Les multiples exactions du Président Déby sur les populations du Sud, dans un premier temps sous le régime d’Hissen Habré (on estime à 40.000 le nombre de personnes torturées et/ou exécutées en huit années) puis de son propre chef, de 1990 à ce jour, ont vite transformé ce militaire formé à l’Ecole de guerre de Paris en Président clanique, pillant les maigres richesses du pays au profit de son clan Zaghawa/Bideyat et accélérant la paupérisation du pays malgré la nouvelle manne pétrolière censée bénéficier au budget de l’Etat.
En 2006, pourtant, l’occasion a été donnée à la France d’appuyer les Tchadiens dans leur dynamique de réconciliation. Les associations de la société civile ont demandé l’instauration d’un forum national pour la paix et la réconciliation avec l’instauration d’un dialogue inclusif. Au lieu de soutenir cette initiative, la France a opté pour un soutien indéfectible au Président Déby (y compris militairement), pour des intérêts à court terme.
Comme au Rwanda, en Centrafrique, au Togo, au Congo-Brazzaville et en Côte d’Ivoire, la France a contribué, en apportant un soutien sans faille à des régimes criminels, illégitimes, et corrompus, à la mise en place de bombes à retardement. Dans le cas du Tchad, il est encore temps de désamorcer cette bombe en permettant d’assurer rapidement les conditions de mise en place de ce forum national inclusif, avec un mandat international provisoire pour la sécurisation du processus. Les récentes déclarations du Secrétaire d’Etat à la Francophonie et à la Coopération souhaitant « rompre avec la Françafrique » vont dans ce sens. Jean-Marie Bockel a-t-il les moyens d’une telle ambition ? Mais surtout, l’Elysée en a t-il la volonté ? En attendant, les Tchadiens paient de leur sang une politique qui les a privés de leurs droits.
A l’occasion de l’élection présidentielle au Tchad de mai 2006, Survie avait interpellé l'ensemble de l'opinion sur la situation au Tchad, sur les responsabilités françaises et en présentant les revendications de la société civile pour une démarche vers la paix.
Survie avait publié un document de 4 pages intitulé "Tchad, 45 ans de dictature et un pays au bord du chaos" présentant les principales clefs de compréhension de la situation : rappel historique sur 45 ans de dictature, caractéristiques du régime, rôle de la France (notamment grâce au dispositif militaire Epervier), enjeux du pétrole, situation au Darfour, mobilisation et propositions de la société civile...
Document à télécharger ici : http://survie-france.org/IMG/pdf/Mobilisation_Tchad2006.pdf
Emission "françafrique" n°6 spécial or africain
« Françafrique», l’émission radio de l’association SURVIE sur la Françafrique, cette relation particulière de
la France avec ses anciennes colonies, accueille ce mois ci Gilles
Labarthe, auteur de "L'or africain, pillages et commerce international".
Nous aborderons l'actualité françafricaine avec la plainte déboutée sur les biens mal acquis des dictateurs en France, de la
récente visite de Denis Sassou N'guesso en France, reçu au sénat mi décembre.
Nous passerons en revue la sortie du secrétaire d’Etat à la coopération, jean Marie
Bockel, qui a affirmé début janvier vouloir en finir avec la "françafrique". Néanmoins, comme l'estime le "nouvel horizon " de Dakar, c'est plutôt lui qui risque de
disparaître.
Nous soulignerons aussi les difficultés et les dessous de la mise en place de l'Eufor au Tchad/Darfour et le rôle trouble qu’y joue la France
Mais essentiel de l’émission sera consacré à l’enquête de Gilles Labarthe : « l’or Africain, pillages, trafics et commerce
international ».
L’or africain est un livre enquête qui s’attache à
dévoiler les dysfonctionnements chroniques et les aspects occultes de l’exploitation de l’or (à partir de l’exemple de Sadiola au Mali) pour les mettre en relation avec les caractères
généraux et les enjeux de l’exploitation des ressources naturelles en Afrique.
Un éclairage particulier y est porté sur le rôle des paradis fiscaux et des multinationales européennes et américaines dans ce qui s’apparente à un véritable pillage.
Site de Radio Campus : http://www.campustoulouse.net/current
31 janvier 2008. BIENS MAL ACQUIS DES DICTATEURS AFRICAINS : une information doit être ouverte
31 janvier 2008
Lire également le dossier du Monde du 31 janvier 2008 :
Le patrimoine des chefs d’Etat africains en France
La victoire de l’"Afrique de Papa" sur le droit
Une enquête préliminaire française pour le chef de détournement de biens publics contre plusieurs présidents africains vient d’être classée sans suite en dépit de la révélation de biens de luxe, de voitures et de dizaines de comptes en banque valant des dizaines de millions de dollars appartenant aux dirigeants, à des membres de leurs familles ainsi qu’à de proches collaborateurs.
Bien que constituant la première du genre en France, l’enquête constituait un test-clé suite à l’appel du président Sarkozy pour « un nouveau partenariat entre l’Afrique et la France dans leur engagement en faveur de la lutte contre la corruption ». L’investigation a pris fin en novembre 2007, suite à la décision du Parquet de Paris jugeant les infractions « insuffisamment caractérisées ».
L’enquête fut lancée en juin 2007 à la suite d’une plainte déposée par trois organisations non gouvernementales - Sherpa, Survie et la Fédération des Congolais de la Diaspora - alléguant que des familles dirigeantes d’Angola, du Burkina Faso, du Congo Brazzaville, de la Guinée équatoriale et du Gabon avaient acquis des biens en France pour des millions d’euros, sommes qui ne pouvaient provenir du fruit de leurs salaires officiels.
« Sherpa et Survie, comme l’a fait Global Witness, ont mené une campagne contre le manque de transparence, la corruption et le détournement des biens publics en Afrique, particulièrement dans les pays africains riches en ressources naturelles et nous sommes extrêmement préoccupés que cette affaire ait été classée sans suite, considérant le nombre important de preuves apportées par l’enquête policière » déclare William Bourdon, Président de Sherpa. « Nous envisageons de déposer plainte avec constitution de partie civile en France pour garantir la poursuite de cette action emblématique ».
Selon des documents vus par Sherpa et Global Witness en janvier 2008, la police française a dévoilé des centaines de pages de preuves documentaires relatives aux biens des familles dirigeantes du Burkina Faso, du Congo, de la Guinée Equatoriale et du Gabon.
Les points clés de l’enquête policière incluent :
Teodorin Obiang, le fils du dictateur de la Guinée équatoriale, pays riche en pétrole, a acheté de nombreuses voitures de luxe incluant deux Bugatti Veyrons - considérée comme la voiture la plus rapide du monde - coûtant plus d’un million d’euros l’unité début 2006. Une enquête menée par Tracfin, la cellule française anti-blanchiment, relative aux paiements effectués conclut en novembre que « les flux [financiers] mis en exergue [...] sont des lors susceptibles de traduire le blanchiment du produit d’un détournement de fonds publics ». Une semaine plus tard, l’enquête fut classée sans suite.
En 2004, la femme du président Bongo, qui n’est pas membre du gouvernement, a acheté une voiture de luxe Maybach de 300 000 € payée intégralement par le Trésor du Gabon. Aussi, le Trésor a versé 70 000 € supplémentaires qui ont servi à l’achat d’une Mercedes pour la fille du Président. Cette fille a acheté une autre Mercedes payée également en partie par le ministère des Finances gabonais.
Des membres de la famille des présidents Sassou Nguesso du Congo Brazzaville et Omar Bongo du Gabon détiennent des douzaines de maisons et appartements à Paris et dans le sud de la France, dont certains ont une valeur de plusieurs millions d’euros.
La Guinée équatoriale est l’un des pays les plus pauvres du monde en terme de développement humain, bien qu’ayant le 4e PIB per capita mondial. En novembre 2006, Global Witness a révélé que Teodorin Obiang avait acheté une maison de 35 millions de dollars à Malibu, son salaire n’étant que de 5 000 dollars par mois. Le Gabon et le Congo Brazzaville, également des pays riches en pétrole, empochent des milliards de dollars mais restent englués dans la pauvreté.
En juillet 2007, la Haute Cour de Londres a bloqué une tentative du fils du président congolais Sassou Nguesso d’interdire Global Witness de publier des documents suggérant qu’il avait réalisé, selon les mots du juge, des « profits personnels secrets » de la vente de pétrole de l’Etat et qu’il avait dépensé des milliers de dollars en biens de marque de luxe.
La France a ratifié la Convention des Nations Unies contre la corruption et soutient l’initiative de transparence des industries extractives (ITIE), un effort global pour réduire la corruption et le détournement des revenus issus du pétrole, du gaz et de l’extraction minière. Sarah Wykes, chargée de campagne à Global Witness a commenté : « Il est incroyable que cette enquête n’ait pas été poursuivie par les autorités françaises. Quel est le sérieux du message envoyé par la France dans la lutte contre la corruption des dirigeants politiques et la promotion du développement en Afrique ? »
Migrations et mondialisation (avec Patrice Cuperty)
Réunion publique organisée par Attac Toulouse et les Amis du Monde Diplomatique
Les migrations font partie de l'histoire de l'humanité et ne sauraient donc poser "problème" sauf à considérer que l'humanité pose elle-même un "problème". Par contre ces migrations sont profondément marquées par la mondialisation en même temps qu'elles en constituent l'un des éléments essentiels. Une alternative à la dérive sécuritaire de la mondialisation néolibérale est essentielle.
Patrice Cuperty est membre du Conseil Scientifique d'Attac
Les «Oscars de la honte» décernés à Davos : Areva élue entreprise la plus irresponsable
Areva élue entreprise la plus irresponsable
Le Public Eye Global Award est revenu au groupe Areva, qui extrait de l'uranium au Nord du Niger dans des conditions totalement scandaleuses. Ainsi, les mineurs ne sont pas informés des risques sanitaires qu'ils courent, alors que les analyses révèlent une contamination de l'air, de l'eau et du sol. Almoustapha Alhacen, président de l'organisation nigérienne Aghirin'man, a ainsi dénoncé des «décès suspects» chez les travailleurs d'Areva. A noter que le géant français fait coup double, puisqu'en plus du Global Award, il reçoit également le People Award, ou prix du public. Plus de la moitié des 12 000 internautes ayant pris part au vote lui ont aussi décerné le titre peu envié de société la plus irresponsable.
Visitez le site : http://www.publiceye.ch/fr/p63000080.html
Soirée du 23 Janvier 2008: L'or africain. Pillages, trafics & commerce international.
à 19H45 Salle Osette - espace Duranti, rue du Col Pelissier, métro Capitole
"LE PRIX DE L'OR"
Un film documentaire de Camille de Vitry
Suivi d'une rencontre avec Gilles Labarthe
Auteur du Dossier Noir n°22: "L'or africain"
à quel prix ?
Sur place, restent les poussières et les boues toxiques, les nappes phréatiques infestées ;
les ouvriers sacrifiés à un apartheid silencieux ; et la dette extérieure malienne, infinie...
Mais, face aux multinationales minières qui "mettent en valeur" le gigantesque gisement de Sadiola, les populations locales se mobilisent. La société civile se coalise.
La Commune de Sadiola constate - et dénonce publiquement.
La Société d'Exploitation doit alors organiser un atelier de concertations.
Peu à peu, la situation s'améliore… globalement.
Polar véridique, documentaire scientifique ou farce tragique ?
Un éclairage particulier y est porté sur le rôle des paradis fiscaux et des multinationales européennes et américaines dans ce qui s’apparente à un véritable pillage.
L’ouvrage s’attache également à mettre en avant les mouvements de résistance qui, au Mali, dans le reste de l’Afrique et dans le monde, s’opposent à une exploitation incontrôlée des ressources de ce continent qui paye depuis trop longtemps le prix le plus fort de la mondialisation "libérale".
Gilles Labarthe , ethnologue et journaliste suisse, a effectué plusieurs séjours en Afrique, notamment pour des enquêtes concernant la criminalité financière internationale. Cofondateur de l'agence de presse indépendante DATAS, il travaille aujourd'hui comme correspondant aux Nations unies. Il est également l’auteur de Le Togo, de l’esclavage au libéralisme mafieux, Dossier noir n° 20, Agone, 2005, 206 p.
Pour adhérer ou soutenir Survie, aller sur:
http://www.survie-france.org/article.php3?id_article=1